UNIVERSITE DU DROIT ET DE LA SANTE – LILLE 2 FACULTE DE MEDECINE HENRI WAREMBOURG Année : 2012/2013 THESE POUR LE DIPLOME D’ETAT DE DOCTEUR EN MEDECINE GENERALE Etude de la prise en charge des douleurs neuropathiques en médecine générale. Exemple de la douleur neuropathique diabétique de type 2. Présentée et soutenue publiquement le 10 décembre 2012 Par Olivier Ladon Jury Président : Monsieur le Professeur Lebuffe Assesseurs : Monsieur le Professeur Wiel Monsieur le Professeur Lefebvre Directeur de thèse : Monsieur le Docteur Nycz 0 1 UNIVERSITE DU DROIT ET DE LA SANTE – LILLE 2 FACULTE DE MEDECINE HENRI WAREMBOURG Année : 2012/2013 THESE POUR LE DIPLOME D’ETAT DE DOCTEUR EN MEDECINE GENERALE Etude de la prise en charge des douleurs neuropathiques en médecine générale. Exemple de la douleur neuropathique diabétique de type 2. Présentée et soutenue publiquement le 10 décembre 2012 Par Olivier Ladon Jury Président : Monsieur le Professeur Lebuffe Assesseurs : Monsieur le Professeur Wiel Monsieur le Professeur Lefebvre Directeur de thèse : Monsieur le Docteur Nycz 2 REMERCIEMENTS. A mon Président de Jury, Monsieur le Professeur Gilles LEBUFFE, Professeur des Universités – Praticien Hospitalier Anesthésiologie et Réanimation Chirurgicale – Médecine d’Urgence - Clinique d’Anesthésie-Réanimation Chirurgicale – Hôpital Claude Huriez – CHRU LILLE Merci de m’avoir fait l’honneur d’accepter la présidence de ma thèse. Veuillez recevoir mes sincères remerciements. A Monsieur le Professeur Eric WIEL, Professeur des Universités – Praticien Hospitalier Anesthésiologie et Réanimation Chirurgicale – Médecine d’Urgence - Chef de Pôle Adjoint du Pôle de l’Urgence - Coordonnateur Régional du DESC de Médecine d’Urgence - Vice-Président Fondateur de l’Association Francophone de Simulation en AnesthésieRéanimation et Médecine d’Urgence (AFSARMU) - Responsable de l’Unité Commune de Recherche du Pôle de l’Urgence – Pôle de l’Urgence – SAMU Régional de Lille – CHRU de LILLE Merci d’avoir accepté de juger ce travail. Veuillez recevoir l’expression de ma profonde reconnaissance. A Monsieur le Professeur Jean-Marc LEFEBVRE, Professeur des Universités Associé de Médecine Générale à mi-temps – Département de Médecine Générale – Pôle Formation – Faculté de Médecine de LILLE Merci d’avoir accepté de juger ce travail. Veuillez recevoir l’expression de ma profonde reconnaissance. 3 A mon Directeur de Thèse, Monsieur le Docteur Michel NYCZ, Praticien Hospitalier Anesthésiologie et Réanimation Chirurgicale - Anesthésie-Réanimation – Clinique des Acacias – CUCQ Anciennement Praticien Hospitalier – Service d’Anesthésie-Réanimation – CH BETHUNE Anciennement Médecin Responsable Qualité – CH BETHUNE Merci d’avoir accepté de diriger cette thèse. Merci pour vos précieux conseils et pour m’avoir guidé tout au long de ce travail. A Monsieur le Docteur Jérémy COQUART, - Faculté des Sports – CETAPS – Université de ROUEN Anciennement Attaché de Recherche Clinique à la Cellule Qualité – CH BETHUNE Merci de m’avoir aidé pendant la réalisation de cette thèse. Merci de votre travail lors de la réalisation des tests statistiques. A Madame le Docteur Christine LEMAIRE, Praticien Hospitalier - Chef de Service - Endocrinologie-Diabétologie – CH BETHUNE - Secrétaire de l’Association Prévention Artois (PrevArt) Merci pour votre aide apportée à l’élaboration du questionnaire. A Monsieur le Docteur Bernard LEROY Praticien Hospitalier - Anesthésie-Réanimation - Maternité Paul Gellé – CH ROUBAIX - Coordonnateur Consultation de la Douleur – Hôpital Victor Provo – CH Roubaix Merci pour votre aide et vos encouragements. 4 A mes Maîtres de Stage des Universités, Messieurs les Docteurs Guy PRUVOST, Jean-Marc SARELS et Olivier WESTEEL, Médecins Généralistes Enseignants - Faculté Libre de Médecine de LILLE Merci pour votre précieux enseignement et pour m’avoir conforté dans mon choix de spécialité de Médecine Générale. A tous les médecins généralistes de la région qui ont pris le temps de répondre au questionnaire envoyé. A ma mère et Francis, qui m’ont supporté et soutenu tout au long de mes études. Sans vous, je ne serais jamais arrivé là où je suis actuellement. A Aurélie, qui est restée à mes côtés, dans les bons moments comme les mauvais, pendant de nombreuses années. Merci pour ton amour et ta présence. A mes grands amis et futurs confrères, François, Jean-Baptiste et Sébastien. Merci pour tout ce temps passé en votre compagnie. Notre amitié reste primordiale pour moi. A tous ceux que j’apprécie, qui m’apprécient et que je n’ai pas cités, merci. 5 SOMMAIRE. I. INTRODUCTION...................................................................................9 1.1) Contexte...............................................................................................................9 1.1.1) Définition……………………………………………………………………….......9 1.1.2) Prévalence………………………………………………………………………..10 1.1.3) Connaissances actuelles…………………………………………………….....11 1.2) Justification…………………………………………………………………………..14 1.2.1) Morbi-mortalité de la neuropathie diabétique…………………………………15 1.2.2) Prise en charge difficile………………………………………………………….15 1.2.3) Altération de la qualité de vie…………………………………………………..16 1.3) Objectifs…………………………………………………………………………….....16 1.3.1) Objectif principal…………………………………………………………………16 1.3.2) Objectif secondaire………………………………………………………………17 II. MATERIEL ET METHODES……………………………………………..18 2.1) Type d’étude………………………………………………………………………….18 2.2) Population étudiée et stratégie d’échantillonnage…………………………....18 2.3) Moyens de recueil……………………………………………………………………19 2.4) Critères de jugement………………………………………………………………..21 2.4.1) Critère principal de jugement…………………………………………………...21 2.4.2) Critères de jugement secondaires……………………………………………..21 2.5) Variables étudiées…………………………………………………………………...22 2.5.1) Patientèle………………………………………………………………………....22 2.5.2) Diagnostic………………………………………………………………………...22 2.5.3) Traitement………………………………………………………………………...23 2.5.4) Données personnelles des médecins interrogés………………………….....24 2.6) Saisie des données et statistiques……………………………………………….25 6 III. RESULTATS……………………………………………………………...26 3.1) Caractéristiques de l’échantillon………………………………………………….26 3.2) Caractéristiques des médecins interrogés………………………….………….27 3.2.1) Lieu d’exercice…………………………………………………………………...27 3.2.2) Tranche d’âge……………………………………………………………………28 3.2.3) Type d’activité……………………………………………………………………29 3.2.4) Formations complémentaires…………………………………………………..30 3.2.5) Estimation de la prévalence dans la patientèle des médecins interrogés...31 3.3) Diagnostic de la neuropathie diabétique douloureuse……………………….32 3.3.1) Moyens de dépistage possédés………………………………………………..32 3.3.2) Etiologies des douleurs des patients diabétiques selon les médecins interrogés…………………………………………………………………………………33 3.3.3) Evaluation de l’intensité de la douleur…………………………………………34 3.3.4) Distinction excès de nociception et neuropathie……………………………..35 3.3.5) Evaluation du retentissement sur la qualité de vie du patient………………35 3.4) Traitement de la douleur……………………………………………………………36 3.4.1) Prescripteur en 1ère intention…………………………………………………...36 3.4.2) Traitement médicamenteux en 1ère intention………………………………….38 3.4.3) Stratégie thérapeutique en 2ème intention……………………………………..49 3.4.4) Stratégie thérapeutique en 3ème intention……………………………………..51 3.4.5) Traitement non médicamenteux………………………………………………..53 3.4.6) Attitude en cas d’effet secondaire du traitement initié……………………….55 3.5) Pistes d’amélioration de la prise en charge de la douleur neuropathique diabétique…………………………………………………………………………………..57 3.6) Comparaison aux recommandations actuelles du traitement en 1ère intention…………………………………………………………………………………….58 3.7) Comparaison des perspectives d’avenir selon le lieu d’exercice…………..60 7 IV. DISCUSSION……………………………………………………………..61 4.1) Population étudiée et échantillon…………………………………………………61 4.1.1) Réponse au questionnaire……………………………………………………...61 4.1.2) Age………………………………………………………………………………...62 4.1.3) Formations complémentaires…………………………………………………..63 4.2) Limites de l’étude…………………………………………………………………....63 4.3) Forces de l’étude…………………………………………………………………….64 4.4) Comparaison aux données de littérature………………………………………..65 4.4.1) Identification de la douleur neuropathique diabétique……………………….65 4.4.2) Etiologies des douleurs chez les patients diabétiques…………………..…..67 4.4.3) Echelles…………………………………………………………………………...68 4.4.4) Traitement de 1ère intention……………………………………………………..71 4.4.5) Stratégie thérapeutique de 2ème intention……………………………………..84 4.4.6) Stratégie thérapeutique de 3ème intention……………………………………..86 4.4.7) Règles de prescription des traitements dans la douleur neuropathique…..86 4.4.8) Traitement non médicamenteux………………………………………………..87 4.4.9) Effets indésirables……………………………………………………………….88 4.5) Facteurs associés aux pratiques…………………………………………………88 4.6) Perspectives………………………………………………………………………….89 V. CONCLUSION…………………………………………………………….91 GLOSSAIRE………………………………………………………………….94 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES……………………………………96 ANNEXES…………………………………………………………………...108 8 I. INTRODUCTION. 1.1) Contexte. 1.1.1) Définition. La douleur est un motif fréquent de consultation en médecine générale. Elle représenterait 43% des motifs de consultation (1). Elle est définie depuis 1994 par l’IASP (International Association for the Study of Pain) comme « une sensation désagréable et une expérience émotionnelle propre à chaque individu et donc forcément subjective, liée à une atteinte tissulaire réelle ou potentielle » (2). Le généraliste a la charge de soulager la douleur aussi rapidement et efficacement que possible. Le soulagement de la douleur étant devenu depuis la loi du 4 mars 2002 un droit fondamental de toute personne. La médecine générale est considérée comme une spécialité. Cependant, dans l’étude, nous avons appelé le spécialiste en médecine générale « généraliste » par souci de commodité. En ce sens, le terme « spécialiste » a été utilisé pour les autres spécialités médicales. On peut distinguer 3 types de douleur qui peuvent être associés : - par excès de nociception : « activation du système de transmission des messages nociceptifs par stimulation excessive des récepteurs périphériques ». - neuropathique : « douleur initiée ou causée par une lésion primitive ou un dysfonctionnement du système nerveux ». - psychogène : « intégration, analyse ou gestion inadaptée d’informations corporelles ou existentielles, récentes ou anciennes par des fonctions cérébrales hautes ». 9 Il a été proposé en 2008 de définir la douleur neuropathique comme « une douleur associée à une lésion ou une maladie affectant le système somatosensoriel » (3). Contrairement aux douleurs nociceptives, les lésions neuropathiques n’ont pas besoin d’être évolutives pour continuer à engendrer des douleurs (4). 1.1.2) Prévalence. Une version abrégée du DN4 a été utilisée en France pour réaliser l’étude STOPNEP en 2008, une enquête de prévalence à grande échelle en collaboration avec la Sofres sur 23 712 personnes (30 155 questionnaires envoyés). 31,7% déclaraient présenter une douleur chronique. 20% présentaient une douleur chronique modérée à sévère. 6,9% avaient un score DN simplifié à au moins 3/7 (seuil de positivité). Cette étude a permis d’établir que 5% de la population générale présenterait des douleurs chroniques modérées à sévères possédant des caractéristiques neuropathiques (5). Une étude, plus ancienne, menée en 1991, a montré que 25% des douleurs chroniques auraient une composante neuropathique (6). Il est aujourd’hui difficile d’établir la prévalence des douleurs neuropathiques diabétiques devant la diversité des critères diagnostiques et des populations étudiées. Elle varierait entre 5 et 93% (7). Il existe d’autres causes de neuropathie pouvant expliquer une douleur neuropathique chez les patients diabétiques de type 2 (pathologies carentielles et exogénose) (8). Elle reste cependant la forme la plus fréquente de neuropathie des pays occidentaux (9). Plusieurs études menées dans divers pays se sont intéressées à la forme douloureuse de la neuropathie diabétique. Une étude de cohorte menée au 10 Royaume-Uni en 2004 a établi une prévalence de 16% de neuropathie diabétique douloureuse parmi un échantillon de patients diabétiques (contre 5% de douleur neuropathique chronique parmi un échantillon de patients non-diabétiques). 12,5% de ces patients n’en auraient jamais parlé et 39% n’auraient jamais été traités pour cette douleur (10). Une autre étude de cohorte anglo-saxonne, en 2006, a retrouvé une prévalence de 26% de neuropathie douloureuse parmi une population de patients diabétiques de type 2. Elle a objectivé une prévalence de 44% de patients douloureux parmi les patients inclus ayant une neuropathie diabétique de type 2 (11). Une étude multicentrique réalisée en Belgique en 2009 sur 1 111 patients diabétiques a retrouvé une prévalence de 14% de neuropathie douloureuse (18% chez les diabétiques de type 2) (12). Prenant en considération l’ensemble de ces études, la prévalence de la neuropathie diabétique douloureuse se situerait entre 15 et 20% chez les patients diabétiques de type 2 avec une incidence aux alentours de 2 000 nouveaux cas pour 100 000 personnes-années. (13). 1.1.3) Connaissances actuelles. La douleur neuropathique diabétique est l’une des étiologies de douleur neuropathique chronique les plus étudiées à ce jour. Elle est l’une des causes de douleurs les plus fréquentes chez les patients diabétiques (14). Elle se développe indépendamment de la sévérité de la neuropathie diabétique et peut persister sur plusieurs années (15). 11 Etiologies des douleurs neuropathiques (16). Etiologies périphériques Causes fréquentes Etiologies centrales Causes fréquentes Radiculopathies - Hernie discale Canal lombaire étroit Post-chirurgie rachidienne Mononeuropathies et plexopathies - Polyneuropathies Neuropathies du diabète Idiopathiques Alcooliques Toxiques Chimio-induites Causes plus rares - Causes plus rares - Post-chirurgicales Post-traumatiques Syndromes canalaires Douleurs post-zostériennes Associées à un cancer Post-radiques Neuropathies du VIH Neuropathies des maladies de système Neuropathies carentielles Neuropathies métaboliques autres Neuropathies médicamenteuses Neuropathies génétiques 12 Accident vasculaire cérébral Lésions médullaires traumatiques Sclérose en plaques Syringomyélie Lésions médullaires autres Lésions centrales autres Physiopathologie. La neuropathie diabétique concerne toujours les petites fibres nerveuses : - les petites fibres myélinisées A delta conduisent la sensibilité à la piqûre et au froid. - les petites fibres non myélinisées C conduisent la sensibilité à la douleur et à la chaleur. Les grosses fibres myélinisées ne sont atteintes qu’à un stade très avancé de la maladie et conduisent la sensibilité au tact et la proprioception (17, 18). Dans la neuropathie diabétique, des enregistrements microneuronographiques ont montré : - une hyperexcitabilité de certains nocicepteurs C. - une diminution de la proportion des fibres sensibles aux stimuli nociceptifs. - la présence de fibres dégénérées (19). Ces mécanismes d’hyperexcitabilité des nocicepteurs dépendraient, entre autres, d’une dysrégulation de synthèse et de fonction de certains canaux ioniques, principalement sodiques (20). Plusieurs théories ont été avancées pour expliquer ces phénomènes. Elles restent complexes et discutées. L’hyperglycémie et le déficit en insuline activent la voie des polyols aboutissant à une réduction de l’activité Na+/K+ ATPase dans la conduction de l’influx nerveux. Ceci engendre un stress oxydatif suite à une diminution de la destruction des radicaux libres. Il s’ensuit une augmentation de la glycosylation non enzymatique des protéines et des perturbations du métabolisme des acides gras essentiels diminuant la synthèse de facteurs de croissance neurotrophiques. Ces modifications entrainent une démyélinisation segmentaire et une dégénérescence axonale (21, 22). 