Freepik.com Le recours à la réalité virtuelle en psychiatrie : Bilan des innovations Alexandre Dumais, M.D., Ph.D. AMPQ, juin 2016 Conflits d’intérêt Aucun Plan de la présentation L’utilisation de la réalité virtuelle en psychiatrie; La résistance au traitement dans la schizophrénie; La thérapie Avatar pour le traitement des hallucinations auditives réfractaires; Les avenues futures. La réalité virtuelle en psychiatrie La réalité virtuelle permet à l’utilisateur d’interagir en temps réel dans un environnement en 3D généré par un ordinateur (Eichenberg & Wolters, 2012). Centre informatique de l’Université Rwthaachen, Allemagne La réalité virtuelle en psychiatrie Deux conditions sont nécessaires à cette forme de thérapie (Eichenberg & Wolters, 2012; Powers et al., 2013; Valmaggia et al., 2016) : • L’immersion : plus un individu est engagé dans l’environnement virtuel, plus sa conscience de soi diminue. • La présence : l’individu doit percevoir l’environnement virtuel comme étant réel et faire abstraction des distractions externes. Programmeuse du Stanford Virtual Human Interaction Lab fortune.com La réalité virtuelle en psychiatrie Les avantages du traitement en réalité virtuelle : • Meilleure compréhension, par le thérapeute, de ce que l’utilisateur se représente; • Adaptation aux besoins individuels du patient; • Contrôle sur ce qui est présenté au patient, les paramètres; • Capacité de cibler les facteurs individuels associés à la problématique (p. ex. prédiction de la récidive). La réalité virtuelle en psychiatrie Les avantages du traitement en réalité virtuelle : • Exposition à une variété de conditions qui pourrait être risquée dans la vie réelle ou trop onéreuse: meilleure validité écologique • Psychiatrie légale : contexte associé à la violence hétéroagressive; skyscraper.tumblr.com • Amélioration de la confidentialité (pas de spectateurs). (Eichenberg & Wolters, 2012; Fromberger et al., 2014; Heyselaar et al., 2015; North et al., 2000; Valmiggia et al.,2016) La réalité virtuelle en psychiatrie Applications : les phobies et autres troubles anxieux • Exposition au stimulus phobogène ( + TCC) • Présentation hiérarchique des situations provoquant l’anxiété ou la peur. • p. ex. Phobie sociale : la peur de parler en public Public statique Tiré des travaux de Pertaub et al. (2002) de l’University College London La réalité virtuelle en psychiatrie Public positif Public négatif Tiré de Pertaub et al. (2002) La réalité virtuelle en psychiatrie Applications : L’état de stress post-traumatique • Exposition à des stimuli anxiogènes; un environnement multisensoriel (p. ex. sons, odeurs) peut être recréé. fortcarsonmountaineer.com La réalité virtuelle en psychiatrie Applications : La gestion de la douleur • Distraction lors d’un traitement pour les personnes souffrant d’importants maux physiques (p. ex. les grands brûlés) (Hoffman, 2004). • Les utilisateurs évaluent leur niveau de douleur comme étant nettement inférieur à celui associé aux tâches de distraction usuelles. http://jyliou.blogspot.ca/ La réalité virtuelle en psychiatrie Applications : empathie à la douleur Patrice Renaud et al. (2010) ARVIPL BehaVRsolution.com La réalité virtuelle en psychiatrie Applications : Sexualité Dysfonction sexuelle • Exposition aux événements et situations associés aux dysfonctions. Évaluation des préférences sexuelles • Évaluation de la réponse à divers stimuli sexuels pour les paraphilies: (oculographie; pléthysmographie). Patrice Renaud et al. (2010) ARVIPL BehaVRsolution.com La réalité virtuelle en psychiatrie : efficacité Résultats de méta-analyses (Troubles anxieux principalement) : • Plus efficace que les listes d’attente (Opris et al., 2012). • Le traitement est associé à une amélioration significative sur des mesures comportementales (p. ex. évitement comportemental) et autorapportées d’anxiété (p. ex. STAI) (Côté & Bouchard, 2005; Morina et al., 2015). • Diminution des symptômes (tailles d’effet larges à très larges = .85 à 1.67) (Parsons & Rizzo, 2008; Powers & Emmelkamp, 2008). • Résultats similaires à la TCC/thérapie in vivo (Valmaggia et al., 2016). www.medicaldaily.com La résistance au traitement dans la schizophrénie Symptômes négatifs Déficits cognitifs Désorganisation Troubles de l’humeur Symptômes positifs http://michelsonmedical.org/2014/07/27/schizophrenia-cracking-the-code-usc/ La résistance au traitement Symptômes négatifs Déficits cognitifs Désorganisation Troubles de l’humeur Hallucinations Délires http://michelsonmedical.org/2014/07/27/schizophrenia-cracking-the-code-usc/ La résistance au traitement La résistance au traitement Hallucinations auditives Présentes chez 50 à 80 % des personnes atteintes