Apple: Jusqu'où peut s'envoler le titre? Publié le 21 août 2012. Apple est la marque la plus valorisée au monde selon le classement BrandZ du cabinet Millward Brown. Martin Oeser/AP/SIPA INVESTISSEMENT - Après le record historique de capitalisation boursière décroché lundi à Wall Street, l'annonce de nouveaux produits attendue en septembre prochain se révèle à haut risque... Apple a-t-il trop fait monter la sauce? Le buzz annuel du groupe californien sur ses nouveaux produits a fait grimper le titre de plus de 9% depuis le début du mois. «iPhone 5», «miniiPad», «iTV connectée»? A mesure que la rumeur court, le titre s’envole. Lundi soir, l’action Apple a gagné 2,6% pour porter la capitalisation boursière du groupe à plus de 623 milliards de dollars. Il a ainsi battu le record remporté aux Etats-Unis par Microsoft en octobre 1999… Quelques mois avant l’explosion de la bulle Internet. Des espoirs démesurés Pour Philipe Torres, le directeur du département Conseil et Stratégie Numérique de l’Atelier BNP, c’est la capacité d’Apple à continuer d’innover sans cannibaliser ses propres ventes qui est aujourd’hui récompensée sur les marchés. «Tant que le succès commercial est au rendezvous, il n’y a pas de raison que les investisseurs ne lui fassent plus confiance», explique-t-il. L’engouement boursier reste toutefois ambigu. «Apple est aujourd’hui une valeur refuge que plus personne n’ose vendre: le titre n’est pas très cher et perçu comme pas très risqué, il ne baisse pas quand la valeur de l’indice recule et il monte quand elle progresse, si bien que c’est un phénomène qui s’auto-entretient», analyse Benoît Flamant, directeur des investissements technologiques au sein de la société de gestion Fourpoints. Le spécialiste préfère rester prudent face à l’euphorie. «Cela fait partie de la magie d’Apple de faire un tabac avec un produit qui n’est pas exceptionnel. On a ainsi vu les critiques sur l’iPhone 4S se taire dès qu’il a commencé à se vendre comme des petits pains. Mais les attentes et l’excitation n’étaient pas aussi élevées que cette année», note-t-il. En cas de déception, plus forte serait donc la chute. Performances commerciales sous pression Dans une note publiée lundi et citée par Reuters, Toni Sacconaghi, analyste de Bernstein Research, souligne par ailleurs les incertitudes qui pèsent sur la disponibilité des composants nécessaires à l'iPhone comme à l'iPad: «L'une des questions clés concernant le lancement porte sur le calendrier de commercialisation d'Apple», écrit-il. «Apple a l'intention de continuer à lancer ses offres aussi vite que possible mais la capacité de la société à le faire reste une interrogation majeure à court terme.» «Aujourd’hui, Apple a démontré son excellence opérationnelle: la firme est capable de faire une production massive et de bonne qualité, mais personne n’est à l’abri d’un accident endogène sur la qualité des séries produites à l’image de Toyota ou bien d’un accident exogène», relativise Philipe Torres. Ces inquiétudes ont toutefois le mérite de mettre en lumière les vulnérabilités du roi de l’hightech. «Aujourd’hui, Apple est une entreprise reconnue, qui délivre trimestre après trimestre une croissance de ses bénéfices et dont le modèle économique est facile à comprendre contrairement par exemple à Facebook, mais il ne faut pas oublier que le groupe réalise près de la moitié de son chiffre d’affaires sur un seul produit, l’iPhone, qu’il doit renouveler tous les ans. Le succès a jusqu’à présent toujours été au rendez-vous mais il suffirait d’un raté pour que l’impact soit colossal», souligne Benoît Flamant. Une réalité que les investisseurs semblent avoir un peu perdu de vue. C’est aussi ça, la magie du succès. Claire Planchard