
Journal of Hepatology 2010 vol 53 | 397–417
Directives de
pratique clinique
Directives de pratique clinique
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sérique et des concentrations en sodium et potassium doivent
donc être réalisées durant cette période. Des mesures régu-
lières du sodium dans l’urine ne sont pas nécessaires, excepté
chez les non-répondeurs, chez qui la natriurèse permet de
mesurer la réponse natriurétique aux diurétiques.
Recommandations Les patients atteints d’un premier épi-
sode d’ascite de stade 2 (modérée) doivent recevoir un tra-
tement anti-aldostérone seul, comme la spironolactone, à
partir de 100 mg/jour et avec une augmentation progres-
sive tous les 7 jours (100 mg à chaque fois) jusqu’à un maxi-
mum de 400 mg/jour en cas de non réponse (Niveau A1).
Chez les patients non-répondeurs aux anti-aldostérone,
déni par une baisse du poids corporel inférieure à 2 kg/
semaine, ou chez les patients présentant une hyperkaliémie,
un traitement par furosémide à la dose de 40 mg/jour doit
être ajouté puis progressivement augmenté par palier de 40
mg/jour jusqu’à un maximum de 160 mg/jour (Niveau A1).
Les patients doivent être régulièrement contrôlés au niveau
clinique et biochimique, surtout durant le premier mois de
traitement (Niveau A1).
Les patients atteints d’ascite chronique doivent être traités
avec une association anti-aldostérone/furosémide, dont la
dose doit être augmentée de manière séquentielle en fonc-
tion de la réponse, comme expliqué ci-dessus (Niveau A1).
La perte de poids maximum recommandée durant un trai-
tement par diurétique doit être de 0,5 kg/jour chez les pa-
tients sans œdème et 1 kg/jour chez les patients avec œdème
(Niveau A1).
L’objectif du traitement au long cours est d’orir aux pa-
tients une vie sans ascite et avec une dose de diurétique mi-
nimum. Ainsi, une fois que l’ascite est largement résolue, la
dose de diurétiques doit être réduite et arrêtée par la suite,
si possible (Niveau B1).
L’initiation d’un traitement par diurétiques doit être faite
avec prudence chez les patients atteints de d’insusance ré-
nale, d’hyponatrémie, ou de dys-kaliémie. Les paramètres
cliniques et biologiques des patients doivent être régu-
lièrement surveillés. Il n’existe pas de données probantes
concernant le niveau de gravité de l’insusance rénale et de
l’hyponatrémie à partir duquel les diurétiques ne doivent
pas être initiés. Les niveaux en potassium sérique doivent
être corrigés avant de commencer un traitement par diuré-
tiques. Les diurétiques sont généralement contre-indiqués
chez les patients avec une encéphalopathie hépatique décla-
rée (Niveau B1).
Tout diurétique doit être interrompu en cas d’hyponatrémie
sévère (concentration en sodium sérique < 120 mmol/L),
d’insusance rénale d’apparition progressive, l’aggravation
d’une encéphalopathie hépatique, ou des crampes muscu-
laires invalidantes (Niveau B1).
Le furosémide doit être arrêté en cas d’hypokaliémie sévère
(< 3 mmol/L). Les anti-aldostérone doivent être interrom-
pus si un patient développe une hyperkaliémie sévère (po-
tassium sérique > 6 mmol/L) (Niveau B1).
1.4.3. Ascite importante ou de stade 3
La paracentèse de grand volume (PGV) est le traitement de
choix pour les patients atteints d’ascite de stade 3. Les prin-
cipaux résultats des études qui comparent la PGV aux diuré-
tiques chez les patients avec une ascite de stade 3 sont ainsi
résumés [30–36]: (1) L’association PGV/injection d’albumine
est plus ecace que les diurétiques et raccourcit nettement la
durée de l’hospitalisation. (2) L’association PGV/albumine est
plus sûre que les diurétiques car dans la majorité des études,
la fréquence des cas d’hyponatrémie, d’insusance rénale et
d’encéphalopathie hépatique est moindre chez les patients
traités par PGV que chez ceux traités par diurétiques. (3) Il
n’existe pas de diérence entre les deux approches concer-
nant les taux de réadmission ou de survie. (4) La PGV est
une procédure sûre et les risques de complications locales,
comme une hémorragie ou une perforation intestinale sont
extrêmement faibles [37]. Le prélèvement de gros volumes de
liquide d’ascite est associé à des dysfonctions circulatoires ca-
ractérisées par une réduction du volume sanguin eectif, une
pathologie appelée dysfonctions circulatoires induites par la
paracentèse (DCIP) [31,36,38]. Plusieurs données indiquent
que ces dysfonctions circulatoires et/ou les mécanismes acti-
vés pour maintenir l’homéostasie circulatoire ont des eets
préjudiciables chez les patients cirrhotiques. Premièrement,
les dysfonctions circulatoires sont associées avec une ré-accu-
mulation rapide de l’ascite [35]. Deuxièmement, environ 20
% de ces patients développent un SHR et/ou une rétention
d’eau qui induit à une hyponatrémie de dilution [31]. Troi-
sièmement, la pression portale augmente chez les patients
développant des dysfonctions circulatoires post-PGV, ce qui
est probablement dû à une résistance intra-hépatique accrue,
déclenchée par l’action des systèmes vaso-constricteurs du lit
vasculaire hépatique [39]. Enn, le développement de dys-
fonctions circulatoires est associé à une survie réduite [36].
L’administration d’albumine reste la méthode de prévention
la plus ecace contre les DCIP. L’albumine est plus ecace
que d’autres expanseurs du volume plasmatique (dextran-70,
polygéline) pour prévenir les DCIP [36]. Quand une quantité
d’ascite inférieure à 5 L est prélevée, le dextran-70 (8 g/L d’as-
cite prélevée) ou la polygéline (150 ml/L d’ascite prélevée) ont
une ecacité similaire à celle de l’albumine.
Cependant, l’albumine est plus ecace que ces autres expan-
seurs du volume plasmatique quand le prélèvement d’ascite
est supérieur à 5 L [36]. Malgré son ecacité accrue, des
études randomisées n’ont pas montré de diérences de sur-
vie entre des patients traités avec de l’albumine et ceux traités
avec d’autres expanseurs du volume plasmatique [36,40,41].
Des études plus importantes seraient nécessaires pour dé-
montrer un bénéce de l’albumine sur la survie. Bien qu’il n’y
ait pas d’étude sur la rapidité et le moment où l’albumine de-
vrait être administrée aux patients traités par PGV, il semble
indiqué de le donner lentement pour éviter une possible sur-
charge cardiaque due à l’existence d’une cardiopathie cirrho-
tique latente, et à la n de la PGV quand le volume d’ascite
prélevé est connu et que l’augmentation du débit cardiaque
commence à retourner à la normale [42].
En ce qui concerne les expanseurs du volume plasmatique, il
faut noter que la polygéline n’est plus utilisée dans de nom-
breux pays à cause du risque de transmission potentielle de
prions. Malgré les données prouvant que l’utilisation de sé-
rum salé n’est pas associé à une augmentation du risque de