Discours de Monsieur Jean-
François MATTEI
Ministre de la santé de la famille et
des personnes handicapées
Ouverture du colloque
"Organisation de la prise en charge de la
douleur :
Repères pour les décideurs"
le mardi 8 octobre 2002
Mesdames, Messieurs,
Je suis particulièrement heureux d’être parmi vous aujourd’hui pour ouvrir cette journée consacrée au
bilan du programme de lutte contre la douleur et aux expériences hospitalières menées sur ce thème.
C’est un sujet auquel je suis particulièrement attaché, comme médecin-pédiatre et comme ministre de
la santé, car je considère que la prise en charge de la douleur est un indicateur de la qualité des
soins à l'hôpital comme en ville.
Le soulagement de la douleur constitue désormais un droit fondamental de la personne. C’est une
exigence. Afin de répondre à cette attente légitime, la prise en charge de la douleur, ou plutôt la prise
en charge de toutes les douleurs, doit devenir partie intégrante du soin.
Dans ce domaine, la France accuse un certain retard par rapport à d’autres pays développés, et je
souhaiterais commencer mon intervention en saluant le travail accompli par quelques " pionniers " qui
ont su faire prendre conscience du fait que la douleur est une priorité de santé publique. Je pense
notamment au sénateur Lucien Neuwirth, qui a été l’un des tout premiers responsables politiques à
s’intéresser à cette question et qui a sensibilisé les décideurs et les relais d’opinion en publiant dès
1994 un important rapport sur cette question et organisé en 1996 à l’assemblée nationale le colloque
" Vaincre la douleur ".
Je pense également aux initiateurs du deuxième plan Douleur et tout particulièrement au docteur
Daniel Annequin et à Danièle Cullet de la DHOS qui pilotent en liaison avec les sociétés savantes et
les collèges de professionnels de la douleur, les actions engagées dans le cadre de ce plan.
Je souhaiterais vous faire part ce matin :
• de ma propre analyse du problème de la prise en charge de la douleur,
• de quelques points du bilan des actions engagées dans le cadre du programme de lutte
contre la douleur qui me paraissent particulièrement importants pour guider notre action
future,
• de mes attentes vis à vis des " décideurs hospitaliers " que vous représentez ici.
· La douleur est un phénomène complexe, qui a longtemps échappé à l’intelligence des
médecins.
Elle se caractérise par une très grande variabilité : chaque individu perçoit et réagit différemment face
à une stimulation douloureuse. J’ai encore en tête " tu es un douillet "…
Aussi, par sa nature subjective, la douleur a été longtemps considérée par des générations de
professionnels de santé comme une fatalité. Prendre en charge la douleur nécessite d’admettre sa
réalité, de considérer la personne dans sa globalité, d’entendre la plainte, d’évaluer l’intensité de la
douleur et de connaître les moyens de son soulagement. C’est avant tout un problème d’état d’esprit
et de formation. Cela explique que les soignants médecins ou infirmières soient encore souvent
démunis devant celui qui souffre.
J’ai eu l’occasion récemment de m’exprimer sur le thème de la douleur lors d’une émission télévisée
récente, et j’ai été frappé lors des différents reportages, par les témoignages de patients qui se
plaignaient de l’absence d’écoute, de la non reconnaissance de leur souffrance par les médecins et
au total d’un profond désarroi.
Ces témoignages illustrent plus que d’autres l’importance de la relation de confiance qui doit