TROUBLES PANIQUES
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ujourd’hui étudiante de 25 ans,
Simone M. ne savait pas à l’époque
que d’autres attaques allaient suivre.
Déclenchées non pas par des drogues ou
d’autres événements mais – comme elle
le sait aujourd’hui – par «la peur de la
peur». La deuxième attaque survint pen-
dant les vacances. Elle était partie en
Espagne avec deux collègues. Après une
fête, elle ressentit de nouveau cette
accélération du rythme cardiaque. On
n’arrivait plus à dormir, était sans appé-
tit. Ce doit être l’alcool, pensa-t-elle, et
consulta un médecin à son retour. On
lui fit un électrocardiogramme pour
savoir si tout était en ordre du côté du
cœur. Cet examen ne révéla aucun pro-
blème, pas plus que celui effectué par
l’oto-rhino-laryngologiste. Pendant les
quatre années qui suivirent, elle ne but
plus une seule goutte d’alcool.
Simone M. quitta la maison de ses
parents et se chercha une chambre à
proximité de l’université. Elle débuta ses
«J'ai appris
ma maladie»
études. Au bout d’un an, à l’approche
des examens, elle constata qu'elle avait
commencé ses révisions trop tard. Sa
crainte des examens augmenta encore
après la coupe du monde de football à
laquelle elle était allée assister en Alle-
magne avec ses parents. L’attaque sui-
vante se produisit, laissant ses parents
désemparés. Après un séjour au service
des urgences, elle vécut «la période la
plus dure » de toute sa vie. «J’avais ter-
riblement peur et je ne cessais de pleu-
rer.» Elle respirait difficilement et «ne
souhaitait plus vivre.» Simone M. ne se
présenta pas aux examens.
Le médecin des urgences l’adressa à un
psychiatre. C’est à ce moment seule-
ment qu’elle put mettre un nom sur ses
attaques: attaques de panique, une
forme de troubles anxieux. Simone M.
débuta alors une thérapie comporte-
mentale, associée à des médicaments.
Elle consultait son médecin une fois par
semaine. Au début du traitement, elle
A
SIMONE M.* SE SOUVIENT ENCORE EXACTEMENT DE SA PREMIÈRE ATTAQUE DE PANIQUE.A16ANS,ALORS
QU’ELLE FUMAIT DE LA MARIJUANA CHEZ DES AMIS,ELLE FUT PRISE D’UNE CRISE DE TACHYCARDIE QUI DURA
PRÈS DE DEUX HEURES.C’ÉTAIT UN SENTIMENT HORRIBLE.ELLE EN IMPUTA LA RESPONSABILITÉ À LA DROGUE
ET SE JURA DE NE PLUS JAMAIS EN ARRIVER LÀ.
n’osait plus se retrouver au milieu d'au-
tres personnes. Elle évitait tous les ras-
semblements. Au bout de deux semai-
nes, son état s’améliora. Après les va-
cances semestrielles, elle reprit ses étu-
des. Son ami de l’époque et surtout sa
mère l’aidèrent à retrouver un quotidien
sans peur. Lentement, elle prit consci-
ence du fait que les attaques de panique
survenaient toujours à l’approche d'évé-
nements particuliers: un voyage à New
York, un séjour linguistique en Espagne.
Avant chaque voyage, la peur la tenail-
lait: «Que faire si j’ai une attaque de
panique dans un lieu qui ne m’est pas
«Je ne souhaitais
plus vivre»
à gérer