Comment fonctionne l'optimisation fiscale
d'Apple ?
Les systèmes fiscaux, à la fois européens et américains, semblent inadaptés pour recueillir l'impôt de
certaines grandes entreprises issues des nouvelles technologies et du commerce électronique. En
effet, ces entreprises utilisent des techniques d'optimisation fiscale qui reposent sur des montages
financiers parfois très complexes. La nature même de l'activité de ces entreprises basée sur la
dématérialisation des échanges rend le suivi fiscal particulièrement compliqué.
Système d'optimisation fiscale
Les entreprises cherchent naturellement à diminuer le montant de leurs impôts. Dans ce cadre,
l'optimisation fiscale est un outil tout indiqué. En pratique, l'optimisation fiscale consiste à utiliser
l'ensemble des moyens légaux pour diminuer l'imposition des sociétés, mais aussi (et parfois surtout)
à utiliser les vides juridiques laissés par le législateur. Dans le cas de l'économie numérique (Google,
Amazon, Apple...), les législateurs chargés de surveiller la fiscalité de ces sociétés peuvent être
dépassés par les technique misent en place par ces sociétés. Une des raisons principales tient au
fait qu'une partie de la production de ces sociétés ne provient pas de biens matériels, mais des droits
de la propriété intellectuelle (typiquement les logiciels). Dès lors, il est très facile pour ces sociétés
de domicilier leurs bénéfices dans des pays où la fiscalité est faible, réduisant ainsi le montant du
prélèvement fiscal.
Le double irlandais et le sandwich hollandais
Une des techniques les plus utilisées est le "Dubble Irish and Dutch sandwich". La firme américaine
Apple est à l'origine de cette technique qui consiste en substance à réduire l'impôt en acheminant les
bénéfices vers un paradis fiscal, par l'intermédiaire de filiales irlandaises et hollandaises. La
législation fiscale américaine est fondée sur le principe selon lequel une entreprise est assujettie à
l'impôt sur les bénéfices dans le pays où la valeur est créée, et non dans celui où les produits sont
vendus. Dès lors, toute l'idée est de faire transiter la valeur selon un système qui permet de ne
localiser qu'une petite partie de la valeur aux Etats-Unis et de faire provenir les bénéfices de
l'étranger. La structure du "Double irlandais" a été créée dans les années 1980. Les autorités
irlandaises ont offert à Apple un allégement fiscal en échange de la création d'emplois.
En pratique, la technique d'Apple est relativement simple. En effet, l'avantage premier d'Apple a été
de transférer en Irlande le produit des droits tirés des brevets développés en Californie. Les
transferts de fonds restent au sein de la société, ils sont uniquement déplacés vers une filiale à
l'étranger (Irlande). Dès lors, au lieu que certains bénéfices soient taxés à 35% comme aux
Etats-Unis, le taux d'imposition est de 12,5%. De plus, la filiale irlandaise ("le double irlandais")
permet que d'autres bénéfices soient comptabilisés dans des sociétés exemptées d'impôts dans
certain centre financiers offshore ("paradis fiscaux"). Ensuite, grâce à des traités signés entre
l'Irlande et certains pays européens, une partie des bénéfices d'Apple peuvent transiter sans payer
d'impôt en passant par les Pays-Bas ("le sandwich hollandais"). Par conséquent, ce mécanisme a
permis à Apple de limiter l'imposition sur ses bénéfices à 2,2% en 2012, et à 3,2% en 2011. Sans
cette technique, Apple aurait probablement dû payer plusieurs milliards de dollars supplémentaires à
l'administration fiscale américaine. Plusieurs autres entreprises utilisent maintenant cette technique.
Apple utilise également d'autres techniques pour mettre hors de portée les bénéfices de
l'administration fiscale. En effet, Apple profite des différences de fiscalités entre les Etats au sein
même des Etats-Unis. En effet, alors que le siège d'Apple se situe en Californie, l'entreprise a ouvert
un bureau dans le Nevada dont le seul rôle est de collecter les bénéfices de la société. Dès lors, au
lieu d'être imposé à un taux de 8,84% au titre de l'imposition sur les sociétés en Californie, Apple
bénéficie d'un taux de 0% au Nevada. En outre, le célèbre système de téléchargement d'Apple est