La carte blanche ci-dessous
Lettre ouverte à l’attention du Comité de Direction de la Banque Nationale de
Belgique.
La politique monétaire actuelle ne marche pas. La Banque centrale européenne a baissé son taux directeur à un
niveau proche de zéro. Le but : rendre l’argent moins cher afin d’inciter les banques à prêter davantage aux
ménages et aux entreprises pour qu’ils investissent, consomment et relancent ainsi l’économie. Elle a également
baissé sont taux de rémunération des dépôts à 0 % en 2013 et même à -0,3 % fin 2015. L’objectif : pousser les
banques commerciales à utiliser leur argent pour investir dans les entreprises plutôt que de le placer sur un
compte auprès de la BCE.
La Banque centrale européenne se dit prête à faire « tout ce qui est nécessaire » et à agir « sans limites » pour
sauver la zone euro et relancer la dynamique économique. Sous-entendu : il y aura des taux bas et de l’argent
bon marché sur une longue période. Un message aux marchés afin qu’ils n’hésitent pas à financer l’économie et
les investissements.
En ce sens, la Banque centrale européenne a recours à l’assouplissement quantitatif (Quantitative easing) et
rachète des titres de dettes publiques et privées en finançant l’opération par de la création monétaire. La volonté
de la BCE est à la fois d’injecter de l’argent dans l’économie pour encourager l’investissement et d’autre part de
pousser les intérêts sur les dettes publiques à la baisse. Avec des taux très faibles sur les bons d’État, la BCE
espère rediriger les investissements financiers dans la zone euro vers les entreprises à travers l’achat d’actions et
d’obligations.
A l’évidence, ces mesures, conventionnelles et non conventionnelles, ne marchent plus. Dans ses dernières
prévisions, la Commission européenne prévoit pour 2016 une croissance d’à peine 1,7 % et une inflation de
0,5 % dans la zone euro alors que l’objectif de la BCE est de 2 %. Poursuivre dans cette direction (baisser encore
les taux, racheter encore plus de titres, injecter encore plus d’argent) nous mène droit dans l’impasse. De plus,
les risques de bulles, d’endettement démesuré et de volatilité croissante des marchés sont réels.
Si la politique monétaire actuelle n’a pas d’effet c’est pour une raison très simple : la baisse du coût du crédit ne
se traduit pas en hausse des investissements et de la consommation. Les pays européens mènent des politiques de
rigueur (baisse des dépenses et des investissements publics, compression des salaires et des allocations sociales)
et la consommation des ménages diminue. Les entreprises quant à elles ont des liquidités abondantes mais pas de
perspectives de vente et donc peu de raison d’investir. De plus, les règles européennes limitent de manière
importante les capacités d’investissements des pouvoirs publics et les empêchent ainsi de prendre le relais pour
relancer la machine alors même que Belgique emprunte aujourd’hui à des taux négatifs.
Aujourd’hui, l’Europe semble dépourvue d’instruments pour préserver l’emploi et relancer l’économie. Par
ailleurs, l’accord de Paris sur le climat nous impose de prendre des mesures fortes pour répondre à nos
engagements climatiques en réduisant drastiquement nos émissions de CO2. Impossible sans investir !