13 Une diminution de la synthèse de NO, responsable d’une vasoconstriction, provoque une ischémie des cellules nerveuses avec altération des vasa nervorum (23). Des ethnies nord-africaines et asiatiques présenteraient une activité Na+/K+ ATPase plus lente (24). Des mutations du gène codant pour le sous type de canal sodique Na(v) 1.7 ont été identifiées chez des patients souffrant d’érythromélalgie (25). Différentes études, aux résultats parfois contradictoires, ont été menées afin de déterminer d’éventuels facteurs de risque de la neuropathie diabétique douloureuse : - l’âge et la durée d’évolution. - hypertension artérielle (26). - l’obésité, le syndrome métabolique. - HDL-cholestérol bas et triglycérides élevées (27). 1.2) Justification du travail. Le médecin généraliste a un rôle primordial dans la prise en charge précoce des douleurs neuropathiques. Celle-ci est importante afin de minimiser le plus possible l’installation de douleurs rebelles (4). La douleur neuropathique est malheureusement trop méconnue et difficile à identifier, donc difficile à traiter efficacement. La douleur neuropathique diabétique s’avère être une étiologie de douleur neuropathique chronique intéressante à étudier du fait de sa fréquence élevée et de l’existence de recommandations officielles bien établies en France. La plupart des études sur les douleurs neuropathiques ont été effectuées sur les douleurs de la neuropathie diabétique et les douleurs post-zostériennes (27). 14 Il est admis que l’on peut considérer une douleur neuropathique comme une entité spécifique que l’on peut traiter indépendamment de son étiologie (28). Cette théorie fait actuellement consensus parmi les experts. 1.2.1) Morbi-mortalité de la neuropathie diabétique. Les différences de prévalence rapportées par les études s’expliquent par la difficulté à homogénéiser les critères diagnostiques et aboutir à un diagnostic précis. On estime cependant qu’après 20 ans d’évolution de diabète, la neuropathie est présente chez au moins 50% des diabétiques. Elle serait en cause dans plus de 50% des amputations ; 60% des patients mourraient dans les 5 années suivant ce geste (29). Selon un rapport d’avril 2012, le diabète toucherait 2,9 millions de français (96% de diabète de type 2) et serait la première cause d’affection longue durée (ALD) depuis 2010 (30). 1.2.2) Prise en charge difficile. Les douleurs neuropathiques diabétiques sont souvent sous-diagnostiquées, soustraitées et méconnues. Seulement la moitié des patients présentant cette pathologie serait traitée. Un quart de ces patients traités aurait un traitement recommandé en 1ère intention (12). Les paliers usuels (selon l’OMS) et co-analgésiques (anti-inflammatoires non stéroïdiens, salicylés) utilisés dans la douleur s’avèrent peu ou inefficaces dans les douleurs neuropathiques (31, 32). 15 1.2.3) Altération de la qualité de vie. La qualité de vie des patients présentant des douleurs neuropathiques, quelle que soit l’étiologie, est altérée (33). La neuropathie diabétique douloureuse a un impact négatif dans plusieurs domaines : énergie, sommeil, douleur, mobilité physique et réactions émotionnelles (34). Elle est responsable plus particulièrement d’une diminution de la joie de vivre et d’une altération de la qualité du sommeil (35, 36). La neuropathie diabétique non douloureuse n’a, par contre, aucun impact sur la qualité de vie des patients (12). 1.3) Objectifs. 1.3.1) Objectif principal. L’objectif principal du travail était d’étudier la prise en charge de la douleur neuropathique chez les patients diabétiques de type 2 par les médecins généralistes du Nord-Pas-de-Calais. Le but était de dresser un état des lieux actuel de cette prise en charge en plusieurs temps : - l’identification de la douleur. - la caractérisation de cette douleur (nociceptive ou neuropathique). - la répercussion de la maladie sur la qualité de vie du patient. - le traitement médicamenteux. - les mesures non médicamenteuses. - l’évolution de la maladie et le suivi. 16 L’étude a permis d’observer ce qui est mis en œuvre par les différents praticiens entre l’instant où le patient présente les premiers signes de la maladie et celui où une solution adaptée lui est apportée. Etaient proposés divers moyens et aides, validés par des études scientifiques de qualité, permettant de faciliter la réalisation de chaque étape. Les différents traitements utilisés sont parfois très différents selon le patient et le praticien. Cet état des lieux avait, notamment, pour but de recenser les habitudes de prescriptions effectuées par les médecins généralistes confrontés à ce type de douleur dans leur pratique quotidienne. 1.3.2) Objectif secondaire. Un objectif secondaire de l’étude était de comparer ces prescriptions aux recommandations actuelles. Il ne s’agissait pas de montrer du doigt des choix qui s’écartent des recommandations actuelles mais de permettre de dégager des hypothèses sur les raisons des choix de prescriptions pour cette pathologie. 17 II. MATERIEL ET METHODES. 2.1) Type d’étude. L’étude réalisée était une étude d’évaluation de la qualité des soins non expérimentale. Plus précisément, il s’agissait d’une enquête de pratiques purement descriptive (37). 2.2) Population étudiée et stratégie d’échantillonnage. La population ciblée par l’étude regroupait les médecins généralistes libéraux installés exerçant dans la région Nord-Pas-de-Calais. L’étude ne portait pas directement sur le patient mais sur les pratiques des médecins. Aucun patient n’a donc été sollicité au cours de cette étude. L’accord d’un comité d’éthique n’a donc pas été nécessaire pour la réalisation de l’étude. Pour ce type d’étude descriptive, il nous paraissait important d’avoir un échantillon suffisamment grand afin d’augmenter la représentativité des résultats obtenus au sein de la population étudiée. Au total, l’échantillon comportait 600 médecins généralistes de la région. L’échantillon a été tiré au hasard dans l’annuaire téléphonique des pages jaunes des départements Nord et Pas-de-Calais. Pour les maîtres de stage du Département de Médecine Générale (DMG) de la Faculté Libre de Médecine de Lille (FLM), leurs adresses e-mails ont été fournies par le DMG de la FLM. L’échantillon a été tiré selon la répartition suivante : 400 praticiens dans le Nord, 200 dans le Pas-De-Calais. Cette répartition a été décidée devant la démographie des praticiens généralistes publiée sur le site de l’ARS Nord-Pas-de-Calais selon des 18 chiffres de janvier 2007 : 2/3 des médecins généralistes installés dans le Nord, 1/3 dans le Pas-de-Calais (38). Certains médecins interrogés ont été contactés par téléphone, notamment les praticiens exerçant en cabinet individuel. Il était parfois difficile de contacter directement les praticiens exerçant en cabinet de groupe (secrétaire, répondeur commun). En cas de réponse positive, un questionnaire était envoyé au médecin. Il lui était possible de répondre selon plusieurs formes : courrier postal (avec enveloppe pré-timbrée pour la réponse), e-mail, téléphone ou entretien individuel avec le thésard. Pour les praticiens n’ayant pas pu être contactés par téléphone, un courrier postal avec le questionnaire et une enveloppe de retour pré-timbrée leur était envoyé. Certains ont été contactés par e-mail, leur adresse ayant été obtenue par le secrétariat du cabinet ou du praticien en question. 2.3) Moyens de recueil. Un questionnaire était fourni à chaque médecin sélectionné (cf annexe 1). Il était constitué de 4 pages recto et comportait plusieurs parties : - une page d’accueil présentant le directeur de thèse, le président du jury, les coordonnées du thésard, le thème de la thèse, le questionnaire et les consignes de réponse. - le questionnaire proprement dit avec des questions sur la neuropathie diabétique douloureuse, les méthodes de diagnostic utilisées et le traitement mis en place. - une dernière partie permettant de recueillir des données personnelles sur le médecin généraliste et son activité. 19 Les questions proposées étaient fermées. Il s’agissait d’un questionnaire à choix multiples. Des questions permettaient plusieurs réponses tandis que d’autres envisageaient une réponse unique. Ce choix permettait un temps de réponse plus court, une saisie de données standardisées qui limitait les erreurs d’interprétation lors du recueil puis de la comparaison de ces données. Une ouverture était proposée dans certaines questions quand il nous semblait intéressant de préciser le choix effectué. Une première ébauche a été soumise à l’avis d’une endocrinologue par le directeur de thèse et le thésard. Un pré-test du questionnaire a ensuite été effectué auprès de 5 médecins généralistes. Il a permis d’en tirer les forces et faiblesses pour aboutir au questionnaire final envoyé aux 600 médecins sélectionnés pour l’étude. Les questions ont été ainsi modifiées dans leur contenu et leur formulation, à plusieurs reprises, pour s’adapter à la population étudiée. Un délai de réponse d’un mois après l’envoi (effectué la 1ère semaine complète de janvier 2012) a été demandé. Les questionnaires remplis ont été néanmoins acceptés dans l’étude jusqu’à une date limite de 2 mois après leur envoi. Les questionnaires étaient anonymes, mais il était possible pour le praticien généraliste d’inscrire ses coordonnées afin de recevoir les résultats de l’étude. 20 2.4) Critères de jugement. 2.4.1) Critère principal de jugement. Le critère principal de jugement de l’étude était le type de traitement mis en œuvre en 1ère intention dans la neuropathie diabétique douloureuse. Il s’agissait de répondre, pour chaque type de molécule citée, une fréquence de prescription. Un traitement antalgique étant à adapter à la pathologie mais également au patient (terrain, comorbidités, contre-indications…), il était logique qu’une même molécule ne soit pas prescrite dans toutes les situations pour une même pathologie. Ce choix nous permettait d’identifier le panel de traitements les plus fréquemment utilisés dans ce type de douleur pour chaque généraliste interrogé. Ces habitudes de prescription ont été comparées aux recommandations nationales en vigueur. Elles ont été établies par la Société Française d’Etude et de Traitement de la Douleur (SFETD) en 2010, et reprises par l’HAS (16). 2.4.2) Critères de jugement secondaires. Une prise en charge ne s’arrêtant pas uniquement à la mise en place d’un traitement, il nous paraissait logique d’étudier d’autres aspects de celle-ci. Des questions portant sur le diagnostic et le suivi de la maladie ont été ajoutées. Ainsi l’étude s’est intéressée aux méthodes diagnostiques utilisées, aux répercussions psychologiques et sur la vie quotidienne du patient par le médecin. Le suivi de l’évolution de la maladie et les modalités de recours à un avis spécialisé (spécialités médicales, centre de la douleur) ont également été étudiés. 21 2.5) Variables étudiées. 2.5.1) Patientèle. Les informations recueillies sur la patientèle permettaient une description de l’échantillon étudié et de montrer la perception de la pathologie par les praticiens interrogés. - Proportion de patients diabétiques estimée par le médecin. - Proportion de patients douloureux parmi les diabétiques suivis par le médecin. 2.5.2) Diagnostic. La mise en place d’un traitement n’étant possible que si la pathologie est d’abord correctement diagnostiquée et évaluée, les méthodes diagnostiques influent sur la prescription. - Moyens utilisés afin de diagnostiquer la neuropathie diabétique : une liste non exhaustive était proposée aux médecins, il était possible de proposer d’autres moyens de dépistage. - Causes de douleur chez un patient diabétique : un choix d’étiologies fréquentes a été donné ; le médecin était libre d’en proposer d’autres. - Evaluation de la douleur : éventuelle utilisation d’échelles spécifiques d’intensité douloureuse ou de soulagement. - Distinction neuropathie et excès de nociception : avec ou sans l’aide d’outils validés. - Retentissement sur la qualité de vie : notamment l’utilisation de questionnaires validés. 22 2.5.3) Traitement. De nombreuses thérapies analgésiques étant à disposition du médecin généraliste, il était primordial de savoir les choix thérapeutiques, médicamenteux ou non, faits par les généralistes afin d’en comprendre les raisons. Il nous paraissait important de savoir à partir de quel moment il devenait difficile pour le médecin généraliste de gérer seul la douleur neuropathique diabétique, et vers qui il se tournait pour l’assister dans cette prise en charge. - Praticien initiant le traitement de 1ère intention : les généralistes ont-ils recours à un tiers (autre spécialité médicale ou centre de la douleur) pour débuter un traitement ? - Choix de traitement en 1ère intention : les praticiens utilisent-ils une classe d’antalgiques recommandée en 1ère intention fréquemment quand ils sont confrontés à la neuropathie diabétique douloureuse ? Les traitements proposés étaient les antalgiques des 3 paliers définis par l’OMS, les co-analgésiques, les antiépileptiques GABAergiques et non GABAergiques, les benzodiazépines, les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSNa), les tricycliques, les topiques locaux. - Attitude thérapeutique en seconde intention : le choix entre un changement de classe thérapeutique, une association médicamenteuse et (ou) un avis spécialisé. - Attitude thérapeutique en troisième intention : le choix entre un changement de classe thérapeutique, une association médicamenteuse et (ou) un avis spécialisé. - Traitement non médicamenteux : une liste non exhaustive de possibilités thérapeutiques était proposée. Parmi elles, étaient proposées la psychothérapie, la neurostimulation (TENS), la relaxation. Il était possible de proposer d’autres techniques. 23 - Attitude devant un éventuel effet indésirable : il était proposé un changement de classe thérapeutique, une autre molécule de même classe, et (ou) un avis spécialisé. Il était possible de proposer d’autres conduites à tenir. 