Le déclin naturel de la mémoire et le traitement par inhibiteur de

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Cette rubrique vous propose des réponses concises
et concrètes à des questions que se posent souvent
les omnipraticiens au sujet de la maladie d’Alzheimer.
Le sujet du mois :
Le déclin naturel de la mémoire et le traitement
par inhibiteur de la cholinestérase
Peter N. McCracken, M.D., FRCPC
Par suite de la plus grande sensibilisation à
la maladie d'Alzheimer, un nombre croissant de patients âgés de 40 à 60 ans sont
préoccupés par le déclin de la mémoire. On
entend en effet souvent la réflexion : «Il
m'arrive souvent d'oublier des noms ou les
choses que je voulais faire.» Invariablement, les résultats du mini-examen mental (MMSE) sont normaux.
Quel conseil donneriez-vous à ces patients?
Une dame âgée de 81 ans, atteinte de
démence, est amenée à votre cabinet par sa
belle-fille, qui en prend soin. La vieille dame
se lève souvent la nuit; il lui arrive de mettre
deux robes et parfois d'aller à la selle dans
la corbeille à papier de sa chambre. La
belle-fille vous demande de lui prescrire le nouveau
médicament indiqué dans la maladie d'Alzheimer.
«Faites quelque chose, je suis épuisée!» supplie la
jeune femme.
Q
Q
Réponse :
Réponse :
Les personnes dont la fonction cognitive est normale peuvent à
l'occasion présenter des troubles de mémoire «normaux»,
surtout sous l'effet du stress, de l'anxiété ou d'une légère
dépression. On utilise alors le terme technique de «sénectophobie» pour décrire ce trouble qui n’est pas rare. La plupart
des personnes que vous décrivez ci-dessus seraient classées
dans cette catégorie. Le cas échéant, la meilleure stratégie est
de rassurer très sérieusement ces patients. Il est par ailleurs
souhaitable de leur demander si ces ennuis de mémoire s'accompagnent d'un déclin de la capacité fonctionnelle, ou si
d'autres aspects de la fonction cognitive sont touchés. Si tel est
le cas, il faudrait soupçonner un trouble démentiforme naissant.
Par contre, si vous craignez beaucoup que la mémoire soit
atteinte, vous devriez adresser le patient à un psychologue ou à
un neuropsychologue pour évaluation plus approfondie des
fonctions cognitives. Et c'est encore plus important si le patient
présente de l'aphasie, de l'agnosie, de l'apraxie ou une diminution des fonctions exécutives en même temps que des troubles
de la mémoire des faits récents et de la mémoire d'évocation, à
ce moment il présente les critères diagnostiques de la maladie
d'Alzheimer définis dans le DSM IV.
La conduite de cette dame âgée de 81 ans justifie une évaluation approfondie de la démence, pour essayer de déterminer le
stade de la maladie. D'après la description, il semble qu'elle ait
déjà atteint le stade intermédiaire et qu'elle pourrait même être
au stade avancé de la maladie, selon les résultats des examens
subséquents. Avant d'agréer à la demande de la belle-fille en
prescrivant un médicament, vous devez être certain que la
démence est de type Alzheimer. Si l'évaluation démontre que la
patiente souffre bel et bien de la maladie d'Alzheimer au stade
intermédiaire, elle pourrait alors être une candidate à un essai
thérapeutique avec le donépézil (Aricept). Le traitement devrait
être instauré à la dose de 5 mg par jour. Une nouvelle évaluation devrait être faite de quatre à six semaines après le début du
traitement, et selon la réponse et la tolérance de la patiente au
médicament, vous pourriez augmenter la dose à 10 mg par jour.
Elle pourrait aussi continuer à prendre la dose moins élevée.
Notre expert :
Le Dr Peter N. McCraken, gériatre titulaire, Glenrose Rehabilitation Hospital, directeur, Département de
gériatrie et professeur de médecine, University of Alberta, Edmonton, Alberta.
Veuillez faire parvenir vos questions pour cette rubrique par télécopieur à STA Communications au (514) 695-8554.
Revue canadienne de la maladie d’Alzheimer • mars 1998 • 17
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