ATTEINTES GLOMÉRULAIRES DANS LES SYNDROMES LYMPHOPROLIFÉRATIFS 153
aussi chez l’enfant [14, 15]. Il est caractérisé par une polyadénopathie associée à
des signes généraux (fièvre, sueurs nocturnes, asthénie) et une atteinte multiviscé-
rale. La présence fréquente d’une hépato-splénomégalie (50 à 70 p. 100), d’œdèmes
et d’épanchements des séreuses (50 p. 100), d’une atteinte cutanée (50 p. 100) et,
plus rarement, d’une atteinte neurologique ou endocrinienne peut parfois
rapprocher ce syndrome de la forme incomplète du syndrome de POEMS [16, 17].
Un sarcome de Kaposi associé au syndrome de Castelman multicentrique est
retrouvé chez 13 p. 100 des sujets VIH négatifs et 75 p. 100 des patients VIH posi-
tifs. Le syndrome inflammatoire biologique et la présence d’une hyperglobuliné-
mie polyclonale sont habituels. L’anémie est constante, souvent associée à une
thrombopénie. Il peut exister des signes cliniques ou biologiques d’auto-immunité.
L’évolution est très variable et dépend, entre autre, du traitement [9]. Les rémis-
sions spontanées sont rares. Les traitement proposés sont divers. Les corticoïdes
sont le plus souvent donnés en première intention. En cas de corticorésistance, une
chimiothérapie (agents alkylants, antimitotiques ou polychimiothérapie) peut être
ajoutée. Elle est parfois donnée d’emblée. Le pronostic reste sombre avec une
médiane de survie à 3 ans (18 mois pour les cas associés au VIH avant la trithérapie
antivirale). Les patients décèdent d’infection, de défaillance multiviscérale ou de
cancer (sarcome de Kaposi, lymphome non hodgkinien, myélome).
CYTOKINES ET SYNDROME DE CASTLEMAN
L’IL-6 joue un rôle physiopathologique majeur au cours du syndrome de
Castleman de type plasmocytaire : i) les taux sériques d’IL-6 sont élevés (voir
tableau I) ; ii) l’ablation complète des masses ganglionnaires conduit à la guérison
et à l’effondrement des taux d’IL-6 circulants [18] ; iii) le traitement par un anti-
corps monoclonal anti-IL-6 est efficace sur les manifestations cliniques et biologi-
ques [19] ; iv) l’hyperexpression d’IL-6 chez la souris induit un tableau proche du
syndrome de Castleman multicentrique [20]. L’IL-6 provient essentiellement des
ganglions atteints. Ces ganglions produisent de l’IL-6 in vitro [18]. La présence
d’IL-6 en immunohistochimie est détectée surtout dans les centres germinatifs des
follicules hyperplasiques, et de façon plus discrète et éparse, dans les zones inter-
folliculaires [18, 21-23]. Les données concernant les cellules responsables de la syn-
thèse d’IL-6 sont encore contradictoires. Il pourrait s’agir des cellules dendritiques
ou des cellules lymphoïdes B des centres germinatifs.
L’IL-6 est un médiateur central de la réponse immuno-inflammatoire [24]. Le
récepteur de l’IL-6 est composé d’une chaîne de 80 kDa (IL6Rα) et de deux chaî-
nes de 130 kDa (gp130 ou IL6Rβ). IL-6 se lie à IL6Rα et ce complexe s’associe
à IL6Rβ, provoquant ainsi l’homodimérisation de IL6Rβ. C’est IL6Rβ dimérisé
qui induit la transduction du signal en activant les tyrosines kinases Jak-Tyk et des
facteurs de transcription nucléaire (STAT, APRF et NF-IL6). IL6Rβ fonctionne
aussi comme transducteur de signal d’autres cytokines en interagissant avec les
chaînes des récepteurs des cytokines OSM (oncostatine M), LIF (facteur leucémique
inhibiteur), CNTF (facteur ciliaire neurotrophique) et IL-11. Contrairement à
l’IL6Rβ qui est exprimé sur toutes les cellules, IL6Rα a une distribution plus res-
treinte. IL6Rα est exprimé sur les lymphocytes T, les lymphocytes B activés, les
monocytes et les hépatocytes. L’IL-6 joue un rôle important dans l’activation des
lymphocytes T, dans la différenciation des lymphocytes B en plasmocytes, dans
la croissance des cellules tumorales de plasmocytomes. IL-6 est l’inducteur principal
des protéines de la phase aiguë hépatique. Il est aussi impliqué dans l’hématopoïèse