2.5.4) Données personnelles des médecins. Les données recueillies sur les praticiens servaient à la description de l’échantillon. Elles nous ont permis également de déterminer d’éventuelles variables influant sur le choix de prescription. - Lieu d’exercice : 3 secteurs définis selon l’INSEE étaient proposés (rural, semirural, urbain). - Age : 5 tranches d’âge ont été définies afin de pouvoir comparer les habitudes de prescription en fonction de l’âge du médecin généraliste. - Type d’activité professionnelle : notamment l’activité hors cabinet. - Formations complémentaires : afin de préciser la formation médicale continue (FMC) suivie ou toute formation supplémentaire. Les généralistes ont été interrogés sur leurs attentes afin de déterminer d’éventuelles perspectives d’avenir pour améliorer la prise en charge des douleurs neuropathiques. Des tests statistiques ont été réalisés afin de déterminer si ces propositions d’amélioration pouvaient avoir un lien avec le lieu d’exercice du médecin interrogé (éventuel éloignement des centres anti-douleur et locaux de soirées FMC pour les praticiens exerçant en zone rurale ou semi-rurale). 24 2.6) Saisie des données et statistiques. Le questionnaire a été réalisé grâce au logiciel Microsoft Word 2010. Les réponses aux questionnaires ont été reportées dans un tableau au fur et à mesure à l’aide du logiciel Microsoft Excel. Le logiciel SPSS a été utilisé pour l’analyse des données et la réalisation des tests statistiques. Afin de comparer les variables qualitatives susceptibles d’influer sur le choix de prescription, le test du Chi-2 a été utilisé. Un test était considéré comme statistiquement significatif si la valeur du « p » était inférieure ou égale à 5%. L’avis à la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) n’était pas utile car le fichier répond aux critères de la circulaire numéro 2006-138 du 9 Mai 2006 (39). 25 III) RESULTATS. 3.1) Caractéristiques de l’échantillon. Le questionnaire a été envoyé à 600 médecins de la région Nord-Pas-de-Calais. Sur ces 600 questionnaires : - 512 ont été envoyés par courrier postal. - 87 ont été envoyés par e-mail aux formats Word, PDF et Open Office. - 1 a été rempli sur entretien téléphonique à la demande du praticien interrogé. Au total, 160 questionnaires ont été reçus. 6 ont été exclus pour réponses manquantes. 3 ont été exclus pour date limite de réception dépassée. 151 questionnaires ont pu être analysés, soit un taux de réponse de 25,2%. Sur les 151 questionnaires analysés : - 137 ont été reçus par courrier postal, soit un taux de réponse de 26,8%. - 13 ont été reçus par e-mail, soit un taux de réponse de 14,9%. 700 Nombre de questionnaires 600 500 400 Reçus 300 Envoyés 200 100 0 Courrier postal E-mail Téléphone Méthodes de réponses Total Figure 1 : Répartition des questionnaires selon la méthode d’envoi. 26 3.2) Caractéristiques des médecins interrogés. 3.2.1) Lieu d'exercice. Sur l’ensemble des médecins interrogés, la répartition selon le lieu d’installation était la suivante : - 10 en milieu rural. - 64 en milieu semi-rural. - 77 en milieu urbain. 60,00% 51% Pourcentage de médecins 50,00% 42,4% 40,00% 30,00% 20,00% 10,00% 6,6% 0,00% Rural Semi-rural Urbain Lieu d'exercice Figure 2 : Répartition des médecins interrogés selon le lieu d’exercice. 27 3.2.2) Tranche d’âge. La répartition selon les 4 tranches définies était la suivante : - 25 à 35 ans : 8 médecins. - 36 à 45 ans : 37 médecins. - 46 à 55 ans : 57 médecins. - 56 ans ou plus : 49 médecins. 40,00% 37,7% Pourcentage de médecins 35,00% 32,5% 30,00% 24,5% 25,00% 20,00% 15,00% 10,00% 5,3% 5,00% 0,00% 25-35 ans 36-45 ans 46-55 ans 56 ans et plus Age des médecins Figure 3 : Répartition des médecins généralistes interrogés selon leur âge. 28 3.2.3) Type d’activité. En plus de l’activité en cabinet, les médecins généralistes exerçaient parfois dans d’autres structures : - hôpital : 2 praticiens. - réseau de soins : 10 praticiens. - centre de la douleur : 1 praticien. - autres : 9 praticiens. Les autres secteurs d’activités regroupaient : - EHPAD : 2 médecins. - maison d’accueil spécialisée pour personnes handicapées : 2 médecins. - PMI et planning familial : 1 médecin. - médecin-pompier : 1 médecin. - médecine du travail : 1 médecin. - centre de santé associatif : 1 médecin. - non précisé : 1 médecin. 29 3.2.4) Formations complémentaires. Les différentes formations suivies étaient réparties ainsi : - diplômes universitaires (DU), capacités : 29 médecins. - journées et soirées FMC : 122 médecins. - autres : 36 médecins. Les autres formations complémentaires citées étaient : revues médicales (21 fois), internet (4 fois), congrès (2 fois), visiteurs médicaux, groupes qualité, formation à l’éducation thérapeutique personnalisé (ETP), enseignant du 3 ème cycle, acupuncture. 90,00% 80,7% Pourcentage de médecins 80,00% 70,00% 60,00% 50,00% 40,00% 30,00% 20,00% 23,8% 19,2% 10,00% 0,00% DU, capacités Soirées FMC Autres Formations médicales complémentaires Figure 4 : Formations complémentaires effectuées par les généralistes interrogés. 30 3.2.5) Estimation de la prévalence dans la patientèle des médecins interrogés. Parmi les différents praticiens interrogés : - 48 (31,8%) estimaient que moins de 10% de leur patientèle présentait un diabète de type 2. - 83 (55%) estimaient que 11 à 20% de leur patientèle présentait un diabète de type 2. - 19 (12,6%) estimaient que 21 à 40% de leur patientèle présentait un diabète de type 2. - 1 (0,7%) estimait que 41 à 60% de leur patientèle présentait un diabète de type 2. - 125 (82,8%) estimaient que moins de 20% de leurs patients diabétiques de type 2 étaient douloureux. - 23 (15,2%) estimaient que 21% à 40% de leurs patients diabétiques de type 2 étaient douloureux. - 3 (2%) estimaient que 41% à 60% de leurs patients diabétiques de type 2 étaient douloureux. 31 3.3) Diagnostic de la neuropathie diabétique douloureuse. 3.3.1) Moyens de dépistage possédés. Plusieurs outils de dépistages étaient proposés aux médecins généralistes : - interrogatoire : 144 généralistes étaient amenés à l’utiliser pour le dépistage. - pique-touche : 98 généralistes étaient amenés à l’utiliser pour le dépistage. - monofilament : 111 généralistes étaient amenés à l’utiliser pour le dépistage. - neuroesthésiomètre : aucun généraliste n’en possédait. - autres : 2 généralistes étaient amenés à employer d’autres moyens. L’autre méthode, citée 2 fois, était l’utilisation du diapason. Pourcentage de médecins 120,00% 100,00% 95,3% 73,5% 80,00% 64,9% 60,00% 40,00% 20,00% 0% 1,3% 0,00% Méthodes de dépistage de la neuropathie diabétique Figure 5 : Méthodes de dépistage de la neuropathie diabétique utilisées par les médecins interrogés. 32 3.3.2) Etiologies des douleurs des patients diabétiques selon les médecins interrogés. Les causes de douleurs chez le patient diabétique proposées étaient les suivantes : - secondaires à une amputation : 11 médecins. - artériopathie des membres inférieurs (AMI) : 91 médecins. - mal perforant plantaire : 61 médecins. - neuropathie douloureuse : 132 médecins. - autres : 5 médecins. L’autre cause fréquente répertoriée par les généralistes était l’arthrose en tant que comorbidité. 100,00% 87,4% 90,00% Pourcentage de médecins 80,00% 70,00% 60,2% 60,00% 50,00% 40,3% 40,00% 30,00% 20,00% 10,00% 7,2% 3,3% 0,00% Amputation AMI Mal perforant plantaire Neuropathie douloureuse Autres Etiologies des douleurs chez le patient diabétique de type 2 Figure 6 : Etiologies fréquentes de douleurs chez le patient diabétique selon les médecins interrogés. 33 3.3.3) Evaluation de l’intensité de la douleur. Sur l’ensemble des médecins interrogés, 76 utilisaient des échelles validées afin de déterminer l’intensité de la douleur. 127 se basaient sur l’interrogatoire. L’utilisation concomitante de l’interrogatoire et des échelles était réalisée par 52 médecins. 90,00% 84,1% Pourcentage de médecins 80,00% 70,00% 60,00% 50,3% 50,00% 40,00% 34,4% 30,00% 20,00% 10,00% 0,00% Interrogatoire Echelles Interrogatoire et échelles Méthodes d'évaluation de l'intensité douloureuse Figure 7 : Utilisation d’échelles validées dans l’évaluation de la douleur. 34 3.3.4) Distinction excès de nociception et neuropathie. 43 généralistes affirmaient utiliser des outils ou échelles validés afin de faire la différence entre douleur par excès de nociception et douleur neuropathique. 123 se fiaient à l’interrogatoire. Les généralistes utilisant les 2 méthodes étaient au nombre de 18. 90,00% 81,4% Pourcentage de médecins 80,00% 70,00% 60,00% 50,00% 40,00% 28,4% 30,00% 20,00% 11,9% 10,00% 0,00% Interrogatoire Echelles Interrogatoire et échelles Méthodes de différenciation entre excès de nociception et neuropathie Figure 8 : Utilisation d’échelles validées afin de distinguer le type de douleur. 3.3.5) Evaluation du retentissement sur la qualité de vie du patient. Les questionnaires spécifiques sur le retentissement de la douleur neuropathique sur la qualité de vie du patient diabétique étaient utilisés par 15 (10%) praticiens. 136 (90%) se basaient sur l’interrogatoire. Parmi ces médecins, 62 (45,6% d’entre eux) utilisaient le nombre d’activités de la vie quotidienne arrêtées pour cause de douleur. 35 3.4) Traitement de la douleur. 3.4.1) Prescripteur en 1ère intention. Le généraliste était l’initiateur d’un 1er traitement antalgique : - souvent pour 134 d’entre eux. - parfois pour 17 d’entre eux. - jamais pour aucun généraliste. Le patient était adressé à un centre de la douleur en 1ère intention : - souvent pour 2 médecins. - parfois pour 114 médecins. - jamais pour 35 médecins. Le généraliste avait recours à une autre spécialité médicale en 1ère intention : - souvent pour 4 généralistes. - parfois pour 121 généralistes. - jamais pour 26 généralistes. Les autres spécialités médicales sollicitées étaient : diabétologie-endocrinologie, neurologie, rhumatologie. 36 100,00% 90,00% 88,7% 80,1% 80,00% 75,5% Pourcentage de prescripteurs 70,00% 60,00% 50,00% Généraliste Centre de la douleur Autre spécialité 40,00% 30,00% 23,2% 20,00% 17,2% 11,3% 10,00% 2,6% 1,3% 0% 0,00% Souvent Parfois Jamais Fréquence de prescription en 1ère intention Figure 9 : Fréquence d’initiation d’un traitement de 1ère intention en fonction du prescripteur. 37 3.4.2) Traitement médicamenteux en 1ère intention. Antalgiques de palier 1 (paracétamol). Les généralistes utilisaient le paracétamol en 1ère intention : - souvent pour 98 d’entre eux. - parfois pour 33 d’entre eux. - jamais pour 20 d’entre eux. 70,00% 64,9% Pourcentage de prescripteurs 60,00% 50,00% 40,00% 30,00% 21,9% 20,00% 13,2% 10,00% 0,00% Souvent Parfois Jamais Fréquence de prescription Figure 10 : Utilisation du paracétamol en première intention par les généralistes interrogés. 38 Antalgiques de palier 2 (codéine, tramadol). Les médecins utilisaient un palier 2 en 1ère intention : - souvent pour 55 d’entre eux. - parfois pour 83 d’entre eux. - jamais pour 13 d’entre eux. 60,00% 55% Pourcentage de prescripteurs 50,00% 40,00% 36,4% 30,00% 20,00% 8,6% 10,00% 0,00% Souvent Parfois Jamais Fréquence de prescription Figure 11 : Utilisation d’un antalgique de palier 2 en 1 ère intention par les généralistes interrogés. 39 Antalgiques de palier 3 (opioïdes forts). Les praticiens utilisaient un palier 3 en 1ère intention : - souvent pour 1 d’entre eux. - parfois pour 65 d’entre eux. - jamais pour 85 d’entre eux. 60,00% 56,3% 50,00% Pourcentage de prescripteurs 43% 40,00% 30,00% 20,00% 10,00% 0,7% 0,00% Souvent Parfois Jamais Fréquence de prescription Figure 12 : Utilisation d’un antalgique de palier 3 en 1 ère intention par les généralistes interrogés. 40 Co-analgésiques (anti-inflammatoires non stéroïdiens et corticoïdes). Les généralistes utilisaient un co-analgésique en 1ère intention : - souvent pour 4 d’entre eux. - parfois pour 52 d’entre eux. - jamais pour 95 d’entre eux. 70,00% 62,9% Pourcentage de prescripteurs 60,00% 50,00% 40,00% 34,4% 30,00% 20,00% 10,00% 2,6% 0,00% Souvent Parfois Jamais Fréquence de prescription Figure 13 : Utilisation d’un co-analgésique en 1ère intention par les généralistes interrogés. 41 Antiépileptiques GABAergiques (gabapentine, prégabaline). Les médecins utilisaient un antiépileptique GABAergiques en 1ère intention : - souvent pour 76 d’entre eux. - parfois pour 59 d’entre eux. - jamais pour 16 d’entre eux. 60,00% 50,3% Pourcentage de prescripteurs 50,00% 39,1% 40,00% 30,00% 20,00% 10,6% 10,00% 0,00% Souvent Parfois Jamais Fréquence de prescription Figure 14 : Utilisation d’un antiépileptique GABAergique en 1ère intention par les généralistes interrogés. 42 Antiépileptiques non GABAergiques (lamotrigine, oxcarbazépine, carbamazépine). Les praticiens utilisaient un antiépileptique non GABAergiques en 1ère intention : - souvent pour 12 d’entre eux. - parfois pour 87 d’entre eux. - jamais pour 52 d’entre eux. 70,00% Pourcentage de prescripteurs 60,00% 57,6% 50,00% 40,00% 34,4% 30,00% 20,00% 10,00% 7,9% 0,00% Souvent Parfois Jamais Fréquence de prescription Figure 15 : Utilisation d’un antiépileptique non GABAergique en 1ère intention par les généralistes interrogés. 43 Benzodiazépines (clonazépam). Les généralistes utilisaient le clonazépam en 1ère intention : - souvent pour 6 d’entre eux. - parfois pour 72 d’entre eux. - jamais pour 73 d’entre eux. 60,00% Pourcentage de prescripteurs 50,00% 47,7% 48,3% Parfois Jamais 40,00% 30,00% 20,00% 10,00% 4% 0,00% Souvent Fréquence de prescription Figure 16 : Utilisation du clonazépam en 1ère intention par les généralistes interrogés. 44 IRSNa (duloxétine). Les médecins utilisaient les IRSNa en 1ère intention : - souvent pour 14 d’entre eux. - parfois pour 77 d’entre eux. - jamais pour 60 d’entre eux. 60,00% 51% Pourcentage de prescripteurs 50,00% 39,7% 40,00% 30,00% 20,00% 10,00% 9,3% 0,00% Souvent Parfois Jamais Fréquence de prescription Figure 17 : Utilisation d’un IRSNa en 1ère intention par les généralistes interrogés. 45 Tricycliques (clomipramine, imipramine, amitriptyline). Les praticiens utilisaient les tricycliques en 1ère intention : - souvent pour 10 d’entre eux. - parfois pour 77 d’entre eux. - jamais pour 64 d’entre eux. 60,00% 51% 50,00% Pourcentage de prescripteurs 42,4% 40,00% 30,00% 20,00% 10,00% 6,6% 0,00% Souvent Parfois Jamais Fréquence de prescription Figure 18 : Utilisation d’un tricyclique en 1ère intention par les généralistes interrogés. 46 Topiques locaux (emplâtre de lidocaïne). Les généralistes utilisaient les emplâtres de lidocaïne : - souvent pour 1 d’entre eux. - parfois pour 42 d’entre eux. - jamais pour 108 d’entre eux. 80,00% 71,5% 70,00% Pourcentage de prescripteurs 60,00% 50,00% 40,00% 27,8% 30,00% 20,00% 10,00% 0,7% 0,00% Souvent Parfois Jamais Fréquence de prescription Figure 19 : Utilisation d’un emplâtre de lidocaïne en 1 ère intention par les généralistes interrogés. 