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Cette partie s'intéresse à la possible complémentarité entre capital humain et ouverture
économique. Plusieurs aspects de ces deux variables justifient une telle complémentarité.
Comme l'a souligné Pissarides (1997), l'ouverture économique est certainement le cadre
économique le plus à même de permettre une réallocation du capital humain vers les activités
les plus productives. Ensuite, elle permet aux économies d'avoir accès aux nouvelles
technologies produites à l'étranger, les autorisant ainsi à exercer leur capital humain et à
connaître une plus forte croissance. On peut aussi ajouter à ces deux effets l'impact en terme
de concurrence exercée par l'ouverture économique, incitant à une concentration du capital
humain afin de faire face aux hausses de compétitivité nécessaires pour soutenir l'activité. Le
chapitre I est consacré à la recherche systématique des caractéristiques de l'ouverture
économique et du capital humain qui pourraient justifier l'existence d'une telle interaction. A
cet effet, les différents canaux d'influence possibles de l'ouverture économique sur les
performances économiques sont passés en revue et reliés aux caractéristiques en termes de
capital humain des économies considérées.
Plusieurs articles se sont déjà attelés à l'étude empirique de la complémentarité57, confirmant
l'existence d'une interaction entre éducation et commerce positive pour la croissance.
Cependant, ces études ne s'intéressent pas à différencier les différents canaux par lesquels une
telle interaction pourrait affecter les performances économiques. Elles se contentent d'une
représentation plus ou moins ad hoc du phénomène. Ce travail, et plus précisément le
chapitre II, est donc consacré à la description et à l'estimation de différentes spécifications
pertinentes pour l'étude de l'interaction capital humain - ouverture économique. Les modèles58
sont estimés sur une base de données de panel de long terme, couvrant une centaine d'années
et dix pays de l'OCDE. Les résultats obtenus confirment l'existence d'une forte interaction
entre éducation et commerce sur le long terme, cependant essentiellement pertinente pour
expliquer le rattrapage technologique entre pays.
Ce travail est ensuite complété par une étude de la stabilité des coefficients structurels en
fonction de différents paramètres (chapitre III). Une telle étude répond au souci de prendre en
compte les effets de seuil qui peuvent se manifester lorsqu'une complémentarité de facteurs
est en jeu. Elle nous amène, finalement, à différencier l'impact de l'interaction éducation -
commerce en fonction du niveau de PIB par tête atteint par les pays et de l'accumulation de
capital humain.
57 Voir, par exemple, Gould et Ruffin (1995), Levin et Raut (1997) et Berthélemy, Dessus et Varoudakis (1998)
58 Empruntés à Feder (1983), Benhabib et Spiegel (1994), Levin et Raut (1997) et Dessus (1998)