La Nutrition Santé
Hippocrate : « Que ton aliment soit ton médicament »
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Traiter vos reflux d’acidité (RGO) par des méthodes
naturelles (Partie 2/2)
Author : Dr. A. D'Oro
Categories : Anti-Stress, Blogs, Alimentation
Date : 7 octobre 2015
Introduction
Nous avons vu dans le premier article que le reflux gastro-oesophagien est extrêmement
fréquent et que l’approche médicale habituelle comprenant la prescription d’antiacides (IPP)
n’est pas dépourvue d’effets secondaires et surtout ne traite pas la cause du problème. Les
approches naturelles sont multiples dont l’efficacité n’est pas toujours bien documentée par des
études médicales.
Dans cet article, nous allons voir qu’il existe une autre façon de comprendre et de prendre en
charge le reflux gastro-oesophagien qui tient compte des causes profondes de ce trouble.
Comprendre les causes du reflux gastro-oesophagien
Rôles discutables de l’hypersécrétion d’acidité de l’estomac et de
la hernie hiatale
Contrairement à la croyance générale, le plus souvent les reflux d’acidité ne sont pas dus à une
augmentation de l’acidité de l’estomac, bien au contraire on constate plutôt une réduction de
l’acidité. Par exemple, de façon contradictoire à la théorie classique, de nombreuses études ont
montré que la sécrétion d’acide de l’estomac diminue avec l’âge alors que parallèlement
l’incidence du RGO augmente (1).
Le problème, c’est que l’on confond le symptôme et la cause. Ainsi, dans un éditorial publié
dans le journal Gastroenterology, l’auteur remarque que le fait de traiter le reflux gastro-
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oesophagien avec des inhibiteurs de l’acidité (IPP) n’est pas idéal, car la sécrétion acide n’est
pas la cause primaire du reflux.
La théorie médicale la plus reconnue soutient que le reflux d’acidité provient d’une dysfonction
du sphincter entre le bas d’œsophage et l’estomac.
Si le sphincter fonctionne bien, il n’est théoriquement pas possible que l’acidité de l’estomac
puisse remonter vers l’œsophage. En cas de dysfonction de ce sphincter, le reflux est possible.
Beaucoup de médecins évoquent le plus souvent le diagnostic de hernie hiatale pour expliquer
cette dysfonction entre estomac et oesophage. La hernie hiatale est une remontée du haut de
l’estomac à travers l’anneau musculaire du diaphragme par lequel normalement passe
seulement l’œsophage. Cette situation peut dès lors favoriser le RGO. Toutefois bon nombre de
hernies hiatales, même volumineuses, ne provoquent pas de reflux d’acidité notable ; à
l’inverse de simples malpositions sans hernies hiatales peuvent être associées à un RGO très
gênant.
Le reflux gastro-oesophagien est favorisé par une augmentation de
la pression intra-abdominale : rôle de la fermentation intestinale
En fait, le reflux n’est possible le plus souvent que, si en plus d’une dysfonction du sphincter
gastro-oesophagien,il y a une pression intra-abdominale augmentée (2). C’est pourquoi
habituellement on propose aux gens d’éviter de manger de grosses quantités ou de se pencher
en avant après manger ou encore de se coucher juste après manger.
Cette pression intra-abdominale peut être générée par des gaz en relation avec une
fermentation gastrique ou intestinale. Selon le microbiologiste, Dr Norm Robillard, la mauvaise
digestion des carbohydrates favoriserait une pullulation bactérienne intestinale, entraînant une
augmentation de la pression intra-abdominale et secondairement le reflux gastro-oesophagien.
Certains médecins nutritionnistes tels que le Dr Chris Kress estiment que la cause première
pourrait être due à une baisse de l’acidité de l’estomac qui contribuerait autant à une mauvaise
absorption des carbohydrates qu’à une pullulation bactérienne. La conjonction de ces deux
phénomènes entraînant une augmentation de la pression intra-abdominale responsable du reflux
gastro-oesophagien. En effet il ne faut pas oublier qu’une acidité correcte de l’estomac est
nécessaire pour soutenir la digestion et l’absorption des carbohydrates en stimulant les
enzymes pancréatiques dans l’intestin grêle. En cas d’insuffisance d’acidité, les enzymes
pancréatiques ne sont pas bien stimulés et la digestion des carbohydrates est insuffisante. La
fermentation des carbohydrates mal digérés entraîne des gaz.
