2
sanitaire (l’utilisation de denrées provenant d’outre atlantique complique la traçabilité
complète des productions animales) et économique (l’Europe reste dépendante des
marchés américains).
L’agriculture européenne d’aujourd’hui a donc été largement façonnée par cette suite
d’évènements et de décisions politiques. Elle se caractérise par une importation de plus de
75% des besoins en protéines végétales (soit l’équivalent de 15 millions d’hectares), une
exportation de céréales et de viandes blanches, une spécialisation extrême des exploitations
avec une large proportion de terres en situation de monoculture, des problèmes
environnementaux de plus en plus préoccupants et, au final, un nombre de paysans en
constante diminution. Le développement d’un plan pour une plus large autonomie en
protéines végétales, au moins à l’échelle régionale, devient une nécessité. Il serait sans
doute d’autant plus bénéfique qu’il soit envisagé dans une volonté de désintensification des
productions animales en impliquant notamment de nouveaux échanges entre pays et une
révision des systèmes de production.
2. Le pois protéagineux en tant qu’alternative au tourteau de soja
Un des problèmes majeurs rencontrés pour le pois était le fait que les plantes s’affaissaient
avant la récolte, ce qui rendait très difficile la récolte mécanique. L’apparition de variétés
« afila », constituées essentiellement de vrilles et permettant un port érigé de la plante, a
permis de résoudre ce problème. La production s’est vraiment développée au milieu des
années 80. Les producteurs d’aliments pour animaux se sont également interrogés sur les
qualités des protéagineux européens et sur les taux d’incorporation à appliquer, compte
tenu de leur valeur alimentaire et de la présence possible de facteurs antinutritionnels, de
l’équilibre en acides aminés, du goût, etc. L’Unité de Zootechnie de la FUSAGx a
entrepris une série d’études pour répondre à ces questions, grâce à l’appui financier du
Ministère fédéral de l’Agriculture (ex-IRSIA).
2.1. Pas de substances antinutritionnelles dans le pois
Le premier problème abordé était celui des facteurs antinutritionnels présents dans les
graines de pois. En effet, les fabricants craignaient que toutes les variétés ne contiennent
des quantités élevées de substances antinutritionnelles, en l’occurrence des « inhibiteurs
protéolytiques ». Ce sont des substances qui se lient aux enzymes digestives du pancréas
(trypsine et chymotrypsine) et perturbent la digestion des protéines. Les travaux réalisés à
Gembloux ont permis de montrer que, en réalité, seules certaines variétés contiennent des
quantités suffisamment élevées pour affecter les animaux. Ce sont les variétés d’hiver
utilisées dans le Sud Ouest de la France, certaines variétés anglaises sélectionnées à partir
de la variété Maro (variété de conserverie), et toutes les variétés obtenues à partir de celles-
ci (Leterme et al, 1990a, 1992). Ces données ont servi, pendant plusieurs années, de
référence à la filière pois européenne.
2.2. Le pois, source de protéines et d’énergie
Le groupe de recherche s’est également penché sur la composition chimique et la valeur
alimentaire du pois chez le porc et a montré que le pois a une valeur énergétique
comparable à celle des céréales (Leterme et al, 1989). Mais c’est surtout la qualité des
protéines qui a fait l’objet d’attentions: les protéines de pois sont déficientes en acides
aminés soufrés (méthionine et cystéine) et en tryptophane et ce déficit a pour origine les