CHAPITRE 3. PROBLÈMES DE CHUTE 36
3.1 Le principe d’équivalence
3.1.1 Enoncé
Le principe d’équivalence est la pierre angulaire de la théorie de la Relativité Générale qu’Albert
Einstein proposa en 1915 pour traiter la gravitation dans un cadre relativiste. En l’état actuel de
nos connaissances, ce principe ne trouve pas d’explication, ce qui explique qu’on l’érige en principe.
Il identifie deux propriétés de la matière conceptuellement différentes :
¶
La masse inerte
m
qui mesure l’effort à exercer pour changer l’état de mouvement d’un corps.
Plus cette masse est grande, plus il est difficile de changer la vitesse d’un corps. Il s’agit
d’une propriété qui se rapporte à l’inertie du mouvement.
¶
La masse grave
mú
qui mesure le couplage entre un corps et le champ de gravitation. Plus cette
masse est grande, plus la force d’attraction dans le champ de gravitation sera importante.
Principe d’équivalence
Pour tous les corps, la masse grave est proportionnelle à la masse inerte. Plus exactement, le
rapport
k
=
mú/m
est indépendant de la composition chimique. On choisit
k
=1ce qui permet
d’adopter une seule unité pour la masse grave et inerte : le kilogramme, défini à partir d’un
bloc cylindrique de Platine iridié (90%Pt-10%Ir), conservé au Bureau International des Poids et
Mesures situé à Sèvres, depuis 1889.
3.1.2 Tester le principe d’équivalence
Une conséquence de ce principe est l’universalité de la chute libre dans le vide. En effet si l’on
considère un corps matériel de masse inerte
m
, de masse grave
mú
tombant dans le vide dans un
champ de pesanteur
≠æg
, alors l’équation fondamentale de la dynamique
m≠æa
=
mú≠æg
donne, si
m=mú,≠æa=≠ægpour tous les corps
Ainsi une plume et un marteau tombent à la même vitesse dans le vide. Pour l’anecdote, cette
expérience fut réalisée sur la Lune en 1971 lors de la mission Apollo 15, par le commandant David
Scott 1.
La violation du principe d’équivalence signerait l’émergence d’une nouvelle physique ; c’est pourquoi
il est important de savoir avec quelle précision est vérifiée ce principe ne serait ce pour fixer des
contraintes sur les nouvelles théories alternatives.
Avant la fin du XIX
e
siècle, l’étude précise de l’isochronisme des pendules permit de vérifier le
principe d’équivalence avec une précision de 10
≠5
près (Bessel 1830). On doit au Baron Von Eötvös,
un scientifique hongrois, un test du principe d’équivalence en 1890, avec un gain de précision de
trois ordres de grandeur. Eötvös inventa une balance de torsion capable de mesurer très précisément
les variations de pesanteur et réalisa que son appareil pouvait également servir à tester le principe
d’équivalence : deux masses de composition différente sont suspendues aux extrémités d’un pendule
de torsion ; la mesure consiste à vérifier que le bras du pendule tourne de 180
°
lorsque la tête du fil
de suspension tourne de la même quantité. Les masses subissant l’attraction gravitationnelle de
la Terre et la force centrifuge due à la rotation de celle-ci, une différence devait être enregistrée
si le rapport
k
=
mú/m
dépendait de la composition chimique
2
. Eötvös vérifia ainsi le principe
d’équivalence avec une précision de 5
.
10
≠8
. Plus récemment, Adelberger trouva avec la même
technique, une précision de 2.10≠13.
1
. une vidéo est disponible sur le site de la NASA à l’adresse
http://nssdc.gsfc.nasa.gov/planetary/lunar/
apollo_15_feather_drop.html
2
.M.M.Nieto. “Actually, Eötvös did publish his results en 1910 it’s just that no one knows about it...” In :
Am. J. Phys. 57.5 (1989).