47 Traitement antalgique prescrit en 1ère intention Synthèse des traitements prescrits en 1ère intention. Emplâtre de lidocaïne Tricycliques IRSNa Benzodiazépines Autres antiépileptiques Antiépileptiques GABAergiques Co-analgésiques Palier 3 Palier 2 Palier 1 0,7% 6,6% 9,3% 4% 7,9% 50,3% 2,6% 0,7% 0,00% 36,4% 64,9% 10,00% 20,00% 30,00% 40,00% 50,00% 60,00% 70,00% Pourcentage de médecins prescrivant souvent la classe thérapeutique Figure 20 : Traitements souvent prescrits en 1ère intention par les généralistes interrogés. Pourcentage de prescripteurs 100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% Jamais 20% Parfois 10% Souvent 0% Traitement antalgique prescrit en 1ère intention Figure 21 : Récapitulatif des traitements antalgiques utilisés en 1ère intention par les généralistes interrogés. 48 3.4.3) Stratégie thérapeutique en 2ème intention (cf annexe 2). 90 (59,6%) généralistes choisissaient de changer de molécule en 2ème intention. 50 médecins effectuaient toujours un changement de classe thérapeutique. 10 médecins proposaient une autre classe thérapeutique ou une bithérapie. 13 médecins proposaient une autre classe thérapeutique ou (et) un avis spécialisé. 17 médecins choisissaient une ou plusieurs des 3 options selon le cas. 62 (41,1%) médecins choisissaient une bithérapie en 2ème intention. 28 généralistes utilisaient toujours une bithérapie. 7 généralistes utilisaient une bithérapie ou (et) demandaient un avis spécialisé. 63 (41,7%) praticiens demandaient un avis spécialisé. 26 médecins proposaient l’avis spécialisé sans modification thérapeutique. Les décisions de changement de molécule comportaient le plus souvent : - une augmentation de palier (citée 26 fois). - l’utilisation d’un antiépileptique GABAergique (citée 19 fois). Parmi les bithérapies proposées le plus souvent par les praticiens, on notait : - l’association antiépileptique GABAergique et tramadol (citée 8 fois). - l’association d’un palier 1 et d’un palier 2 (citée 5 fois). Les autres spécialités médicales souvent sollicitées en seconde intention étaient : - centre de la douleur (cité 18 fois). - neurologie (citée 17 fois). - endocrinologie-diabétologie (citée 6 fois). 49 35,00% 33,1% 30,00% Pourcentage de médecins 25,00% 20,00% 18,5% 17,2% 15,00% 11,3% 10,00% 8,6% 6,6% 4,6% 5,00% 0,00% Changement Bithérapie de molécule Avis Changement Changement Bithérapie et Changement spécialisé de molécule de molécule (ou) avis de molécule ou bithérapie et (ou) avis spécialisé ou bithérapie spécialisé et (ou) avis spécialisé Stratégie thérapeutique en 2ème intention Figure 22 : Stratégie thérapeutique en 2ème intention des généralistes interrogés. 50 3.4.4) Stratégie thérapeutique en 3ème intention (cf annexe 2). 31 (20,5%) généralistes choisissaient de changer de molécule en 3ème intention. 13 médecins effectuaient toujours un changement de classe thérapeutique. 3 médecins proposaient une autre classe thérapeutique ou une bithérapie. 4 médecins proposaient une autre classe thérapeutique ou (et) un avis spécialisé. 11 médecins choisissaient une ou plusieurs des 3 options selon le cas. 30 (19,9%) médecins choisissaient une bithérapie en 3ème intention. 9 généralistes utilisaient toujours une bithérapie. 7 généralistes utilisaient une bithérapie ou (et) demandaient un avis spécialisé. 126 (83,4%) praticiens demandaient un avis spécialisé. 104 médecins proposaient l’avis spécialisé sans modification thérapeutique. Les décisions de changement de molécule comportaient le plus souvent : - l’utilisation d’un antiépileptique GABAergique (citée 5 fois). - une augmentation de palier (citée 3 fois). - l’utilisation de morphiniques (citée 3 fois). Parmi les bithérapies proposées le plus souvent par les praticiens, on notait : - l’association antiépileptique GABAergique et tramadol (citée 4 fois). - l’ajout d’un IRSNa à la molécule prescrite précédemment (cité 2 fois). - l’ajout d’un morphinique à la molécule prescrite précédemment (cité 2 fois). 51 Les autres spécialités médicales souvent sollicitées en troisième intention étaient : - centre de la douleur (cité 34 fois). - neurologie (citée 30 fois). - endocrinologie-diabétologie (citée 14 fois). 80,00% 68,9% 70,00% Pourcentage de médecins 60,00% 50,00% 40,00% 30,00% 20,00% 10,00% 8,6% 7,3% 6% 2% 2,6% 4,6% 0,00% Changement Bithérapie de molécule Avis Changement Changement Bithérapie et Changement spécialisé de molécule de molécule (ou) avis de molécule ou bithérapie et (ou) avis spécialisé ou bithérapie spécialisé et (ou) avis spécialisé Stratégie thérapeutique en 3ème intention Figure 23 : Stratégie thérapeutique en 3ème intention des généralistes interrogés. 52 3.4.5) Traitement non médicamenteux. Sur les 151 généralistes interrogés, 80 (53%) utilisaient un traitement non pharmacologique. Sur ces 80 médecins : - 4 d’entre eux y avaient souvent recours d’emblée. - 55 d’entre eux y avaient parfois recours d’emblée. - 21 d’entre eux n’y avaient jamais recours d’emblée. 80,00% 68,75% 70,00% Pourcentage de médecins 60,00% 50,00% 40,00% 30,00% 26,25% 20,00% 10,00% 5% 0,00% Souvent Parfois Jamais Fréquence de prescription Figure 24 : Fréquence d’utilisation en 1ère intention d’un traitement médicamenteux par les généralistes interrogés utilisant ce type de traitement. 53 non Parmi les traitements non médicamenteux cités : - 31 praticiens préconisaient une psychothérapie. - 48 praticiens préconisaient la neurostimulation (TENS). - 23 praticiens préconisaient la relaxation. - 18 praticiens proposaient une autre technique. Les autres techniques proposées étaient : - la kinésithérapie (citée 6 fois). - l’acupuncture (citée 3 fois). - l’hypnose (citée 3 fois) - la mésothérapie (citée 3 fois). 70,00% 60% Pourcentage de prescripteurs 60,00% 50,00% 40,00% 38,75% 28,75% 30,00% 22,5% 20,00% 10,00% 0,00% Psychothérapie Neurostimulation Relaxation, sophrologie Autres Type de traitement non médicamenteux Figure 25 : Types de traitements médicamenteux proposés par les généralistes interrogés utilisant un traitement non médicamenteux. 54 3.4.6) Attitude en cas d’effet secondaire du traitement initié. 100 (66,2%) généralistes choisissaient de changer de molécule en cas d’effet indésirable. 59 médecins effectuaient toujours un changement de classe thérapeutique. 4 médecins proposaient une autre classe thérapeutique ou une autre molécule de même classe. 31 médecins proposaient une autre classe thérapeutique ou (et) un avis spécialisé. 6 choisissaient une ou plusieurs des 3 options selon le cas. 17 (11,3%) médecins choisissaient une molécule de même classe en cas d’effet indésirable. 5 généralistes utilisaient toujours une autre molécule de même classe thérapeutique. 2 généralistes utilisaient une autre molécule de même classe thérapeutique ou (et) demandaient un avis spécialisé. 79 (52,3%) praticiens demandaient un avis spécialisé. 40 médecins proposaient l’avis spécialisé sans modification thérapeutique. 55 45,00% Pourcentage de médecins 40,00% 39,1% 35,00% 30,00% 26,5% 25,00% 20,5% 20,00% 15,00% 10,00% 3,3% 5,00% 2,6% 4% 1,3% 0,00% Changement Molécule de Avis Changement Changement Molécule de Changement de molécule même classe spécialisé de molécule de molécule même classe de molécule ou molécule et (ou) avis et (ou) avis ou molécule de même spécialisé spécialisé de même classe classe et (ou) avis spécialisé Stratégie thérapeutique si effet indésirable Figure 26 : Conduite thérapeutique des généralistes interrogés face à des effets secondaires invalidants. Parmi les autres alternatives proposées par les généralistes, on retrouvait : - une prise en charge non médicamenteuse (citée 3 fois) - l’arrêt de tout traitement antalgique en attendant l’avis spécialisé (cité 2 fois). - une diminution de posologie (citée 1 fois). - une hospitalisation (citée 1 fois). 56 3.5) Pistes d’amélioration de la prise en charge de la douleur neuropathique diabétique. Les différentes propositions d’amélioration de prise en charge étaient : - Formation médicale à la prise en charge des douleurs neuropathiques diabétiques : 84 praticiens. - Accès à des informations actualisées : 59 praticiens. - Fournir des outils de dépistage : 10 praticiens. - Meilleure coordination avec les centres de la douleur : 80 praticiens. - Brochures d’informations remises aux patients : 34 praticiens. - Autres : 3 praticiens. Les autres propositions comportaient : l’éducation thérapeutique des patients douloureux (1 médecin), des thérapeutiques médicamenteuses plus efficaces (1 médecin). Pourcentage de médecins 60,00% 55,6% 52,9% 50,00% 39% 40,00% 30,00% 22,5% 20,00% 6,6% 10,00% 1,9% 0,00% Formation médicale Informations Outils Coordination avec les centres Brochures patients Autres Propositions d'amélioration Figure 27 : Propositions d’amélioration de prise en charge de la douleur neuropathique diabétique des généralistes interrogés. 57 Parmi les médecins interrogés, 57 (37,7%) étaient favorables à la mise en place de FMC sur le sujet. A noter, la demande d’une conduite à tenir synthétique à adopter face à la neuropathie diabétique douloureuse, voire la création de groupes qualités, d’un centre de référence. 3.6) Comparaison aux recommandations actuelles (16) du traitement de 1ère intention (cf annexe 3). Dans l’étude, on considérait un médecin suivant les recommandations actuelles s’il prescrivait souvent au moins l’une des 3 classes thérapeutiques recommandées en 1ère intention par la SFETD : antiépileptiques GABAergiques, tricyclique ou IRSNa. Au total, sur les 151 généralistes interrogés, 83 suivaient les recommandations, soit 55% des médecins interrogés. Tableau I : Répartition des généralistes suivant les recommandations de traitement en 1 ère intention selon la tranche d’âge. Moins de 45 ans 46 ans et plus Recommandations suivies Pourcentage parmi la 62,2% 51,9% tranche d’âge Recommandations non suivies Pourcentage parmi la 37,8% 48,1% tranche d’âge La proportion de médecins de moins de 45 ans suivant les recommandations n’était pas significativement supérieure à celle des médecins de 46 ans et plus (p=0,24). 58 Tableau II : Répartition des généralistes suivant les recommandations de traitement en 1ère intention selon le suivi de soirées FMC. Pas de soirée FMC Soirées FMC Recommandations suivies Pourcentage parmi la 48,3% 56,6% catégorie étudiée Recommandations non suivies Pourcentage parmi la 51,7% 43,4% catégorie étudiée La proportion de généralistes suivant des soirées FMC prescrivant selon les recommandations n’était pas significativement supérieure à celle des généralistes ne suivant pas ces formations (p=0,42). Tableau III : Répartition des généralistes suivant les recommandations de traitement en 1 ère intention selon le lieu d’exercice. Semi-rural ou rural Urbain Recommandations suivies Pourcentage parmi le lieu 52,7% 57,1% d’exercice Recommandations non suivies Pourcentage parmi le lieu 47,3% 42,9% d’exercice La proportion de praticiens exerçant en milieu urbain suivant les recommandations n’était pas significativement supérieure à celle des praticiens exerçant en milieu rural ou semi-rural (p=0,584). 59 3.7) Comparaison des différentes perspectives d’avenir selon le lieu d’exercice (cf annexe 3). Tableau IV : Répartition des généralistes désirant la mise en place de FMC selon le lieu d’exercice. Semi-rural ou rural Urbain Désir de mise en place de FMC sur le sujet Pourcentage parmi le lieu 58,1% 53,2% d’exercice Absence de désir de mise en place de FMC sur le sujet Pourcentage parmi le lieu 41,9% 46,8% d’exercice La proportion de médecins exerçant en milieu rural ou semi-rural désirant la mise en place de FMC n’était pas significativement supérieure à celle des médecins exerçant en milieu urbain (p=0,548). Tableau V : Répartition des généralistes désirant une meilleure coordination avec les centres antidouleur selon le lieu d’exercice. Semi-rural ou rural Urbain Désir de meilleure coordination de FMC avec les centres anti-douleur Pourcentage parmi le lieu 47,3% 58,4% d’exercice Absence de désir de meilleure coordination de FMC avec les centres anti-douleur Pourcentage parmi le lieu 52,7% 41,6% d’exercice La proportion de médecins exerçant en milieu urbain désirant une meilleure coordination avec les centres de la douleur n’était pas significativement supérieure à celle des médecins exerçant en milieu semi-rural ou rural (p=0,17). 60 IV) DISCUSSION. 4.1) Population étudiée et échantillon. 4.1.1) Réponse au questionnaire. Sur les 600 médecins interrogés, 160 ont répondu au questionnaire d’enquête, mais 9 réponses étaient inutilisables. 151 questionnaires ont donc pu être analysés, ce qui correspond à un taux de réponse de 25,2%. Ce taux nous parait satisfaisant car il dépasse le taux de réponse minimum de 20% habituellement admis. Les hypothèses avancées pour expliquer ce taux de réponse sont : - le fait que certains médecins (notamment ceux exerçant en cabinet de groupe) n’ont pas pu être contactés directement. - les généralistes interrogés évoquaient régulièrement le manque de temps pour répondre à ce type d’enquête. - certains avaient le sentiment d’être jugés sur leurs pratiques. - quelques praticiens ne se sentaient pas concernés par le sujet. La méthode de réponse par courrier postal était la plus couramment utilisée (90,7%). Les réponses par mail s’avéraient beaucoup moins fréquentes (8,6%). Les raisons de ce choix s’avèrent être les suivantes : - tous les médecins inclus n’ayant pas pu être contactés directement, seule leur adresse postale était connue. - certains praticiens se sentaient plus à l’aise avec un courrier standard qu’avec l’outil informatique. - quelques généralistes ont avoué avoir refusé de donner leur adresse mail de peur qu’elle soit divulguée et de recevoir du courrier indésirable. 61 Le taux de réponse était également plus important par courrier postal par rapport au courrier électronique (26,8% contre 14,9%). Ceci s’explique en grande partie par la diversité des logiciels de traitement de texte utilisés par l’ensemble des généralistes, avec parfois une incompatibilité entre les formats Word 2003, 2007 et 2010, Open Office et Acrobat Reader. Cette incompatibilité rendait parfois impossible pour le médecin interrogé de répondre au questionnaire, voire même parfois de le lire. Nous aurions dû utiliser un questionnaire en ligne afin d’éviter ce problème. Le questionnaire rempli par téléphone l’a été à la demande du praticien interrogé. 4.1.2) Age. La répartition des médecins de l’échantillon selon l’âge semble superposable à leur répartition dans la population. Malheureusement, la légère différence de tranche d’âge choisie dans le questionnaire ne nous permet pas de déterminer s’il existe une différence significative entre l’échantillon et la population (40). La différence la plus marquée concerne la plus jeune tranche d’âge qui reste moins importante dans l’échantillon. 37% 40,00% Pourcentage de médecins 35,00% 31,85% 30,00% 23% 25,00% 20,00% 15,00% 10,00% 8,15% 5,00% 0,00% 25-34 ans 35-44 ans 45-54 ans 55 ans et plus Tranches d'âge des médecins Figure 28 : Répartition des généralistes dans le Nord-Pas-De-Calais : adaptée de l’atlas régional de santé 2011 de l’ARS (40). 62 4.1.3) Formations complémentaires. La formation médicale continue est devenue aujourd’hui obligatoire pour l’ensemble des praticiens. Si la majorité des médecins interrogés déclarent suivre des réunions FMC, beaucoup actualisent leurs connaissances autrement (en particulier à l’aide de revues médicales) afin de se tenir notamment au courant des dernières recommandations de bonne pratique. 