de schizophrénie (Andreasen & Flaum, 1991). Constituent l’un des symptômes les plus perturbants de ce trouble. *** Jusqu’à 50 % des patients ne répondent pas aux traitements disponibles (Thomas et al., 2011; Wykes et al, 2008). Caractéristiques associées à la résistance au traitement (Sz) : • Faible qualité de vie • Taux élevés de tabagisme, alcoolisme, toxicomanies • Comportements auto et hétéroagressifs abnormal.org La thérapie Avatar pour les hallucinations auditives réfractaires La thérapie Avatar Basée sur les travaux de l’équipe du Dr Julian Leff en Angleterre : Personnification de la voix persécutrice du patient • Visage et voix Craig et al., 2015 Thérapie Variété dialogique de diagnostics psychiatriques La thérapie Avatar Résultats d’une méta-analyse examinant les effets du traitement cognitif-comportemental sur les hallucinations (Van der Gaag et al., 2014) : • Thérapie de Leff et al. = effets thérapeutiques les plus puissants. Antonin Fisette L’application de la thérapie Avatar aux personnes atteintes de schizophrénie Description Application à la schizophrénie Objectif spécifique : soutenir le patient dans le développement de sa capacité d’autorégulation émotionnelle lorsqu’il est confronté à son avatar. Participants : hommes et femmes âgés de 18 ans et plus • 21 patients atteints de Sz/T schizo-affectif avec hallucinations auditives réfractaires (IPPM, IUSMM, groupes d’entendeurs de voix) • • • • Stabilisés Aucun trouble neurologique Aucun trouble lié à l’utilisation de drogues/alcool (12 mois) Résistance à la médication antipsychotique (3 essais) • 20 personnes de la population générale • 1 pair aidant Application à la schizophrénie Devis : essai randomisé avec croisement partiel Étapes Thérapie avatar 1 Traitement usuel Évaluation clinique 2 Création de l’avatar Thérapie usuelle (6 semaines) 3 1e séance d’EEG Évaluation clinique 4 Thérapie par avatar hebdomadaire (30 minutes, pendant 6 semaines) Création de l’avatar 5 2e séance d’EEG 1e séance d’EEG 6 Évaluation clinique Thérapie par avatar hebdomadaire (30 minutes, pendant 6 semaines) 7 Évaluation clinique (suivi 3 mois) 2e séance d’EEG 8 Évaluation clinique 9 Évaluation clinique (suivi 3 mois) Application à la schizophrénie Déroulement des séances pour les patients : • Retour : déroulement de la semaine, événements vécus qui pourraient influencer la séance de thérapie (max. 10 minutes) • Thérapie par avatar (jusqu’à 20 minutes) • Débriefing sur la séance de thérapie (max. 10 minutes) Évaluation ciblée (continuum) : Sentiment de présence Anxiété Peur Colère Contrôle Sérénité Application à la schizophrénie Déroulement des séances de thérapie : • Au début de la thérapie, l’avatar adopte un discours persécuteur, mais il montre une ouverture progressive au patient qui s’affirme. • Déroulement : T1 : Confrontation T2 : Ouverture T3 : Négociation T4 : Présentation de la liste des qualités personnelles T5 : Fortification T6 : Consolidation des acquis Application à la schizophrénie Cibles thérapeutiques : ➜ Acceptation de la voix ➜ Développement de meilleures stratégies d’adaptation ➜ Emploi de stratégies adaptées d’autorégulation émotionnelle Création, T1 T1, T2, T3 Création…T6 ➜ Amélioration de la capacité à s’affirmer T2…T6 ➜ Augmentation de l’estime de soi T2…T6 ➜ Empowerment, sentiment de contrôle p/r à la voix T3…T6 Limites associées au recours à la réalité virtuelle en psychiatrie élevé d’abandon dans les études, car le traitement est décrit comme étant trop confrontant ou parce que les participants font l’expérience du «mal du virtuel» (étourdissements, nausée) (Valmiggia et al. 2016). Taux d’études basées sur de larges échantillons, randomisées et contrôlées, afin de déterminer l’efficacité de cette forme de traitement (Senson, 2016). Besoin Pas de période de suivi à long terme. Téléthérapie; Réalité augmentée. Propositions de réflexion : Thérapeutes virtuels créés à l’aide de l’intelligence artificielle; La thérapie en RV dirigée par l’utilisateur, en l’absence d’un thérapeute (pour amplifier les effets de la thérapie). Eichenberg & Wolters, 2012; Senson, 2016 www.huffingtonpost.com Avenues futures Remerciements Chaire Eli Lilly Canada de recherche en schizophrénie Centre d’étude sur l’évaluation et la gestion du risque de violence : Geneviève Martin, Mélanie Laurelli, Maya Lambert-Vandelac, Jessica Lacombe-Barrios, Andras Tikasz, Olivier Percie, Tiffany Bolzan, Imane Laribi, Jules Dugré Laboratoire ARVIPL : Patrice Renaud, Tarik Boukhalfi, Sarah Michelle Neveu, Massil Benbouriche Expertise EEG : Marc Lavoie et Martine Germain Projet pairs aidants : Jean-François Pelletier et Richard Breton Centre de recherche IPPM : Jeanne Vachon, Gilles Côté