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Ces différents changements et bien d’autres n’ont pas été favorables aux catégories faibles de la
société telles que les personnes âgées, en particulier celles appartenant aux couches sociales
pauvres. Cette catégorie de la population, ne trouve plus au sein de la structure familiale et du
tissu communautaire la protection et la prise en charge dont elle a besoin. C’est ainsi qu’elle est
devenue objet d’intervention sociale.
Bien sûr la population âgée tunisienne n’est pas une population homogène, c’est-à-dire que
toutes les personnes âgées n’ont pas les mêmes conditions de vie et ne réalisent pas leur
intégration sociale de la même façon. C’est ainsi que la pauvreté vécue par certaines fractions
de cette catégorie de la population porte atteinte à sa qualité de vie. Alors pour faire face à
cette situation, les personnes âgées pauvres utilisent les sources informelles en particulier
la famille qui, malgré les différents changements qu’elle a connus, continue à assumer une
grande responsabilité de protection à l’égard de ses membres en difficulté.
Grâce à la politique de scolarisation massive, à l’accès de la femme tunisienne à ses droits et à tout
le processus de modernisation entamé depuis l’indépendance le changement socioculturel et
démographique dont nous venons d’exposer quelques dimensions, a été soutenu par différentes
politiques de développement traduisant le rôle assumé par l’Etat en fonction de ses choix et de
ses orientations politiques et économiques et en fonction des données démographiques. En
effet, si après la première décennie de l’indépendance l’état tunisien a choisi le modèle de l’état
providence et a adopté une politique de développement fondée sur l’économie planifiée et axée
sur la recherche du bien être collectif. A partir des années 70, nous avons assisté à un virage
au niveau économique ouvrant la voie vers l’économie du marché, tout en maintenant un rôle
social considérable.
Toutefois, à partir de la fin des années quatre vingt et durant toute la dernière décennie du
siècle précédent, l’Etat tunisien a procédé à une révision totale de son rôle social et économique
pour faire face aux nouveaux défis économiques. En fonction de ses nouvelles orientations et
en fonction des nouvelles données démographiques exprimant le vieillissement progressif de
la population tunisienne, il a adopté une politique sociale dite de rationalisation et de ciblage
des besoins. Cette politique a profondément influencé la politique d’intervention en faveur de la
population âgée vulnérable en mettant l’accent sur le rôle de la famille et du tissu associatif pour
subvenir aux besoins des la population âgée en difficulté. C’est ainsi que plusieurs associations
de développement et de protection ont été crées. La Tunisie compte aujourd’hui 24 associations
de protection de personnes âgées qui interviennent de différentes manières en faveurs des
personnes âgées pauvres.
Conclusion
L’intervention auprès des personnes âgées nécessiteuses en Tunisie a pris une courbe
ascendante accompagnant les changements socioculturels et la transformation du rôle de
l’Etat. L’état tunisien a d’abord encouragé l’assistance des personnes âgées par le maintien à
domicile. Puis, en adoptant une politique sociale de ciblage et de rationalisation des besoins
un ensemble de lois, des structures et des programmes ont été mis en place pour subvenir
aux besoins des personnes âgées en particulier celles appartenant aux couches sociales
défavorisée. Dans ce cadre, le secteur associatif en l’occurrence les associations de protection
des personnes âgées sont devenues un acteur fondamental dans l’intervention auprès de la
population concernée.
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