4.2) Limites de l’étude. Dans un premier temps, il existe un biais de sélection inévitable dû au choix de la méthode de recrutement de l’échantillon. Les généralistes interrogés ont été choisis au hasard dans un annuaire, aucune randomisation n’a été réalisée. Cependant, la répartition entre les 2 départements de la région était proche de la démographie médicale actuelle (38). La diffusion du questionnaire a créé également un biais de sélection, les généralistes n’ayant pas pu tous être contactés préalablement par téléphone. Le questionnaire a pu être rempli par un échantillon de médecins concernés par la problématique de l’étude. Une limite de cette étude est la sincérité des réponses. Le questionnaire a pu être rempli, non pas en fonction des pratiques réelles du médecin, mais pour donner des « bonnes réponses ». De nombreux facteurs peuvent expliquer ceci : volonté de répondre selon les recommandations établies afin de ne pas être jugé sur ses pratiques, choix habituel non proposé par le questionnaire, visiteurs médicaux récents… 63 Il existe un biais d’information pour le traitement antalgique de 1 ère intention concernant l’automédication. Celui-ci aurait pu être contourné si l’étude interrogeait les patients. Néanmoins, le but de ce type d’enquête est de se focaliser uniquement sur les habitudes de prescriptions effectuées par les médecins, sans tenir compte des variables liées au patient. 4.3) Forces de l’étude. La principale force de l’étude est de prendre en compte non seulement l’aspect thérapeutique mais plusieurs aspects de la prise en charge de la douleur : l’identification, l’évaluation, le traitement, l’évolution. Il prend en compte également des variables liées au médecin (âge, lieu d’activité, formation complémentaire). Le choix du questionnaire à réponses fermées a permis un gain de temps pour les praticiens interrogés ainsi qu’une saisie des données plus simple. Ce choix a également évité un biais d’interprétation des réponses. Un autre point fort de l’étude a été le nombre de réponses obtenues analysables (151 questionnaires) malgré le faible taux de réponse. Nous n’avons pas trouvé d’étude similaire dans la région, ni d’étude nationale sur la prise en charge de douleurs neuropathiques en médecine générale ambulatoire depuis les recommandations de la SFETD publiées en 2010 (16). 64 4.4) Comparaison aux données de la littérature. 4.4.1) Identification de la neuropathie diabétique. Dans notre étude, l’interrogatoire est presque systématiquement réalisé (95,3%) afin de rechercher la neuropathie diabétique douloureuse. Près de 3 quarts des médecins interrogés (73,5%), utilisent le test au monofilament et 64,9% utilisent le marteau réflexe (test du pique-touche). Le neuroesthésiomètre est bien évidemment jamais utilisé car réservé aux centres spécialisés (obligatoire pour tous les centres de référence de prise en charge des pieds diabétiques) selon les recommandations de l’HAS (41). Seulement 2 médecins ont cité le diapason afin de pouvoir tester la pallesthésie. Dans la littérature, le dépistage nécessite avant tout un interrogatoire précis et un examen systématique (27). L’interrogatoire doit rechercher une symptomatologie de repos, plus intense la nuit. La douleur est continue ou paroxystique, spontanée ou déclenchée par des stimuli divers. On s’attarde à rechercher les signes sensitifs suivants : - allodynie : sensation douloureuse provoquée par un stimulus normalement non douloureux ; on distingue l’allodynie thermique (chaud, froid) de l’allodynie mécanique (tact, pression légère). - hyperalgésie : exagération de la sensation douloureuse en réponse à un stimulus nociceptif. - dysesthésie : sensation anormalement désagréable, spontanée ou provoquée, mais non douloureuse (au contact de drap par exemple). - paresthésie : sensation anormale désagréable, spontanée ou provoquée, douloureuse ou non (picotement, fourmillement, froid par exemple). 65 Figure 29 : Principaux symptômes sensitifs de la douleur neuropathique (42). Souvent asymptomatique, elle peut passer inaperçue et être de diagnostic tardif si elle n’est pas systématiquement dépistée par la recherche des réflexes ostéotendineux, le pique-touche, le test au monofilament de 10 g et le test au diapason (43). Une anomalie du test au monofilament (sensibilité superficielle) ou au diapason (sensibilité profonde) révèle un stade déjà avancé de la polyneuropathie diabétique (27). Elle est longueur-dépendante et débute d’abord à l’hallux puis à la partie antérieure du pied. La disparition des réflexes ostéo-tendineux constitue un signe précoce de l’évolution de la maladie. Des tests quantitatifs au chaud et au froid (thermotesting) pourraient être envisagés en pratique clinique afin d’évaluer les petites fibres (C et A delta). Cependant les études de cohorte menées n’ont pas confirmé de lien entre la réduction de perception thermique et la symptomatologie 66 douloureuse de la neuropathie (44). Il existe actuellement peu de tests fiables pour l’exploration des petites fibres (9, 45). Des symptômes moteurs et neurovégétatifs doivent également être recherchés. La neuropathie motrice peut entraîner une atrophie des muscles interosseux, un déséquilibre entre fléchisseurs et extenseurs et une altération de la laxité ligamentaire (46). Ces déformations sont à l’origine des orteils « en griffe » suite à un hyperappui responsable d’une hyperkératose (risque de mal perforant plantaire). La neuropathie autonome provoque une diminution de la sudation favorisant l’hyperkératose et aboutit à la réduction de l’oxygénation tissulaire par ouverture de shunts artério-veineux pouvant conduire au pied de Charcot (47). Il n’est pas nécessaire d’avoir recours à des examens paracliniques, notamment à l’électroneuromyogramme (ENMG) qui objective les lésions des grosses fibres nerveuses, pour faire le diagnostic de neuropathie diabétique. Ce dernier n’est recommandé qu’en cas de discordance entre la clinique et l’étiologie supposée d’une neuropathie (41). 4.4.2) Etiologies des douleurs chez les patients diabétiques. L’étude montre que 87,4% des médecins interrogés pensent que la neuropathie diabétique douloureuse est l’une des principales causes de douleur chez le diabétique de type 2. Ce score particulièrement élevé a pu cependant être influencé par l’intitulé du questionnaire de thèse. L’artérite est considérée comme principale source de douleur pour 60,2% des généralistes interrogés. Le mal perforant plantaire et les douleurs post-amputation ont été mentionnés par respectivement 40,3% et 7,2% des praticiens ayant répondu. Une autre cause possible, citée 5 fois, est l’arthrose. 67 Les étiologies les plus fréquemment rencontrées selon un article de revue (42) sont les causes vasculaires, ostéo-articulaires et neuropathiques. La comorbidité arthrosique jouerait un rôle dans le développement et la sévérité de la douleur (48). Ces étiologies sont néanmoins souvent associées. 4.4.3) Echelles. Intensité de la douleur. On constate dans notre étude qu’environ la moitié des généralistes (50,3%) utilisent des échelles validées afin de déterminer l’intensité douloureuse. Ces outils, parfois remis en cause en médecine générale (49), sont faciles à utiliser, rapides et recommandés en pratique clinique (45), même en médecine ambulatoire, en particulier lorsqu’il s’agit de douleurs chroniques (50, 51). Elles sont de plusieurs types (cf annexe 4) : - échelle visuelle analogique (EVA) : permet à l’aide d’une réglette, avec une face patient et une face médecin, de déterminer l’intensité de la douleur ; elle permet également de déterminer le degré de soulagement lors de l’évaluation d’un traitement antalgique. - échelle numérique (EN) : le patient indique avec une note de 0 à 10 l’intensité de la douleur ou l’importance du soulagement de la douleur. - échelle verbale simple (EVS) : constituée de 4 ou 5 descripteurs d’intensité douloureuse ou d’importance de soulagement correspondant chacun à un score. L’intensité de la douleur doit être évaluée avant tout traitement et avant chaque modification de dose ou de traitement. La conduite à tenir thérapeutique dépend de l’intensité de la douleur et du degré de soulagement selon l’EVA (27). 68 A noter que le Questionnaire Concis sur les Douleurs (QCD), non spécifique, traduction française du Brief Pain Inventory (BPI), est validé dans la douleur neuropathique du diabète (52). Il permet notamment d’évaluer l’intensité douloureuse au moment présent mais aussi au cours de la semaine en cours (cf annexe 5). Pendant le suivi, il est primordial de toujours utiliser la même échelle. Dans les cas où les échelles d’auto-évaluation ne peuvent être utilisées (personne non communicante), les échelles comportementales ou d’hétéro-évaluation peuvent être utilisées (16). Caractère neuropathique de la douleur. En ce qui concerne la distinction entre douleur par excès de nociception et douleur neuropathique, les généralistes interrogés dans notre étude utilisent assez peu les différentes échelles validées (28,4% seules et 11,9% couplées avec l’interrogatoire). Ces outils de dépistage de la douleur neuropathique ne peuvent remplacer un examen clinique, mais ils ont été développés afin d’aider à repérer une composante neuropathique parmi des patients douloureux chroniques (53). Le questionnaire DN4 (cf annexe 6) peut être utilisé, selon l’HAS, pour diagnostiquer tout type de douleur neuropathique (41). Il est l’outil de dépistage actuellement recommandé en France (31). Il se compose de 10 items répartis en 4 grandes questions, 7 se basant sur l’interrogatoire et 3 sur l’examen clinique. La valeur seuil de positivité est de 4/10 avec une très bonne spécificité (89,9%) et une très bonne sensibilité (82,9%). Cet outil diagnostic français, rapide et simple d’utilisation, permet une meilleure identification de la douleur neuropathique (54). 69 Une version simplifiée (ne comportant que la partie interrogatoire), positif si supérieur ou égal à 3/7, peut être utilisée à visée épidémiologique. Elle conserve une bonne sensibilité (78%) et une bonne spécificité (81,2%). D’autres échelles ont été développées afin de quantifier plus précisément les symptômes douloureux de la douleur neuropathique. Le Neuropathic Pain Symptom Inventory (NPSI) validé en France (45) permet de quantifier les symptômes regroupés en 5 catégories : brûlure, douleur profonde, douleur paroxystique, douleur provoquée, paresthésies et dysesthésies (cf annexe 7). On peut citer d’autres questionnaires tels que : Leeds Assessment of Neuropathic Symptoms and Signs (LANSS), Neuropathic Pain Questionnaire (NPQ), PainDETECT (développé en Allemagne), Standardized Evaluation of Pain (StEP). Qualité de vie. Dans notre étude, seulement 10% des généralistes interrogés utilisent des questionnaires validés afin d’évaluer le retentissement de la douleur sur la qualité de vie du patient. Ces questionnaires sont peu connus et parfois un peu longs ou peu aisés à remplir. Un interrogatoire précis, dépendant de chaque praticien, est le plus souvent utilisé (90% des sujets ayant répondu). Les douleurs neuropathiques, de par la permanence des douleurs, diminuent sensiblement la qualité de vie des patients (33). On retrouve de nombreux questionnaires élaborés afin de quantifier ce retentissement psycho-social. L’échelle la plus fréquemment utilisée et validée dans les douleurs des patients diabétiques est l’échelle SF-12 (55), forme abrégée du SF-36 (cf annexe 8). En plus d’évaluer l’intensité douloureuse, le QCD présente également une partie sur le retentissement de la douleur dans 7 catégories : activité générale, sommeil, 70 relations sociales, humeur, goût de vivre, marche, travail habituel. Le QCD est simple, sensible au changement et validé dans les douleurs neuropathiques diabétiques et post-zostériennes (52, 56). Pour évaluer les comorbidités associées, l’échelle HAD permet d’apprécier l’intensité des symptômes anxieux et dépressifs (16). A noter, une échelle de qualité de vie appelée Neuropathic Pain Impact on Quality of Life (NePIQol), a été spécifiquement validée pour les patients atteints de douleurs neuropathiques (57). 4.4.4) Traitement de 1ère intention. Prescripteurs. L’étude objective 88,7% des généralistes initialisant souvent le traitement antalgique de 1ère intention. Les autres spécialités médicales, notamment neurologie et endocrinologie, ainsi que les centres de la douleur ne sont que parfois sollicités en 1ère intention. Le médecin généraliste intervient dans leur prise en charge précoce afin d’éviter une chronicisation aux répercussions psycho-sociales non négligeables (4). La douleur neuropathique est plus efficacement prise en charge par une approche multidisciplinaire mais un traitement peut être initié en soins primaires (58). Selon les recommandations, le recours à un spécialiste ne doit être effectué qu’en cas de difficultés ou incertitudes diagnostiques (59). Un avis thérapeutique complémentaire peut être demandé si (16, 51, 59): - le traitement est fréquemment modifié. - une évaluation de la prise en charge est nécessaire (pertinence, efficacité, effets secondaires). 