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Ce sont ces gaz qui augmentent la pression intra-abdominale, ralentissant la vidange gastrique
et favorisant le reflux d’acide vers l’œsophage.
Rôle de la perméabilité de la muqueuse de l’œsophage dans le RGO
Chez un certain nombre de personnes souffrant d’un RGO, on ne constate pas de reflux
d’acidité anormal au niveau de l’œsophage (3). Certaines personnes souffrant de RGO ont
même une muqueuse décrite comme normale à l’endoscopie et la moitié d’entre eux n’ont pas
d’anomalie au comptage d’acidité. Plusieurs études récentes expliquent ces symptômes par
une altération de la muqueuse de l’œsophage dans sa fonction barrière (4,5), on parle dans ce
cas d’une hyperperméabilité de l’œsophage.
Des reflux occasionnels d’acide de l’estomac vers l’œsophage sont dans la norme. Dans le cas
d’une muqueuse normale de l’œsophage, cette acidité ne pénètre pas la barrière en raison des
jonctions serrées des cellules de la muqueuse. Si ces jonctions serrées sont en partie ouvertes,
l’acidité peut dès lors traverser la muqueuse et activer les récepteurs de la douleur en
profondeur. Cette hyperperméabilité de l’intestin peut être secondaire à une inflammation
préexistante lors d’un RGO mais dans certains cas, peut être la cause principale des
symptômes.
Cette perméabilité de l’œsophage pourrait dépendre du microbiome de l’œsophage. L’œsophage
a sur sa muqueuse une communauté complexe de bactéries.
On a démontré la présence prépondérante de bactéries gram négatif chez les personnes
souffrant de RGO alors qu’on retrouve préférentiellement des bactéries gram positif chez les
personnes en bonne santé (6). L’augmentation des grams négatifs peut stimuler l’inflammation
locale en exposant la muqueuse à des lipopolysaccharides bactériens (LPS). La réponse
inflammatoire peut secondairement altérer l’intégrité de la muqueuse avec comme résultat, une
hyperperméabilité de l’œsophage (7).
Si le mécanisme au niveau de l’œsophage est identique à celui de la muqueuse intestinale, on
peut comprendre que l’excès d’alcool ou d’anti-inflammatoires non stéroïdiens aggrave la
perméabilité intestinale et par conséquent le RGO (8).
Prise en charge naturelle du reflux gastro-oesophagien
En résumé, nous avons vu que les reflux acides ne sont pas dus à un excès d’acidité de
l’estomac, mais le plus souvent sont liés à une pullulation bactérienne de l’estomac et de
l’intestin grêle. La fermentation des carbohydrates (féculents) favorisée par un manque d’acidité
de l’estomac entraîne une production de gaz et une augmentation de la pression intra-gastrique
entraînant secondairement le reflux gastro-oesophagien.
D’autre part le microbiome de l’oesophage joue un rôle protecteur de la muqueuse.
En cas d’altération de l’équilibre microbien, la muqueuse devient plus perméable provoquant
inflammation et douleurs même chez les personnes sans reflux acides pathologiques. Dès lors le
traitement devra éliminer la pullulation bactérienne de l’estomac et/ou de l’intestin grêle,
restaurer une sécrétion acide correcte de l’estomac et rééquilibrer le microbiomeoesophagien et
intestinale.
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a. Réduire les carbohydrates ou/et les aliments fermentescibles
(Fodmaps)
Quand l’acidité de l’estomac est correcte et que les carbohydrates sont consommés
modérément, ils sont transformés correctement en glucose et absorbés par l’intestin grêle avant
qu’ils soient fermentés par les bactéries.
Chez certaines personnes souffrant d’une carence en acide gastrique et/ou d’une pullulation
bactérienne, la réduction des glucides doit être plus drastique.
La réduction des apports de féculents a montré dans le cadre d’un régime pauvre en glucides
une nette amélioration du RGO dans différentes études (9,10).
Une alternative intéressante est de faire une diète pauvre en fodmaps.
