Maladie chronique, adaptation et qualité de vie subjective Un regard

Maladie chronique, adaptation et qualité de vie subjective
Un regard croisé de la psychologie et de l’économie
Angélique BONNAUD-ANTIGNAC1
Philippe TESSIER2
En raison des progrès diagnostiques et thérapeutiques des trois dernières décennies, la survie à
certaines pathologies s’est sensiblement améliorée, renforçant ainsi l’intérêt porté à l’étude de la
qualité des années gagnées. Aujourd’hui, les outils d’évaluation de la qualité de vie liée à la santé
développés par des praticiens et des chercheurs de disciplines diverses se multiplient à un rythme
exponentiel. Les mesures, qui visent à aider la prise de décision en informant sur les conséquences des
maladies et des traitements sur d’autres aspects de la vie que la seule survie, sont le plus souvent
obtenues à l’aide d’outils évaluant la qualité de vie subjective, c’est-à-dire l’appréciation ou le ressenti
des personnes concernées de leur propre situation. L’objet de cette communication est de mettre en
évidence une certaine complémentarité des approches suivies par les psychologues et les économistes
pour aborder les difficultés souvent ignorées en pratique posées par l’évaluation de la qualité de
vie subjective face à des affections chroniques. Les maladies chroniques ont ceci de particulier
qu’elles peuvent favoriser un processus d’adaptation psychologique tel que des personnes dont les
conditions objectives de santé restent inchangées revalorisent au fil du temps leur qualité de vie
subjective. Cette possibilité soulève des difficultés quant à la manière de concevoir et d’appréhender la
qualité de vie subjective3. En effet, si la perception subjective de la qualité de vie varie
indépendamment des conditions objectives, quelle information peut-on en tirer finalement ? Cette
information est-elle pertinente pour aider à la décision en santé ? Les psychologues et les économistes
abordent ces questions en privilégiant des perspectives différentes. Les premiers cherchent, sur un plan
individuel, à mettre en évidence les processus sous-jacents à l’adaptation psychologique (coping,
développement post-traumatique, response shift etc.) tandis que les seconds s’interrogent, au niveau
collectif, sur les conséquences morales de l’utilisation de mesures subjectives « adaptées » pour
éclairer la prise de décision en santé.
A l’aide d’illustrations tirées de recherches empiriques récentes de mesure de la qualité de vie,
notre communication cherchera donc à montrer la pertinence du croisement des regards de la
psychologie et de l’économie pour aborder les questions et les paradoxes issus de la possibilité
d’adaptation psychologique à des maladies chroniques pour l’évaluation et l’utilisation de mesures
subjectives de la qualité de vie. Ce croisement apparaît d’autant plus nécessaire qu’en l’état actuel des
recherches, psychologues et économistes peuvent parfois apporter des préconisations différentes pour
répondre aux besoins des personnes malades en s’appuyant sur l’observation de mesures qui se
réclament toutes d’une conception dite subjective de la qualité de vie.
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1 Maître de conférences-HDR en psychologie médicale, Faculté de médecine de Nantes.
2 Maître de conférences en sciences économiques, Faculté de médecine de Nantes.
3 Schwartz CE, Sprangers MAG. 2000. Adaptation to Changing Health Response Shift in Quality- of- Life
Research. 1st ed. ed. Washington, DC: American Psychological Association.
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