71 - on aboutit à un échec de traitement par morphiniques à des doses équivalentes à 120 mg de morphine par jour. - un sevrage du traitement est envisagé mais s’avère de réalisation difficile. - nécessité d’un soulagement urgent (intensité des douleurs et comorbidités psychiatriques sévères). - échec d’un traitement bien conduit (soulagement de moins de 30% de l’intensité douloureuse, inefficacité thérapeutique) aux doses maximales tolérées ou si effets indésirables de plusieurs classes. - abus médicamenteux. - litiges ou facteurs socioprofessionnels prédominants. En théorie, sauf circonstances exceptionnelles, l’avis spécialisé ne doit jamais être demandé en 1ère intention. Antalgiques de palier 1. Dans notre étude, le paracétamol est la molécule la plus utilisée en 1 ère intention : 64,9% des généralistes (2/3 environ des généralistes) l’utilisent souvent en 1ère intention. Cette prescription peut s’expliquer pour plusieurs raisons : molécule largement prescrite dans les douleurs les plus courantes, d’indications larges, bien tolérée à posologies usuelles, facilement maniable, de faible coût et disponible en automédication. Le paracétamol est indiqué dans le traitement symptomatique des douleurs d’intensité légère à modérée (60). Malgré ces nombreux avantages et son indication dans les douleurs nociceptives, il n’est pas recommandé en 1ère intention dans les douleurs neuropathiques car il n’a que très peu d’effets sur ce type de douleur (4, 8, 72 16, 31). Le paracétamol peut avoir un intérêt en cas de douleurs nociceptives associées (58) ou parfois en cas de douleurs peu intenses avec EVA<30/100 (27). Les douleurs neuropathiques sont cependant souvent d’intensité modérée, voire sévère (42). Le paracétamol n’est donc pas, malgré sa fréquence de prescription, une molécule adaptée en 1ère intention pour le traitement de la douleur neuropathique, quelle que soit son étiologie. Antalgiques de palier 2. Les antalgiques de palier 2 sont représentés, depuis le retrait du dextropropoxyphène, par 2 opioïdes faibles : le tramadol et la codéine. Dans l’étude, ils sont souvent utilisés en 1ère intention dans 1/3 des cas (36,4%) et parfois utilisés dans la moitié des cas (55%). Leur prescription moins fréquente que le paracétamol peut s’expliquer par leurs effets indésirables : constipation, nausées, vomissements, somnolence ; ainsi qu’un abaissement du seuil épileptogène, céphalées, sécheresse buccale, dysurie, confusion chez le sujet âgé, pour le tramadol (16). Ils sont largement prescrits en cas de douleur d’intensité modérée ou en cas d’inefficacité du paracétamol avec lequel ils sont fréquemment associés. La codéine est indiquée dans le traitement symptomatique des douleurs d’intensité modérée à intense (61). Son efficacité n’a pas été prouvée dans les douleurs neuropathiques. Le tramadol possède l’AMM dans le traitement des douleurs modérées à sévères (62). Il possède la particularité d’avoir une action monoaminergique en plus de son effet opioïde. Son efficacité dans la douleur neuropathique, seul ou en association 73 avec le paracétamol, a été prouvée dans des études de grade A. Il aurait un effet possible sur l’allodynie (63, 64). Il possède l’avantage d’agir sur les douleurs nociceptives et trouve son intérêt dans les douleurs dites « mixtes ». Néanmoins, ses effets secondaires sont responsables d’arrêts thérapeutiques fréquents et il n’améliore pas les comorbidités anxieuses et dépressives (16). Il peut être débuté à doses faibles avec des formes à libération immédiate : 50 mg/j puis augmentation par paliers de 50 mg/j tous les 4 à 7 jours ; pour une dose maximale de 400 mg/j en 2 prises (300 mg/j pour les plus de 75 ans) (16, 27). La codéine n’est donc pas adaptée en 1ère intention. Le tramadol possède un intérêt en 3ème intention (27) ou en 1ère intention si une composante nociceptive est associée. Antalgiques de palier 3. Les morphiniques sont rarement prescrits en 1ère intention. L’étude nous montre que moins de la moitié des généralistes (43%) l’utilisent parfois en 1ère intention et plus de la moitié (56,3%) ne l’utilisent jamais d’emblée. Ces traitements nécessitent une titration et sont moins maniables en ambulatoire que les antalgiques de paliers inférieurs. Leur prescription est limitée à 28 jours et nécessite une ordonnance sécurisée. Il est nécessaire de bien faire comprendre au patient l’utilisation des formes dites « à libération prolongée » et « à libération immédiate ». Les effets secondaires sont nombreux : constipation (prescription systématique de laxatifs), nausées, vomissements, somnolence, prurit, rétention urinaire, confusion, dépression respiratoire, sevrage, anorexie, flou visuel, troubles cognitifs, sécheresse buccale, vertiges (16). Ceux-ci sont responsables d’arrêts fréquents de traitement 74 (27). Ils sont souvent prescrits en dernier recours en cas de douleurs résistantes aux antalgiques usuels ainsi que dans les douleurs d’origine cancéreuse. La morphine possède l’AMM pour le traitement symptomatique des douleurs persistantes intenses ou rebelles aux autres analgésiques (65). L’oxycodone, la morphine et la méthadone sont efficaces dans la douleur neuropathique ; en particulier, diabétique et post-zostérienne, selon une étude de grade A (66). Il faut cependant respecter les précautions d’emploi et effectuer une titration individuelle car les doses efficaces nécessaires sont souvent élevées. On peut débuter la morphine avec une forme retard entre 10 à 30 mg/j en 2 prises avec interdoses puis augmenter tous les 2 à 3 jours (16). Les opioïdes forts possèdent, comme le tramadol, un effet sur une composante nociceptive éventuelle associée (16). Ils sont à réserver en cas d’échec des traitements usuels. Co-analgésiques. Les plus utilisés sont les AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens) et les corticoïdes. Ils sont encore largement prescrits en médecine générale pour diverses étiologies mais ne sont pas dénués d’effets indésirables. Selon notre étude, ils sont très peu utilisés dans les douleurs neuropathiques. Pratiquement jamais utilisés en 1ère intention, ils sont parfois prescrits par 1/3 des praticiens (34,4%) voire jamais pour 2/3 d’entre eux (62,9%). Les AINS constituent un large panel de molécules différentes. Le kétoprofène et l’ibuprofène sont souvent prescrits en médecine générale, parfois au-delà de leurs 75 indications bien précises : indications rhumatologiques pour le kétoprofène (67) et crises migraineuses pour l’ibuprofène (68). Ils possèdent de nombreux effets indésirables à ne pas négliger : infections, ulcère digestif, allergies, insuffisance rénale aigüe fonctionnelle, hémorragie, nausées. Leur efficacité dans les douleurs neuropathiques n’a pu être établie (16, 31). Le corticoïde le plus souvent prescrit en médecine générale est la prednisolone. Ils possèdent l’AMM dans de nombreuses étiologies pour leurs propriétés antiinflammatoires, mais pas pour la douleur neuropathique (69). Leurs effets secondaires ne sont pas négligeables: déséquilibre du diabète, obésité faciotronculaire, rétention hydro-sodée et hypokaliémie, infections, cataracte, ostéoporose et ostéonécrose aseptique, insuffisance surrénale, modifications hématologiques. Les co-analgésiques, notamment les anti-inflammatoires, n’ont pas leur place dans le panel de traitement des douleurs neuropathiques. Antiépileptiques GABAergiques. Notre étude montre une prescription d’antiépileptiques GABAergiques assez fréquente. Ils sont souvent choisis en traitement de 1ère intention pour la moitié des généralistes interrogés (50,3%) ; seulement 10,6% des médecins de l’étude ne les prescrivent jamais d’emblée. Cette classe comporte 2 molécules principales : la gabapentine et la prégabaline. Les principaux effets indésirables sont : somnolence, asthénie, sensation vertigineuse, nausées, anorexie, sécheresse buccale, céphalées, œdèmes périphériques et prise de poids (16, 70). Ces effets sont dosedépendants pour la prégabaline mais le rapport efficacité/effets indésirables est modeste et le service médical rendu (SMR) est important (8, 70). 76 Cette classe thérapeutique possède un effet antalgique lié à la fixation du produit sur une sous-unité (alpha 2-delta) d’un canal calcique voltage-dépendant inhibant la transmission par le glutamate et stimulant la transmission GABAergique inhibitrice (8, 27). Ils ont un intérêt sur l’amélioration de la qualité de vie, notamment par diminution des troubles anxieux et du sommeil (71). La gabapentine possède l’AMM dans les douleurs neuropathiques périphériques (16), notamment les douleurs post-zostériennes (72). Son efficacité dans les douleurs neuropathiques périphériques a été prouvée par des études de grade A (73, 74). Aucune relation dose-effet n’a été démontrée du fait d’une absorption digestive par un mécanisme de transport saturable, d’où la nécessité de fortes posologies et de fractionner les prises (16, 27). La titration doit être lente, on peut débuter à 300 mg/j en 3 prises et augmenter par paliers de 300 mg/j tous les 7 jours pour une dose efficace entre 1200 et 3600 mg/j (8, 16, 27). Une adaptation chez l’insuffisant rénal et le sujet âgé est nécessaire : début à 100 mg/j, paliers de 100 mg/j (16). L’arrêt du traitement doit être progressif (27). La prégabaline, plus récente, possède l’AMM dans les douleurs neuropathiques périphériques et centrales (75). Son efficacité dans les douleurs neuropathiques, notamment diabétiques, a été prouvée par des études de grade A (76-78). De plus, elle aurait un possible effet sur l’allodynie mécanique au frottement (79). Elle possède une plus grande affinité avec les canaux calciques et une meilleure biodisponibilité que la gabapentine (59). Son efficacité est dose-dépendante (8, 70) et le meilleur taux de réponse est obtenu à posologie maximale (70, 76). La titration, plus rapide que pour la gabapentine, peut se faire en débutant à 150 mg/j en 2 prises puis en augmentant tous les 3 à 7 jours de 150 mg/j jusqu’aux doses efficaces retenues de 300 à 600 mg/j (27, 70). La posologie doit prendre en compte l’âge et la fonction rénale : on peut débuter, si besoin, à 50 mg/j en 2 prises et augmenter par 77 paliers de 25 mg/j (16, 70). L’arrêt doit être progressif, sur au moins 1 semaine (27, 70). L’effet étant inconstant à 150 mg/j, le but est de viser au minimum une posologie de 300 mg/j pour obtenir une efficacité (80). L’un de ses inconvénients reste son coût plus élevé (1,60 à 3,35 euros journaliers). Les antiépileptiques GABAergiques sont, à juste titre, prescrits assez fréquemment en 1ère intention. Ils sont efficaces sur la douleur neuropathique diabétique tout en améliorant la qualité de vie des patients et restent bien tolérés. Autres antiépileptiques. Les antiépileptiques non GABAergiques ne sont que rarement initiés par le généraliste. La 1ère prescription est faite dans la majorité des cas par un spécialiste (neurologie) et en milieu hospitalier. Dans l’étude, ils ne sont jamais prescrits dans 34,4% des cas, parfois dans 57,6% des cas et souvent dans 7,9% des cas. Le plus connu est la carbamazépine utilisée dans la névralgie du trijumeau mais dont la prescription ne peut se faire sans ECG et biologie préalable. Elle possède l’AMM dans les douleurs neuropathiques (81) mais son efficacité n’a été suggérée que dans d’anciennes études de faible niveau scientifique de grade C (79). Ce puissant inducteur enzymatique possède des interactions médicamenteuses et de nombreux effets indésirables : hépatites, hyponatrémie, agranulocytose, syndrome de StevensJohnson, troubles cognitifs, troubles de conduction (27). La lamotrigine et l’oxcarmabazépine ont montré une efficacité modeste dans la douleur neuropathique ; de graves effets indésirables limitent leur utilisation (27, 79) : 78 réactions cutanées, agranulocytose, hypersensibilité. Ils n’ont pas l’AMM dans les douleurs neuropathiques (82, 83). La dépakine et le topiramate n’ont pas fait la preuve de leur efficacité dans cette indication (27, 31). Les antiépileptiques non GABAergiques ne sont pas un traitement de choix en 1ère intention pour la douleur neuropathique diabétique du fait de la balance bénéficesrisques défavorable. Leur prescription relève d’autres spécialités médicales. Benzodiazépines. Le clonazépam est une benzodiazépine autrefois souvent prescrite en France dans les douleurs neuropathiques. Dans l’étude, seulement 4% des généralistes l’utilisent encore souvent, 47,7% parfois et 48,3% ne le prescrivent jamais en 1ère intention. Leur fréquence de prescription a fortement diminuée depuis l’obligation de prescription sur ordonnance sécurisée depuis le 6 septembre 2011 (84). Cette exception française n’a fait l’objet d’aucune preuve d’efficacité (16, 27). Le clonazépam ne possède d’ailleurs pas l’AMM dans les douleurs neuropathiques. Une seule ancienne étude de faible niveau de preuve de grade C (85) a démontré son efficacité. Son intérêt réside dans sa forme galénique en gouttes et son action anxiolytique et sédative (16, 27). Le clonazépam a longtemps été considéré en France, à tort, comme un traitement de 1ère intention des douleurs neuropathiques. Cette benzodiazépine expose le patient à des risques de dépendance physique, psychique et de syndrome de sevrage à l’arrêt du traitement ; d’où sa récente réglementation de prescription en tant que stupéfiant. 79 IRSNa. Ces antidépresseurs ne sont que peu prescrits en 1ère intention dans la douleur neuropathique diabétique selon notre étude. Moins d’1 généraliste sur 10 (9,3%) les prescrit souvent en 1ère intention, 51% des praticiens parfois, 39,7% jamais. Leurs effets indésirables sont : troubles gastro-intestinaux, anorexie, somnolence, sueurs, sensation vertigineuse. Ils sont à éviter dans l’insuffisance hépatique et l’HTA non contrôlée (16, 27). La venlafaxine et la duloxétine ont prouvé leur efficacité dans des études de grade A sur la douleur neuropathie diabétique (86, 87). En revanche, aucune étude n’a démontré l’efficacité des IRSNa dans les autres étiologies de douleurs neuropathiques (16). Seul la duloxétine possède l’AMM dans la douleur neuropathique diabétique (88, 89). La titration de la duloxétine débute à 30 mg/j pendant 7 jours et peut atteindre 120 mg/j maximum en augmentant par paliers de 30 à 60 mg/j. Cependant l’effet maximum est atteint vers 60 mg/j et les effets indésirables sont doses-dépendants. La posologie se doit d’être adaptée chez les insuffisants rénaux (16, 27). Un des avantages de ce traitement est d’améliorer sensiblement la qualité de vie des patients en améliorant le sommeil, la dépression et l’anxiété généralisée (16, 90). La duloxétine est un bon choix de traitement en 1 ère intention de la douleur neuropathique diabétique. Néanmoins, les effets indésirables, bien que mineurs, et la contre-indication relative dans l’HTA mal contrôlée peuvent limiter son utilisation (27, 90). Il n’est pas recommandé de l’utiliser dans les autres étiologies de neuropathie. 80 Tricycliques. Utilisés à doses plus faibles que dans la dépression, notre étude n’objective que très peu de prescriptions dans l’indication de douleur neuropathique diabétique, malgré leur ancienneté. 6,6% des praticiens interrogés les prescrivent souvent en 1ère intention, 51% parfois et 42,4% jamais. Les nombreux effets indésirables cholinergiques, adrénolytiques et sédatifs peuvent expliquer leur faible fréquence de prescription (8, 27) : hypotension orthostatique, constipation, somnolence, troubles de l’accommodation, sueurs, tachycardie, troubles mictionnels. Ils sont à éviter si le patient présente un glaucome à angle fermé, un obstacle urétéro-prostatique, un infarctus du myocarde récent ou un abaissement du seuil épileptogène (16). Leur effet antalgique est indépendant de leur effet antidépresseur, par inhibition de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline associée à une action antagoniste sur les récepteurs NMDA (27, 91). Les dérivés imipraminiques comme l’amitriptyline, l’imipramine et le clomipramine possèdent l’AMM dans les douleurs neuropathiques (92, 93). Des études randomisées et contrôlées ont montré leur efficacité dans la douleur neuropathique d’étiologie diverse (94, 95). L’efficacité est comparable entre ces 3 molécules (27) mais les effets anticholinergiques et la prise de poids sont plus importants avec l’amitriptyline (96). Il est conseillé de débuter la titration à faible posologie le soir : 10 à 25 mg. On augmente par paliers de 5 à 25 mg/j selon l’âge et la fonction rénale pour aboutir à une dose maximale de 75 à 150 mg/j (300 mg pour l’imipramine) en 1 à 2 prises (16, 27). Malgré les nombreux effets indésirables dose-dépendants (27), cette classe thérapeutique a l’avantage d’être efficace à doses faibles, dès 25 mg/j (16). Leur coût journalier est très faible : de 0,52 à 0,89 euros journaliers (70). Les tricycliques ont un effet sur les comorbidités anxio-dépressives de la douleur mais à 81 doses plus élevées (supérieures à 75 mg/j) ; l’amitriptyline permet une amélioration des troubles du sommeil (16). Les tricycliques constituent un choix pertinent de traitement en 1ère intention de la douleur neuropathique diabétique. Peu coûteux et d’utilisation ancienne, ils peuvent cependant être source de nombreux effets indésirables limitant leur prescription par les généralistes. Topiques. Les emplâtres de lidocaïne, dont l’autorisation de 1 ère prescription par le généraliste est récente, ne sont quasiment jamais utilisés dans le traitement de la douleur neuropathique diabétique. Seul 1 médecin a affirmé les prescrire souvent en 1ère intention ; 27,8% des généralistes les utilisent parfois et 71,5% ne les utilisent jamais dans cette indication. Ils ne possèdent que peu d’effets indésirables, essentiellement locaux : prurit, irritation, allergie. Ils possèdent l’AMM dans la douleur neuropathique post-zostérienne (97). En effet, leur action locale n’a que peu d’utilité dans une douleur neuropathique diffuse telle que la neuropathie diabétique. Peu utiles dans la douleur neuropathique diabétique, les emplâtres de lidocaïne trouvent leur intérêt dans les étiologies de neuropathie localisée, en particulier si les traitements systémiques sont contre-indiqués (16). 