TP/A et troubles du syst`
eme de l’´
equilibre 741
La th´
eorie psychosomatique
Selon la deuxi`
eme th´
eorie dite «psychosomatique », les dys-
fonctions vestibulaires sont une cons´
equence de l’anxi´
et´
e
[26]. La sensibilit´
edur
´
eflexe vestibulo-oculaire, qui a
comme fonction de maintenir une perception stable de
l’environnement pendant les mouvements de la tˆ
ete, serait
ici augment´
ee par certaines r´
eponses anxieuses telles que
l’hyperventilation et l’hypervigilance [10].
La th´
eorie du r´
eseau d’alarme
La troisi`
eme th´
eorie dite «th´
eorie du r´
eseau d’alarme », est
de nature neuropsychiatrique [26]. Elle stipule qu’une struc-
ture du cerveau, le locus coerulus, est plus sensible chez les
personnes qui ont des troubles de l’´
equilibre. Cette hyper-
sensibilit´
e ferait en sorte que l’individu puisse ressentir plus
facilement de l’anxi´
et´
e en produisant de fausses alarmes en
lien avec des probl`
emes d’´
equilibre somme toute triviaux,
mais perc¸us `
a travers une lunette grossissante [20].
Certains chercheurs qui ont ´
etabli les assises des mod`
eles
explicatifs pouvant rendre compte des relations entre le
TP/A et les probl`
emes du syst`
eme de l’´
equilibre ont
finalement postul´
e que certains liens neurologiques et neu-
rochimiques unissant le syst`
eme vestibulaire et le syst`
eme
nerveux autonome puissent rendre compte de la simul-
tan´
eit´
e des symptˆ
omes du TP et des ´
etourdissements (i.e.
pertes de conscience passag`
eres, vertiges, sensations de gri-
serie) [5,6,15]. Plus sp´
ecifiquement, Balaban [4] sugg`
ere
que l’un des circuits d’informations du cerveau, soit le noyau
raph´
e dorsal, puisse jouer un rˆ
ole important dans cette asso-
ciation entre les dysfonctions vestibulaires et les r´
eponses
anxieuses. Ce circuit regrouperait les informations motrices
et sensorielles relatives aux mouvements du corps. De plus,
en fonction des aspects aversifs du mouvement, le noyau
raph´
e dorsal serait responsable de l’ajustement de la sensi-
bilit´
e des r´
eponses affectives de l’individu.
La pr´
evalence du TP/A chez les patients qui
consultent pour des probl`
emes de vertiges
Le TP/A semble ˆ
etre tout particuli`
erement pr´
evalent chez
les patients qui consultent pour des vertiges. Dans une ´
etude
r´
ealis´
ee par Simpson et al. [27] aupr`
es des patients qui
pr´
esentent des vertiges sans cause organique identifiable,
76 % rencontraient les crit`
eres du TP/A. Frommberger et
al. [14] ont men´
e une ´
etude similaire aupr`
es de 76 per-
sonnes aux prises avec des probl`
emes d’´
equilibre. Dans cet
´
echantillon, 30 % rencontraient les crit`
eres du TP/A. Quatre
autres ´
etudes recens´
ees entre 1990 et 1997 rapportent des
taux de TP/A variant de 14,9 `
a 41 % chez des patients qui
ont rec¸u une ´
evaluation pour des symptˆ
omes de trouble de
l’´
equilibre [11,12,14,28]. Ces taux, mˆ
eme s’ils sont plus bas
que ceux rapport´
es par Simpson et al. demeurent n´
eanmoins
de cinq `
a 15 fois plus ´
elev´
es que dans la population g´
en´
erale
[19]. Notons cependant que, tel que rapport´
e, la majorit´
e
des recherches d´
emontrent que le TP/A est fr´
equemment
li´
e aux probl`
emes de vertiges, certaines ´
etudes sont moins
concluantes. Ces recherches, portant aussi sur des patients
qui pr´
esentent des vertiges, indiquent plutˆ
ot des taux
de comorbidit´
e´
elev´
es avec d’autres types de pathologies
[14,28].
