4
Nous avons ensuite souhaité accorder une place privilégiée à l’histoire, car l’œuvre de
Bourdieu est traversée par un souci constant d’historicisation des faits sociaux
9
. Professeur de
lycée, docteur en histoire (Université de Lyon II, 2011, dir. : Olivier Christin) et membre du
LARHRA (CNRS-UMR 5190), Boris Klein s’intéressera au dialogue entre Pierre Bourdieu
et les historiens. Ses recherches portent sur la transmission des savoirs au sein des universités
allemandes au XVIIe siècle. Il a notamment publié « Les finalités de l’enseignement de
l’histoire : du lycée français au Gymnasium hessois », Le Cartable de Clio, n° 3, 2003.
Les interventions de Tassadit Yacine et de Boris Klein seront suivies d’un débat avec le
public et d’une pause. Ensuite, pour lancer la dernière séquence de la journée d’études, nous
avons prévu de projeter des photographies et des extraits de vidéos montrant un autre aspect
de la personnalité intellectuelle de Pierre Bourdieu : c’est en effet le sociologue engagé qui
sera mis à l’honneur à travers ses différentes actions politiques, depuis sa prise de position
pour la candidature Coluche à l’élection présidentielle de 1981 jusqu’à ses interventions
contre les effets du libéralisme et les « nouveaux maîtres du monde » ou son soutien aux
grévistes du mouvement social de novembre-décembre 1995.
Le thème des relations entre Pierre Bourdieu et le champ politique sera approfondi par deux
chercheurs de générations différentes : Boris Gobille, maître de conférences en science
politique à l’ENS-LSH de Lyon et membre du laboratoire Triangle, et Bernard Pudal,
professeur de science politique à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense et membre du
CSU (Culture et sociétés urbaines). Le premier est spécialisé en sociologie de l’engagement,
des crises politiques et du champ intellectuel. Sa thèse, consacrée à la mobilisation des
écrivains en Mai 68
10
, a été réalisée sous la direction de Bernard Pudal, dont les travaux
portent notamment sur l’histoire sociale du communisme français
11
et de la dimension
culturelle des trajectoires militantes
12
. Ensemble, ces deux spécialistes des rapports entre
savoir et politique croiseront leurs regards sur les appropriations différenciées du travail de
Pierre Bourdieu en science politique, et plus particulièrement en sociologie des engagements
politiques et intellectuels.
Enfin, la dernière communication orale sera assurée par un tandem de sociologues réputés
pour leur travail sur les formes contemporaines de domination sociale : Stéphane Beaud,
professeur à l’Ecole Normale Supérieure et directeur de l’équipe de recherche Enquêtes,
Terrains, Théorie du Centre Maurice Halbwachs, et Michel Pialoux, aujourd’hui retraité,
membre du Centre européen de sociologie et de science politique de la Sorbonne, du CNRS et
de l'EHESS. Après avoir travaillé avec Pierre Bourdieu dans les années 1980-90 et réalisé,
notamment, plusieurs entretiens dans l’ouvrage collectif La misère du monde
13
, ils ont publié
ensemble une enquête magistrale sur le devenir du monde ouvrier
14
et, plus récemment, un
9
Souci particulièrement manifeste dans Les règles de l’art, Genèse et structure du champ littéraire (Le Seuil,
1992).
10
Pour un aperçu : Boris Gobille, « Les mobilisations de l’avant-garde littéraire française en mai 1968. Capital
politique, capital littéraire et conjoncture de crise », Actes de la Recherche en Sciences Sociales, n°158, dossier «
Le capital militant (2) : crises politiques et reconversion : Mai 68 », juin 2005, p. 30-53.
11
Bernard Pudal, Prendre parti. Pour une sociologie historique du PCF, Paris, Presses de la FNSP, 1989 ; et Un
monde défait. Les communistes français de 1956 à nos jours, Bellecombe en Bauges, Editions du Croquant,
2009.
12
Gérard Mauger, Claude Poliak, Bernard Pudal (dir.), Histoires de lecteurs (Nathan, 1999)
13
Pierre Bourdieu (dir.), La misère du monde, Paris, Seuil, 1993.
14
Stéphane Beaud, Michel Pialoux, Retour sur la condition ouvrière : enquête aux usines Peugeot de Sochaux-
Montbéliard, Paris, Fayard, 1999.