82 Synthèse des traitements utilisés en 1ère intention (16, 27). Dans notre étude, les antalgiques les plus souvent utilisés en 1 ère intention dans la douleur neuropathique diabétique sont le paracétamol (64,9%) et les antiépileptiques GABAergiques (50,3%). On peut citer également les antalgiques de palier 2 prescrits dans une moindre mesure (36,4%). Les antalgiques utilisés habituellement dans la douleur nociceptive ne sont que peu efficaces dans la douleur neuropathique. Ils ne sont intéressants qu'en cas de douleur « mixte » ou nociceptive associée. La seule exception s’avère être le tramadol de par son action monoaminergique mais il n’est pas recommandé en 1ère intention. Les antiépileptiques GABAergiques, bien que plus coûteux, sont efficaces sur la douleur neuropathique et les comorbidités associées. Leur SMR élevé et leur sécurité d’emploi en font une classe thérapeutique de choix en 1 ère intention. Les autres molécules proposées dans l’étude ne sont souvent utilisées que par moins de 10% des médecins interrogés. Si certaines sont peu prescrites à juste titre, on remarque que 2 classes thérapeutiques recommandées ne sont que très peu utilisées : les tricycliques (souvent pour 6,6% des généralistes) et les IRSNa (souvent pour 9,3% des praticiens). Les IRSNa sont avant tout utilisés dans le traitement des épisodes dépressifs et leur indication dans la douleur neuropathique (uniquement d’étiologie diabétique) est plus récente. Les tricycliques ne sont que très peu utilisés malgré leur faible coût et leur efficacité reconnue depuis de nombreuses années. Ces résultats peuvent s’expliquer par les 83 effets indésirables non négligeables, bien que dose-dépendants et limités par la titration individuelle (16, 27). Les tricycliques et les antiépileptiques GABAergiques sont utiles aussi bien dans la douleur continue que paroxystique (80). Ils ont une efficacité équivalente (98) bien que modeste (16). Plusieurs études de grade A n’ont pas montré de différence significative entre ces 2 classes thérapeutiques (99, 100). La duloxétine n’a pas été comparée aux antiépileptiques GABAergiques, une méta-analyse a néanmoins conclu à une efficacité similaire (27, 101). Le traitement recommandé en 1ère intention dans la neuropathie diabétique douloureuse est : un tricyclique, un antiépileptique GABAergique ou la duloxétine. 55 % des généralistes interrogés suivent ces recommandations. Leur choix se fait en fonction du patient et de ses comorbidités. Les tricycliques sont moins coûteux, efficaces à plus faibles doses mais possédant plus d’effets indésirables. Les antiépileptiques GABAergiques et les IRSNa bénéficient d’une meilleure sécurité d’emploi (16, 100). Celle-ci semble être le principal critère de choix de prescription des généralistes ayant participé à l’étude. L’aspect économique ne paraît pas être le facteur le plus déterminant dans le choix du traitement. 4.4.5) Stratégie thérapeutique de 2ème intention. L’étude objective que le principal choix des généralistes en cas d’inefficacité du traitement de 1ère intention est de changer de molécule (59,6%). Les molécules choisies secondairement sont le plus souvent un antalgique de palier plus élevé, ou un antiépileptique GABAergique. Certains praticiens (41,1%) envisagent une bithérapie. Les différentes associations proposées sont très variées. 84 Un avis spécialisé peut être demandé par 41,7% des généralistes. Pour 17,2% des généralistes, le traitement n’est pas modifié en attendant la consultation spécialisée. Les patients sont plutôt redirigés vers un centre de la douleur ou un neurologue ; plus rarement, un diabétologue. En théorie, les recommandations HAS et de la SFETD (cf paragraphe 4.4.4) concernant le recours à avis spécialisé impliquent des situations particulières rarement présentes en seconde intention. Exceptées en cas de douleurs intenses ou si les facteurs psycho-sociaux s’y prêtent, l’avis spécialisé n’est pas nécessaire en 2ème intention. L’attitude à adopter est (27, 41) : - si inefficacité (intensité douloureuse > 3/10 et diminution de moins de 30% de la douleur à la dose maximale tolérée), choisir une autre classe thérapeutique parmi celles recommandées en 1ère intention. - si efficacité partielle (diminution de plus de 30% de la douleur mais intensité douloureuse > 3/10 à la dose maximale tolérée), envisager une bithérapie. Les associations à privilégier (16) sont : - tricyclique et antiépileptique GABAergique. - IRSNa et antiépileptique GABAergique. - antiépileptique GABAergique et tramadol. Il est conseillé d’éviter certaines associations (notamment risque de syndrome sérotoninergique) : - tramadol et antidépresseurs. - 2 antidépresseurs de même classe. 85 4.4.6) Stratégie thérapeutique de 3ème intention. Dans l’enquête, la plupart des généralistes (83,4%) demandent un avis spécialisé en 3ème intention. 68,9% des médecins interrogés ne modifient plus le traitement avant d’obtenir l’avis. Peu de praticiens modifient seuls le traitement antalgique après 2 échecs de traitement. L’avis spécialisé s’avère licite après plusieurs modifications dans la mesure où le traitement a été bien conduit (cf paragraphe 4.4.4). Un traitement par opioïdes (tramadol voire paliers 3) peut être envisagé (27). 4.4.7) Règles de prescription des traitements dans la douleur neuropathique (16). L’instauration du traitement se fait à faibles doses puis par augmentation progressive par paliers jusqu’à une posologie efficace et tolérable (titration individuelle). Le traitement dure minimum 6 mois à doses stables et impose une diminution progressive de la posologie. Il est également nécessaire de prendre en charge les autres étiologies douloureuses associées, ainsi que les comorbidités anxiodépressives induites par la douleur chronique. Dans le cas de la neuropathie diabétique, il parait évident d’obtenir un contrôle glycémique optimal afin de ralentir l’évolution de la neuropathie. L’amélioration de l’équilibre glycémique n’influe cependant aucunement sur la composante douloureuse (102). La normalisation trop rapide des glycémies pourrait même entraîner une augmentation de la douleur (27). 86 Figure 30 : Algorithme décisionnel du traitement médicamenteux de la douleur neuropathique diabétique (27). 4.4.8) Traitement non médicamenteux. Sur les 151 médecins interrogés, 53% affirment avoir recours à un traitement non pharmacologique. Seuls quelques praticiens l’utilisent souvent d’emblée. Il n’est utilisé que parfois en 1ère intention (68,75%). Au 1er rang, on retrouve la neurostimulation transcutanée (TENS), puis la psychothérapie. Ces 2 thérapeutiques ne possèdent qu’une présomption d’efficacité (16). La neurostimulation n’est utilisée qu’après avis spécialisé. La psychothérapie, en particulier cognitivo-comportementale, est possiblement efficace sur ce type de douleur notamment en cas d’anxiété associée. 87 Malgré l’absence d’étude prouvant l’efficacité de ces traitements, le TENS et la psychothérapie peuvent trouver leur place dans certaines situations, associés au traitement médicamenteux usuel. 4.4.9) Effets indésirables. L’étude montre que l’attitude la plus fréquemment adoptée en cas d’effets secondaires invalidants du traitement, est le changement de classe thérapeutique et (ou) la demande d’avis spécialisé. Un accord professionnel (16) conseille de substituer par un antalgique d’efficacité prouvée si la thérapeutique initiale est pourvoyeuse d’effets indésirables importants. 4.5) Facteurs associés aux pratiques. L’un des intérêts de ce travail était d’émettre des hypothèses sur les probables facteurs pouvant expliquer les variations de prescriptions d’un généraliste à l’autre. Certaines tendances ont pu être visualisées : - les médecins généralistes se conformant aux recommandations actuelles sont plutôt jeunes, investis dans la FMC, et exerçant en milieu urbain. - les praticiens travaillant en milieu urbain sont plus volontiers intéressés par une meilleure coordination avec les centres anti-douleur (58,4%) tandis que leurs confrères exerçant en milieu rural ou semi-rural seraient plutôt demandeurs de formation médicale sur le sujet (58,1%). 88 Les résultats n’étant pas significatifs, on ne peut conclure à l’existence d’aucun lien statistique. 4.6) Perspectives. L’étude que nous avons choisi de mener était une enquête de pratiques descriptive permettant de dresser un bilan global de la prise en charge de la neuropathie diabétique douloureuse dans la région Nord-Pas-de-Calais. On peut désormais se faire une idée de ce qui est réalisé en médecine générale ambulatoire dans ce domaine ; la plupart des études étaient jusqu’alors réalisées en milieu hospitalier. Notre travail n’a pas permis de confirmer les hypothèses émises sur les facteurs pouvant influencer les prescriptions réalisées par les généralistes. D’autres études pourraient s’attarder plus précisément sur certaines étapes de cette prise en charge afin de pouvoir expliquer ces variations de pratiques. Beaucoup d’autres étiologies de douleurs neuropathiques n’ont pas fait l’objet d’étude approfondie, de futurs travaux pourraient permettre de mieux appréhender leur spécificité. Des pistes d’amélioration ont pu être dégagées de ce travail, dans le but d’optimiser la prise en charge du patient afin d’obtenir rapidement un soulagement : - une plus fréquente utilisation du questionnaire DN4 qui permettrait aux généralistes de mieux identifier la composante neuropathique d’une douleur pour permettre la prescription d’un antalgique recommandé et adapté à ce type de douleur. - des propositions de mise en place de FMC sur la douleur neuropathique (au moins d’informations actualisées et facilement disponibles) ainsi qu’une meilleure communication et coordination entre les différents professionnels de santé des 89 centres de lutte contre la douleur ont été plébiscitées par la majorité des médecins interrogés. - le patient ayant un rôle d’acteur de sa santé, il semble licite qu’on lui délivre les informations utiles sur sa pathologie (par le biais de brochures par exemple). Ces informations doivent, entre autres, expliquer la nature de la lésion, la faible efficacité des antalgiques usuels dans ce type de douleur, l’efficacité partielle des traitements existant actuellement, et les effets indésirables connus (16). 90 V) CONCLUSION. La douleur est un des motifs de consultation les plus fréquents qui amène un patient au cabinet. Les douleurs neuropathiques, parfois méconnues des patients voire des praticiens, constituent une part non négligeable de l’ensemble des douleurs chroniques. L’objectif principal de l’étude était d’étudier la prise en charge des douleurs neuropathiques diabétiques par les médecins généralistes du Nord-Pas-de-Calais. Malgré ses limites, l’étude a permis de donner une vision globale de la problématique. Le caractère neuropathique d’une douleur reste difficile à identifier. Si les médecins généralistes ne manquent pas d’interroger leurs patients, seulement moins d’1/3 utilisent une échelle validée par l’HAS comme le DN4 afin d’affiner leur diagnostic. Encore assez méconnue, elle est rapide d‘utilisation et permet d’identifier plus aisément ce type de douleur, donc d’éviter un éventuel retard de diagnostic pouvant aboutir à une chronicisation de la douleur. L’étiologie diabétique de la douleur neuropathique en est un bon exemple, les douleurs pouvant être imputées également aux comorbidités artéritiques ou arthrosiques. Le dépistage à l’aide du monofilament mais également du diapason, parfois oublié, permettent un dépistage précoce, les symptômes n’apparaissant qu’à un stade avancé de la maladie. Le diagnostic reste purement clinique et, généralement, aucun examen complémentaire ne s’avère nécessaire. Les échelles d’intensité et de soulagement de la douleur sont parfois remises en cause en médecine générale ambulatoire mais elles restent validées et guident la 91 stratégie thérapeutique, notamment en cas d’échec d’une première ligne thérapeutique. La qualité de vie est au centre des réflexions actuelles sur l’utilité des prises en charge médicamenteuses. De nombreux questionnaires existent pour l’évaluer précisément mais leur utilisation reste limitée (10 % des médecins interrogés), en partie due à un temps de réalisation assez long. Sur le plan thérapeutique, on note une utilisation encore trop fréquente du paracétamol (64,9% des généralistes l’utiliseraient souvent en 1ère ligne) dans les neuropathies douloureuses malgré l’absence d’efficacité prouvée par de nombreuses études. Néanmoins les pratiques évoluent et 55% des généralistes interrogés utilisent souvent un traitement recommandé en 1 ère intention. Les antiépileptiques GABAergiques, commencent à être plus fréquemment prescrits. Il est important de rappeler que d’autres classes thérapeutiques tels que les tricycliques à faibles doses sont aussi efficaces, et cela à moindre coût. L’étude a révélé une grande diversité dans la stratégie thérapeutique à adopter en cas d’échec thérapeutique. On rappelle qu’il existe des arbres décisionnels pour guider le généraliste dans sa prise en charge. Le recours à un avis spécialisé (centre anti-douleur, neurologue, diabétologue) n’est utile que dans certains cas particuliers où le généraliste ne peut plus faire face seul à la souffrance du patient. Si les indications de recours à un centre spécialisé sont clairement définies, plus de la moitié des généralistes interrogés désirent une meilleure coordination avec les centre de lutte contre la douleur et la mise en place de FMC sur le sujet. Le 3ème volet du plan d’action de prise en charge de la douleur du Ministère de la Santé (2006-2010) prévoyait en ce sens, une structuration des filières de soins de la 92 douleur (en particulier, chronique), une formation continue des professionnels de santé pour une meilleure utilisation des traitements. L’étude n’a néanmoins pas permis de déterminer de facteurs pouvant influencer le choix de prescriptions. Nous ne pouvons également affirmer que ces choix reflètent précisément la réalité, le recueil des données étant purement déclaratif. Les durées de prescription et les posologies utilisées n’ont pas été étudiées. On ne peut qu’encourager la réalisation de futures études sur les points que notre travail n’a pu éclaircir ; avec, dans la mesure du possible, un niveau de preuve scientifique plus élevé. Afin d’améliorer la prise en charge des douleurs neuropathiques, on peut insister sur plusieurs points : - inciter les médecins généralistes à faire la distinction entre douleur par excès de nociception et douleur à composante neuropathique. - sensibiliser les professionnels de santé aux spécificités du traitement de ce type de douleur en réalisant des formations et en réactualisant régulièrement les connaissances. - établir une meilleure communication entre généraliste et centres spécialisés afin de faciliter l’accès aux centres anti-douleur en cas de besoin justifié et d’éviter les retards de prise en charge. 