La pr´
evalence des dysfonctions du syst`
eme de
l’´
equilibre chez les patients avec un TP/A
Une recension des ´
ecrits de Simon et al. [26] rel`
eve cinq
´
etudes qui ´
evaluent la fonction otoneurologique des patients
avec un TP/A. Malgr´
e les diff´
erences existantes entre ces
recherches (i.e. terminologie, tests r´
ealis´
es, d´
efinitions), de
mˆ
eme que certaines limites reli´
ees `
a l’absence de groupe
t´
emoin (trois ´
etudes), des dysfonctions vestibulaires sont
pr´
esentes de mani`
ere significative dans chaque ´
echantillon
d’individus avec un TP/A. De plus, l’´
etude r´
ealis´
ee par Hoff-
man et al. [17] va dans ce sens. En effet, les 19 individus
avec un TP/A ´
evalu´
es pr´
esentent des dysfonctions vestibu-
laires. Plus r´
ecemment, Tecer et al. [30] ont investigu´
ele
fonctionnement auditif et vestibulaire de 34 individus aux
prises avec un TP/A et de 20 sujets t´
emoins. Les r´
esultats
ont d´
emontr´
e une proportion significativement plus ´
elev´
ee
de dysfonctions vestibulaires chez le groupe TP/A clinique
(50 %) comparativement au groupe t´
emoin (15 %).
Caract´
eristiques des individus ayant un
trouble du syst`
eme de l’´
equilibre comorbide `
a
un TP/A
Le rep´
erage d’anomalies du syst`
eme vestibulaire chez plu-
sieurs groupes de patients a pouss´
e certains auteurs `
ase
questionner quant `
alasp
´
ecificit´
e des dysfonctions ves-
tibulaires par rapport au TP/A [33]. Ces chercheurs ont
soulev´
e la possibilit´
e que les dysfonctions vestibulaires
puissent constituer un facteur de vuln´
erabilit´
e commun
`
a plusieurs maladies psychiatriques [26,30].`
A ce propos,
Jacob et al. [18] ont relev´
e la proportion de dysfonctions
vestibulaires pr´
esente chez des gens souffrant de divers
probl`
emes affectifs ou anxieux. Ils ont compar´
e des indivi-
dus aux prises avec un TP/A, une phobie sociale, un trouble
d’anxi´
et´
eg
´
en´
eralis´
ee, une dysthymie ou une d´
epression
majeure. Ils ont aussi constitu´
eun´
echantillon de sujets
t´
emoins (i.e. exempts de psychopathologie). Les r´
esultats
obtenus r´
ev´
el`
erent qu’en comparaison avec tous les autres
groupes de patients, ceux qui pr´
esentaient un TP avec de
l’agoraphobie mod´
er´
ee `
as
´
ev`
ere rapportaient significative-
ment plus de dysfonctions vestibulaires. Alors que plusieurs
´
etudes ont confirm´
e une telle association [18,25,33,36], les
recherches ne sont cependant pas toutes unanimes sur ce
point. `
A cet effet, l’´
etude de Tecer et al. [30] rapport´
ee
ant´
erieurement n’ent´
erine pas ce lien puisque dans cette
´
etude la pr´
esence de vertiges entre les attaques de panique
´
etait la seule condition qui pr´
edisait les dysfonctions du
syst`
eme de l’´
equilibre.
Clark et al. [11] se sont pour leur part int´
eress´
es aux
patients qui consultaient `
a la fois pour des vertiges et
une perte auditive. Seule une certaine proportion de ce
groupe rencontrait les crit`
eres du TP/A (20 %). Ces personnes
pr´
esentaient significativement plus d’´
evitement phobique
et d’anxi´
et´
e, sugg´
erant un niveau de d´
etresse plus ´
elev´
eet
handicapant. L’´
etude d’Eckhardt-Henn et al. [13], men´
ee
aupr`
es de 202 patients qui consultaient pour des ver-