Les Fodmaps sont des aliments contenant des carbohydrates qui sont mal digérés par certaines
personnes se soldant par une fermentation bactérienne excessive (SIBO). Ce régime tient
compte également d’une réduction de la consommation de fructose ou de sucres artificiels
responsables d’une fermentation bactérienne. Cette alternative est d’autant plus intéressante
chez les personnes qui souffrent conjointement d’un colon irritable. Pour plus d’information, se
référer à notre article sur le sujet.
b. Se méfier du gluten
Plus spécifiquement, une diète sans gluten peut être miraculeuse chez certaines personnes. Les
aliments contenant du gluten peuvent être une cause de brûlures d’estomac fréquente chez les
personnes présentant une maladie céliaque non diagnostiquée. Il est probable que l’on sous-
estime le nombre réel de personnes souffrant de cette maladie qui devient de plus en plus
fréquente et peut se déclencher à n’importe quel âge. Le mode de présentation de cette maladie
change, les cas classiques de diarrhées avec malabsorption deviennent plus rares. Chez
l’adulte, les modes de présentation s’expriment le plus fréquemment par une anémie, une
ostéoporose ou un reflux gastro-oesophagien persistant (11).
Une étude de 2011 a évalué 133 adultes connus pour une maladie céliaque et 70 personnes en
bonne santé (groupe contrôle). Ces personnes ont été suivies pendant 4 ans par des
questionnaires relatifs aux symptômes du RGO. Au début environ 30 % des personnes
céliaques avaient des symptômes modérés à sévères de reflux gastro-oesophagien. Après juste
3 mois de diète sans gluten, la plupart des céliaques n’avaient pratiquement plus de symptômes
(12). On retrouve des résultats identiques dans une étude italienne de 2008 dans laquelle un
régime sans gluten a résolu les symptômes de RGO en seulement 8 semaines, sans récurrence
après des contrôles à un et deux ans (13).
c. Restaurer une fonction sécrétoire (enzymes, HCL) efficace de
l’estomac
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Dans les cas de reflux gastro-oesophagien modéré, fréquemment on constate plutôt une baisse
de la production d’acidité (hypochloridrie). Le docteur Jonathan Wright, dans son livre
« WhyStomachAcidis good for You » explique que 90% de ces patients souffrant de reflux
gastrique manquent d’acidité (hypochloridrie). Vous pouvez demander à votre médecin un test
de mesure d’acidité gastrique toutefois une ph-métrie classique avec sonde dans l’œsophage
n’est pas suffisante pour déterminer si hypoacidité ou hyperacidité.
Certains tests simples pourraient permettre de savoir si le reflux est effectivement dû à une
hypochloridrie.
Le test au vinaigre de cidre, il s’agit de prendre une cuillère à café après le repas dilué dans un
verre d’eau, si la digestion va mieux cela peut indiquer que l’estomac manque d’acide
chlorhydrique.
Le test du bicarbonate de soude, le matin à jeun, consiste à diluer ¼ de cuillère à café dans un
verre d’eau, boire le verre, démarrer un chronomètre et l’arrêter à la première éructation. Le
bicarbonate est une base qui va réagir avec l’acide de l’estomac pour créer un gaz (dioxyde de
carbone). Plus on a d’acide, plus on a une éructation puissante et plus elle arrivera rapidement.
Une éructation marquée doit se faire dans les 2 premières minutes, si le gaz remonte au-delà de
2 minutes, une hypochloridrie est probable, au-delà de 5 min, une hypochloridrie est
pratiquement certaine.
Un test à la bétaïne HCL, il s’agit de prendre un comprimé de bétaïne HCL pendant un repas
riche en protéines (un steak par exemple) puis de voir si la digestion est bonne ou meilleure que
d’habitude, indiquant une possible hypoacidité. S’il y a brûlures d’estomac, une hyperacidité
peut être suspectée.
Il faut toutefois formellement éviter de prendre du HCL lors d’utilisation concomitante d’anti-
inflammatoires non stéroïdiens ou de corticoïdes, car ces médicaments peuvent endommager la
muqueuse gastrique et un supplément contenant du HCL pourrait aggraver le risque de
saignement ou d’ulcère.
Une autre façon de stimuler l’estomac est de prendre des herbes appelées les amères qui
stimulent les sécrétions gastriques (enzymes et HCL). Les herbes communément utilisées
peuvent comprendre la racine de gentiane, la dent-de-lion, le fenouil, le gingembre,la feuille
d’artichaut, etc..
Ces herbes sont utilisées en petites doses sous forme de teintures mère ou autre extrait à
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