M2 - Parcours de Physique Quantique Option Atomes Froids Ann´ee 2012
Statistique de Bose-Einstein
1 Fonction de partition
L’op´erateur densit´e ˆρd´ecrit l’´etat du syst`eme `a grand nombre de particules. Si {|ϕmi}
est une base des ´etats `a une particule, telle que hϕm|ϕni=δmn, ˆρs’´ecrit
ˆρ=X
m
pm|ϕmihϕm|,avec X
m
pm= 1,(1)
pm´etant la population de l’´etat |ϕmi. L’entropie statistique est alors donn´ee par
S(ˆρ) = kBTr (ˆρln ˆρ) = kBX
m
pmln pm.(2)
La valeur moyenne d’une observable ˆ
Adans l’´etat ˆρvaut
hˆ
Ai= Tr ˆρˆ
A.(3)
Si la valeur moyenne de certaines observables ˆ
Aiest connue, ˆρd´ecrit un ´etat qui, `a
l’´equilibre, ne contient pas plus d’information que celles fournies par ces contraintes. Cet
´etat maximise l’entropie sous contrainte. Montrons, en utilisant la m´ethode des multipli-
cateurs de Lagrange, que l’op´erateur densit´e est alors de la forme
ˆρ=1
Zexp X
i
λiˆ
Ai!(4)
o`u la fonction de partition Zet les multiplicateurs de Lagrange λiv´erifient :
Z= Tr "exp X
i
λiˆ
Ai!# et pour tout iln Z
λi
=−h ˆ
Aii.(5)
D´emonstration L’expression (5) de Zd´ecoule de la normalisation `a 1 de la trace de
ˆρ. Avec le choix de ˆρdonn´e `a l’´equation (4), on peut calculer l’expression de l’entropie.
Commen¸cons par ´ecrire le logarithme de l’op´erateur densit´e :
ln ˆρ=ln Z+ ln "exp X
i
λiˆ
Ai!#=ln ZX
i
λiˆ
Ai.(6)
On a donc :
S=kBTr (ˆρln ˆρ) = kBTr ρln Z+ρX
i
λiˆ
Ai!=kBln Z+kBX
i
λihˆ
Aii.(7)
1
Pour que l’entropie soit maximale, il faut que λiS= 0, ce qui donne pour chaque ila
condition mentionn´ee `a l’´equation (5).
Calculons maintenant λiZ:
Z
λi
= lim
ε0
1
ε
Tr
exp
X
j6=i
λjˆ
Aj(λi+ε)ˆ
Ai
Tr
exp
X
j
λjˆ
Aj
= lim
ε0
1
εnTr hexp ˆ
Mεˆ
AiiTr hexp ˆ
Mio
= lim
ε0
1
ε(Tr "
X
n=0
1
n!(ˆ
Mεˆ
Ai)n
X
n=0
ˆ
Mn
n!#).
En utilisant la lin´earit´e de la trace, et la propri´et´e Tr( ˆ
Mˆ
N) = Tr( ˆ
Nˆ
M) on peut ´ecrire
Tr( ˆ
Mεˆ
Ai)n= Tr( ˆ
Mn)ε
n1
X
p=0
Tr( ˆ
Mpˆ
Aiˆ
Mn1p) + O(ε2)
= Tr( ˆ
Mn)εnTr( ˆ
Mn1ˆ
Ai) + O(ε2).(8)
On en d´eduit la relation annonc´ee entre les valeurs moyennes et les multiplicateurs de
Lagrange :
Z
λi
=
X
n=0
n
n!Tr( ˆ
Mn1ˆ
Ai) =
X
n=0
1
n!Tr( ˆ
Mnˆ
Ai) = Tr(Zˆρˆ
Ai) = Zhˆ
Aii.(9)
Cela signifie que la donn´ee de Z(λ1, λ2, ...) suffit `a d´ecrire le syst`eme, la condition sur les
λipouvant se d´eduire de l’expression de Z.
2 Potentiel chimique
Dans l’ensemble canonique, le nombre de particules est fix´e et le syst`eme peut ´echanger
de l’´energie avec un thermostat, de sorte que l’´energie E=hˆ
Hiest fix´ee en valeur moyenne,
ce qui revient `a dire que N,Vet Tsont fix´es. Dans l’ensemble grand canonique, le syst`eme
peut ´echanger de l’´energie et des particules avec un r´eservoir : l’´energie et le nombre de
particules N=hˆ
Nisont fix´es en valeur moyenne, ce qui revient `a fixer µ,Vet T.
La fonction de partition dans l’ensemble grand canonique vaut
ZGC = Tr hexp αˆ
Nβˆ
Hi.(10)
Les multiplicateurs de Lagrange αet βservent `a d´efinir deux quantit´es, T= 1/(kBβ) et
µ=α/β, appel´ees respectivement temp´erature et potentiel chimique.
