Chapitre 1
Particules identiques en m´ecanique
quantique
La m´ecanique quantique repose sur une s´erie d’axiomes comme la structure hilbertienne de
l’espace des ´etats, l’´equation de Schr¨odinger pour d´ecrire l’´evolution temporelle d’un syst`eme ou
encore le principe de “r´eduction du paquet d’onde” pour d´ecrire le r´esultat d’une mesure. Ces
axiomes sont suffisants pour traiter un probl`eme `a une particule ou `aNparticules distinctes,
mais s’av`erent incomplets pour les situations o`u plusieurs particules identiques sont en jeu.
Un exemple simple de cette insuffisance est le choc ´elastique entre deux particules que nous
num´erotons 1 et 2 (figure (1.1)). Pla¸cons-nous pour simplifier dans le r´ef´erentiel du centre de
masse, les deux particules ayant initialement les impulsion piet −pi. Apr`es le choc, d´eterminons
la probabilit´e de mesurer une particule avec l’impulsion pfet l’autre avec l’impulsion −pf(on
abiensˆur |pf|=|pi|). Si les deux particules sont discernables, ce r´esultat de mesure peut
correspondre `a l’un des deux ´etats finals :
|1:pf,2:−pf|1:−pf,2:pf(1.1)
et la probabilit´e pour obtenir cette d´etection simultan´ee est la somme des probabilit´es corres-
pondant `ades´etats finals orthogonaux :
P=|A(pi→pf,−pi→−pf)|2+|A(pi→−pf,−pi→pf)|2(1.2)
o`uA(pi→p,−pi→−p)d´esigne l’amplitude de probabilit´e, nombre aprioricomplexe, pour
un processus donn´e. En revanche, si les particules sont indiscernables, la distinction entre les
deux ´etats (1.1) n’a pas de sens. Il s’agit du mˆeme ´etat physique final, puisque par d´efinition de
l’indiscernabilit´e, il n’y a pas moyen de les distinguer. Que doit-on faire dans ce cas ? Ajouter les
amplitudes de probabilit´e, les soustraire, ajouter les probabilit´es ? Remarquons que ce probl`eme
est typiquement quantique. Si les particules sont classiques, on peut toujours identifier les tra-
jectoires, et connaˆıtre l’origine de la particule d´etect´ee. Notons aussi que le probl`emenesepose
que si toutes les caract´eristiques des deux particules sont les mˆemes : mˆeme masse, mˆeme charge,
mˆeme spin,... Deux ´electrons sont identiques. En revanche, un ´electron et un positron ne seront
jamais trait´es comme identiques, mˆeme dans un probl`eme o`u la charge n’intervient pas. Il est
en effet toujours possible d’imaginer une exp´erience dans laquelle on mesurerait cette charge et
on d´eterminerait les chemins suivis respectivement par l’´electron et le positron ; on peut donc
appliquer dans ce cas la formule (1.2).
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