93 GLOSSAIRE. ALD : Affection longue durée AINS : Anti-inflammatoires non stéroïdiens AMI : Artérite des membres inférieurs AMM : Autorisation de mise sur le marché ANAES : Agence Nationale d'Accréditation et d’Evaluation en Santé ARS : Agence Régionale de Santé BPI : Brief pain inventory BZD : Benzodiazépines CNIL : Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés DMG : Département de Médecine Générale DN : Douleurs neuropathiques DU : Diplômes universitaires ECG : Electrocardiogramme EFNS : European Federation of Neurological Societies EHPAD : Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes EN : Echelle numérique ENMG : Electroneuromyogramme ETP : Education thérapeutique personnalisée EVA : Echelle visuelle analogique EVS : Echelle verbale simple FLM : Faculté Libre de Médecine de Lille FMC : Formation médicale continue GABA : Acide gamma-amino-butyrique HAD : Hospital anxiety and depression scale 94 HAS : Haute Autorité de Santé HTA : Hypertension artérielle IASP : International Association for the Study of Pain INSEE: Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques IRSNa : Inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline NePIQoL : Neuropathic pain impact on quality of life NMDA : Acide N-méthyl-D-aspartique NPSI : Neuropathic pain syndrom inventory OMS : Organisation Mondiale de la Santé PMI : Protection maternelle et infantile QCD : Questionnaire concis sur les douleurs SFETD : Société Française d’Etude et de Traitement de la Douleur SMR : Service médical rendu Sofres : Société française d’enquêtes par sondage STOPNEP : Study Of The Prevalence of Neuropathic Pain TENS : Neurostimulation électrique transcutanée VIH : Virus de l’immunodéficience humaine 95 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES. 1. 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Echelles validées (EVA, EVS) Interrogatoire - Comment différenciez-vous "excès de nociception" et "neuropathie"? Echelles validées (DN4, NPSI) Interrogatoire - De quelle manière évaluez-vous le retentissement de la douleur sur la qualité de vie des patients? Interrogatoire Questionnaires et échelles validés (SF-12, HAD) Activités arrêtées 3) Dans votre patientèle diabétique douloureuse, qui initie la stratégie thérapeutique antalgique de 1ère intention? -généraliste -centre de la douleur -autre spécialité médicale (précisez) 108 4) Quelles molécules utilisez-vous en première intention? -antalgiques de palier I (paracétamol) -antalgiques de palier II (codéine, tramadol) -antalgiques de palier III (morphine, oxycodone) -co-analgésiques (AINS, corticoïdes) -anti-épileptiques GABA-ergiques (gabapentine, prégabaline) -autres anti-épileptiques (lamotrigine, oxcarbazépine, carbamazépine) -benzodiazépines (clonazépam) -inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et noradrénaline (duloxétine) -anti-dépresseurs tricycliques (clomipramine, imipramine, amitriptyline) -topiques (emplâtre de lidocaïne) 5) Quel est votre choix thérapeutique en seconde intention si l'effet antalgique est insuffisant? Changement de molécule (préciser) Bithérapie (préciser) Avis spécialisé (préciser) 6) Quel est votre choix thérapeutique en troisième intention? Changement de molécule (préciser) Bithérapie (préciser) Avis spécialisé (préciser) 7) Avez-vous recours à un traitement non médicamenteux? -D'emblée? - Si oui, lequel? Psychothérapie Neurostimulation Relaxation, sophrologie 109 Autres (préciser) 8) En cas d'effets secondaires invalidants observés, quelle est votre attitude? Changement de molécule (préciser) Autre molécule de même classe (préciser) Avis spécialisé (préciser) Autres (préciser) Données personnelles anonymes 9) Dans quel lieu exercez-vous? 10) Dans quelle tranche d'âge vous situez-vous? 11) Quelles sont vos activités? Hospitalier Cabinet Centre de la douleur Réseau Autres (préciser) 12) Quelles formations complémentaires effectuez-vous? Journées, soirées FMC DU, capacités Autres (préciser) 13) Quels sont vos souhaits afin d'améliorer la prise en charge de vos patients douloureux diabétiques? Formation médicale Informations actualisées Outils (monofilaments, marteaux réflexes) Coordination avec centre de la douleur Brochures patients 14) Quels retours attendez-vous de ce travail de thèse? Envoi de résumé de thèse par mail Mise en place de FMC Autres (préciser) Autres (préciser) 15) Si besoin est, accepteriez-vous de répondre à un complément de questionnaire? 110 ANNEXE 2 : Précisions des médecins généralistes interrogés. Question 5 : Stratégie thérapeutique en 2nde intention. Les décisions de changement de molécule comportaient : - une augmentation de palier (citée 26 fois). - l’utilisation d’un antiépileptique GABAergique (citée 19 fois). - l’utilisation d’un tricyclique (citée 4 fois). - l’utilisation d’une benzodiazépine (citée 2 fois). - l’utilisation d’un autre antiépileptique (citée 1 fois). Parmi les bithérapies proposées par les praticiens, on notait : - l’association antiépileptique GABAergique et tramadol (citée 8 fois). - l’association d’un palier 1 et d’un palier 2 (citée 5 fois). - l’ajout d’un antiépileptique GABAergique à la molécule prescrite en 1 ère intention (cité 4 fois). - l’association antiépileptique GABAergique et tricyclique (citée 2 fois). - l’association paracétamol et antiépileptique GABAergique (citée 2 fois). - l’association palier 1 et clonazépam (citée 1 fois). - l’association palier 1et IRSNa (citée 1 fois). - l’association palier 1 et tricyclique (citée 1 fois). - l’association IRSNa et tramadol (citée 1 fois). - l’association antiépileptique GABAergique et IRSNa (citée 1 fois). - l’association antiépileptique GABAergique et tramadol (citée 1 fois). - l’ajout de corticoïdes à la molécule prescrite en 1ère intention (cité 1 fois). - l’ajout d’un IRSNa à la molécule prescrite en 1ère intention (cité 1 fois). - l’ajout d’un tricyclique à la molécule prescrite en 1ère intention (cité 1 fois). 111 Les autres spécialités médicales sollicitées en seconde intention étaient : - centre de la douleur (cité 18 fois). - neurologie (citée 17 fois). - endocrinologie-diabétologie (citée 6 fois). - dermatologie (citée 1 fois). - rhumatologie (citée 1 fois). Question 6 : Stratégie thérapeutique en 3ème intention. Les décisions de changement de molécule comportaient : - l’utilisation d’un antiépileptique GABAergique (citée 5 fois). - une augmentation de palier (citée 3 fois). - l’utilisation de morphiniques (citée 3 fois). - l’utilisation de carbamazépine (citée 1 fois). - l’utilisation d’un IRSNa (citée 1 fois). - l’utilisation d’un tricyclique (citée 1 fois). Parmi les bithérapies proposées par les praticiens, on notait : - l’association antiépileptique GABAergique et tramadol (citée 4 fois). - l’ajout d’un IRSNa à la molécule prescrite précédemment (cité 2 fois). - l’ajout d’un morphinique à la molécule prescrite précédemment (cité 2 fois). - l’ajout d’un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) à la molécule prescrite précédemment (cité 1 fois). - l’association antiépileptique GABAergique et tricycliques (citée 1 fois). - l’association d’un morphinique et de corticoïdes (citée 1 fois). 112 Les autres spécialités médicales sollicitées en troisième intention étaient : - centre de la douleur (cité 34 fois). - neurologie (citée 30 fois). - endocrinologie-diabétologie (citée 14 fois). - dermatologie (citée 1 fois). - rhumatologie (citée 1 fois). 113 ANNEXE 3 : Tests statistiques effectués dans le cadre de l’étude. Tableau I : Répartition des généralistes suivant les recommandations de traitement en 1 ère intention selon la tranche d’âge. Moins de 45 ans 46 ans et plus Total Recommandations suivies n (%) 28 (33,7%) 55 (66,3%) 83 (100%) Pourcentage tranche d’âge la 62,2% 51,9% Pourcentage parmi la population totale Recommandations non suivies n (%) 18,5% 36,4% Pourcentage tranche d’âge parmi 17 (25%) 51 (75%) parmi la 37,8% 48,1% Pourcentage parmi population totale la 11,3% 33,8% 55% 68 (100%) 45% Total n Pourcentage parmi population totale 45 la 106 29,8% 151 70,2% 100% p=0,24 Tableau II : Répartition des généralistes suivant les recommandations de traitement en 1 ère intention selon le suivi de soirées FMC. Pas de soirée FMC Soirées FMC Total Recommandations suivies n (%) 14 (16,9%) 69 (83,1%) 83 (100%) Pourcentage parmi catégorie étudiée la 48,3% 56,6% Pourcentage parmi la population totale Recommandations non suivies n (%) 9,3% 45,7% 15 (22,1%) 53 (77,9%) Pourcentage parmi catégorie étudiée la 51,7% 43,4% Pourcentage parmi population totale la 9,9% 35,1% 55% 68 (100%) 45% Total n Pourcentage parmi population totale 29 la 122 19,2% p=0,42 114 151 80,8% 100% Tableau III : Répartition des généralistes suivant les recommandations de traitement en 1 ère intention selon le lieu d’exercice. Semi-rural ou rural Urbain Total Recommandations suivies n (%) 39 (47%) 44 (53%) 83 (100%) Pourcentage parmi le lieu d’exercice 52,7% 57,1% Pourcentage parmi la population totale Recommandations non suivies n (%) 25,8% 29,1% 35 (51,5%) 33 (48,5%) Pourcentage parmi le lieu d’exercice 47,3% 42,9% Pourcentage parmi population totale 23,2% 21,9% la 55% 68 (100%) 45% Total n Pourcentage parmi population totale 74 la 77 49% 151 51% 100% p=0,584 Tableau IV : Répartition des généralistes désirant la mise en place de FMC selon le lieu d’exercice. Semi-rural ou rural Urbain Total Désir de mise en place de FMC sur le sujet n (%) 43 (51,2%) 41 (48,8%) 84 (100%) Pourcentage parmi le lieu d’exercice 58,1% 53,2% Pourcentage parmi la population totale Absence de désir de mise en place de FMC sur le sujet n (%) 28,5% 27,2% 31 (46,3%) 36 (53,7%) Pourcentage parmi le lieu d’exercice 41,9% 46,8% Pourcentage parmi population totale 20,5% 23,8% la 55,6% 67 (100%) 44,4% Total n Pourcentage parmi population totale 74 la 77 49% p=0,548 115 151 51% 100% Tableau V : Répartition des généralistes désirant une meilleure coordination avec les centres antidouleur selon le lieu d’exercice. Semi-rural ou rural Urbain Total Désir de meilleure coordination de FMC avec les centres anti-douleur n (%) 35 (43,8%) 45 (56,3%) 80 (100%) Pourcentage parmi le lieu d’exercice 47,3% 58,4% Pourcentage parmi la population totale Absence de désir de meilleure coordination de FMC avec les centres anti-douleur n (%) 23,2% 29,8% 39 (54,9%) 32 (45,1%) Pourcentage parmi le lieu d’exercice 52,7% 41,6% Pourcentage parmi population totale 25,8% 21,2% la 53% 71 (100%) 47% Total n Pourcentage parmi population totale 74 la 77 49% p=0,17 116 151 51% 100% ANNEXE 4 : Echelles d’auto-évaluation de la douleur (50). Echelle visuelle analogique. 117 Echelle numérique. 118 Echelle verbale simple. 119 ANNEXE 5 : Questionnaire concis sur les douleurs (QCD) (50). 120 121 122 ANNEXE 6 : Echelle DN4 (41). 123 ANNEXE 7 : Questionnaire NPSI. 124 125 ANNEXE 8 : Questionnaire SF-12. 126 127 AUTEUR : Ladon, Olivier Date de Soutenance : Lundi 10 décembre 2012 Titre de la Thèse : Prise en charge des douleurs neuropathiques en médecine générale. Exemple de la douleur neuropathique diabétique de type 2. Thèse, Médecine, Lille, 2012 Cadre de classement : DES Médecine Générale Mots-clés : Diabète de type 2, Diagnostic, Douleurs neuropathiques, Médecins généralistes, Prescription, Prise en charge, Traitement Résumé : La douleur est un motif de consultation fréquent en médecine générale. En France, 5% de la population générale présenterait des douleurs neuropathiques d’intensité modérée à sévère. 15 à 20% des diabétiques de type 2 présenteraient ce type de douleurs. Notre étude a permis de décrire la prise en charge des douleurs neuropathiques d’origine diabétique par les médecins généralistes du Nord-Pas-de-Calais. Il s’agit d’une étude d’évaluation de la qualité des soins descriptive s’intéressant à la prise en charge de la neuropathie douloureuse chez les diabétiques de type 2. Le recueil de données a été réalisé par le biais d’un questionnaire. Les variables étudiées concernaient le diagnostic, le traitement et l’évolution de la neuropathie douloureuse, ainsi que des données concernant les généralistes interrogés. Le logiciel SPSS a permis la réalisation des tests statistiques. 73,5% des généralistes utilisaient le monofilament pour identifier la neuropathie. Les échelles d’intensité douloureuse étaient utilisées dans 50,3% des cas; tandis que les échelles permettant d’objectiver la composante neuropathique de la douleur comme le DN4 n’étaient utilisées que dans 28,4% des cas. Le traitement de 1ère intention le plus prescrit restait le paracétamol (64,9% des généralistes le prescrivaient souvent), suivi par les antiépileptiques GABAergiques (50,3%) et les antalgiques de palier 2 (36,4%). Les IRSNa et les tricycliques n’étaient que rarement prescrits : respectivement, 9,3% et 6,6% des généralistes les prescrivaient souvent. 55% des praticiens interrogés se conformaient aux recommandations actuelles de la SFETD. En 2ème intention, les stratégies thérapeutiques étaient diverses et variées mais consistaient généralement à un changement de molécule (33,1%) ou la mise en place d’une bithérapie (18,5%). En 3ème intention, le recours à un avis spécialisé était très souvent demandé (68,9%). L’âge, la formation et le lieu d’exercice n’influaient pas sur la prescription. Une plus large utilisation de l’échelle DN4 permettrait de mieux identifier la composante neuropathique des douleurs afin de choisir un traitement antalgique adapté, les antalgiques usuels s’avérant peu efficaces. La mise en place de FMC et une coordination avec les centres anti-douleur permettraient d’améliorer la prise en charge des douleurs neuropathiques. Composition du Jury : Président : Professeur Gilles Lebuffe Assesseurs : Professeur Eric Wiel, Professeur Jean-Marc Lefebvre Directeur de thèse : Docteur Michel Nycz Adresse de l’auteur : 130 Rue de l’Egalité, 59160 LOMME / [email protected] 128 129