L’entropie vaut alors d’apr`es (7)
S=kBln ZGC +E
TµN
T.(11)
2
L’´energie moyenne et le nombre de particules moyens s’expriment d’apr`es (5) selon
N=ln ZGC
α β,V
=kBTln ZGC
µ T,V
(12)
E=ln ZGC
β α,V
=ln ZGC
β µ,V
.(13)
La pression est li´ee au grand potentiel Ω, qui est directement donn´e par la fonction de
partition :
Ω(µ, T, V ) = P V =kBTln ZGC =ET S µN. (14)
L’´energie libre de Helmoltz F=ET S vaut
F=kBTln ZGC +µN. (15)
Le potentiel chimique µapparaˆıt bien selon sa d´efinition thermodynamique usuelle, reli´e
`a Fpar la relation
µ=F
N T,V
=E
N T,V
TS
N T,V
.(16)
L’´energie vaut typiquement NkBT, `a un facteur constant pr`es : E=ηNkBT. On a donc
µ=kBTηS
N T,V . On comprend que cette expression du potentiel chimique peut
ˆetre tr`es grande et n´egative `a temp´erature ´elev´ee, o`u l’entropie augmente beaucoup lorsque
l’on ajoute une particule, le nombre d’´etats disponibles ´etant consid´erable `a temp´erature
´elev´ee. Par exemple, dans le cas du gaz parfait, on peut calculer ZGC ,Fet µ. On trouve :
µ=kBTln "N
V2π~2
MkBT3/2#=kBTln 3
dB.
La limite classique 3
dB 1 correspond donc `a µ < 0et|µ|  kBT.
3 Distribution de Bose-Einstein et de Fermi-Dirac
Pour des particules sans interaction (gaz parfait) dont l’hamiltonien `a une particule ˆ
h
a pour spectre {i}, la fonction de partition est le produit des fonctions de partition pour
chaque ´etat i:
ZGC =Y
i
ζiavec ζi=X
Ni
e(α+βi)Ni,(17)
soit ln ZGC =Piln ζi. On a en particulier :
N=X
iln ζi
α β,V
=X
i
niavec ni=ln ζi
α β,V
.(18)
niest le nombre d’occupation moyen de l’´etat id’´energie i.
3
Fermions La somme porte sur Ni= 0 et Ni= 1, seules valeurs autoris´ees. On a alors
ζi= 1 + e(α+βi), soit
ni=e(α+βi)
1 + e(α+βi)=1
eβ(iµ)+ 1 (19)
o`u on a utilis´e α=βµ. C’est la distribution de Fermi-Dirac. On remarque que niest
compris entre 0 et 1, quelle que soit les valeurs de Tet µ.µpeut prendre toutes les valeurs
entre −∞ et +.
Pour T > 0, la limite µ→ −∞ correspond `a la limite classique o`u ni' N eβi1.
C’est l’entropie par particule augmente avec Net qui rend µn´egatif.
Pour µkBT, la fonction de Fermi passe brutalement de 1 `a 0 lorsque d´epasse µ,
sur une plage de largeur kBT.`
AT= 0, la fonction de Fermi est une marche en =µ.
Bosons La somme porte sur toutes les valeurs de NiN. On a alors
ζi=
X
N=0
eN(α+βi)=1
1e(α+βi),soit ln ζi=ln 1e(α+βi).
On en d´eduit
ni=e(α+βi)
1e(α+βi)=1
eβ(iµ)1.(20)
C’est la distribution de Bose-Einstein. Cette fois, pour que ni>0, il faut imposer µ < i,
pour tout i.µest donc born´e sup´erieurement par l’´energie minimale min. On supposera
que cette ´energie correspond `a l’´etat d’indice i= 0, par convention. On a donc min =0.
La limite µ→ −∞ correspond comme pour les fermions `a la limite classique. Les ´etats
´etant tr`es faiblement occup´es, la nature bosonique ou fermionique des particules ne joue
pas.`
A la limite µ0,n0diverge. C’est le signe de la transition de phase vers la conden-
sation. Si le nombre de particule est fini, toutes les particules peuplent alors l’´etat fonda-
mental. En effet, le nombre de particule dans un ´etat n0
iexcit´e est born´e par
n0
i=1
eβ(iµ)1<1
eβ(i0)1.
Si la somme sur tout les ´etats excit´es de ce majorant est finie, le nombre total d’atomes
dans les ´etats excit´es est born´e :
N0< N0
max(T) = X
i>0
1
eβ(i0)1.
Si le nombre total d’atomes exc`ede N0
max(T), dont la valeur d´ecroˆıt quand on r´eduit la
temp´erature, tous les atomes suppl´ementaires s’accumulent dans l’´etat fondamental, dont
la population devient macroscopique.
4
1 / 4 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !