ÉTOPIA | APRÈS LE PÉTROLE | 192
et de l’efficience de politiques qui visent à rien moins que de modifier des
comportements (parfois profondément ancrés), passe par l’usage optimal
(offrant le meilleur rapport coût/efficacité) des moyens dont dispose l’ac-
tion publique. Ces moyens relèvent de trois catégories: la réglementation,
l’incitation économique (ou la dés-incitation) et la persuasion.
Dans un domaine aussi crucial que celui de l’énergie, il est illusoire
d’espérer obtenir l’inversion des tendances rendues inéluctables, tant par
la crise annoncée de l’approvisionnement en pétrole que par l’intensi-
fication à venir de la lutte contre le réchauffement climatique, sans une
combinaison de réglementations, d’incitations et de persuasion.
Evidemment, le mélange optimal à appliquer dépend de la cible visée:
les entreprises, les administrations publiques et les ménages obéissent à
des logiques différentes et doivent donc faire l’objet d’approches différen-
tes, adaptées à leur nature. Il est clair que les entreprises privées, fondées
sur la recherche du profit, seront plus sensibles aux incitants financiers
que les administrations pour lesquelles il faudra davantage compter sur
la réglementation et la persuasion. Quant aux ménages, ils sont, comme
les entreprises, sensibles aux prix de l’énergie à telle enseigne qu’il suffi-
rait de laisser simplement grimper les prix (quitte à accélérer le proces-
sus au moyen des taxes et accises) pour obtenir automatiquement les ré-
ductions de consommation souhaitées. Sans doute, mais une régulation
par les prix seuls risque d’entraîner des dégâts collatéraux en termes de
chômage, de pertes de revenu et d’inégalités sociales d’une telle ampleur
que le remède pourrait bien tuer le malade en même temps qu’il guérit la
maladie. Par ailleurs, s’il est vrai que les ménages sont sensibles aux prix,
ils sont également accessibles à d’autres signaux, à d’autres sollicitations.
C’est la raison pour laquelle ils sont la cible privilégiée des campagnes
d’information et de sensibilisation. Encore faut-il que celles-ci soient ef-
ficaces, ce dont on peut douter à en juger par le gouffre qui sépare la prise
de conscience d’un problème par la population et les changements de
comportements qui seraient nécessaires pour y faire face. C’est le cas en