Si l’objectif de réduire les risques inhérents à la l’utilisation du potentiel énergétique et/ou matière du
déchet est un objectif tout à fait respectable, il n’en demeure pas moins que sous ce couvert, nous
assistons à une véritable utilisation de la législation à des fins économiques. L’objectif étant de réduire
la valorisation de déchets combustibles en cimenterie au profit d’incinérateurs de déchets industriels
localisés en dehors de la région.
Etant donné que l’impact environnemental est d’abord visible au niveau local – poussières, charroi,
bruit – les riverains ont été un deuxième facteur d’incertitudes.
Celui-ci s’est traduit par la pression des politiques – principalement les partis dans l’opposition – qui
s’est exprimée au travers de groupes environnementaux locaux créés pour la cause et des médias. Il
est important de signaler que grâce à la mise en place d’une stratégie préventive intégrant les
préoccupations locales, nous n’avons jamais, actuellement, connu d’opposition populaire de masse
lors des demandes de permis de valorisation des déchets ou des permis d’extraction. Les opposants,
lors des réunions de concertations organisées dans le cadre du système d’évaluation des incidences
sur l’environnement – environ 11 études d’incidences réalisées en près de 5 ans –, étaient
essentiellement représentés de personnes non riveraines des sites d’exploitation.
Selon notre expérience, les réunions de concertation ne constituent pas un lieu approprié pour des
discussions sereines et constructives entre les différentes parties si elles ne sont pas précédées de
rencontres informelles et préalables entre opposants et l’auteur de projet.
Les enjeux liés d’une part aux incertitudes engendrées par la pression des riverains, des groupes
environnementaux ainsi que des médias et d’autre part, à la législation, sont énormes. Parmi ces
enjeux, citons le refus ou la limitation de la valorisation des déchets, le risque de nuire à l’image de
marque, les investissements complémentaires importants,.. Un des choix possibles pour CBR aurait pu
consister à ignorer les riverains avec tout ce que cela aurait pu comporter comme conséquences
économiques et sociales pour l’entreprise.
Nous avons opté pour une véritable stratégie d’ouverture sur l’extérieur avec, pour implication, la
réduction de l’incertitude liée à l’effet N.I.M.B.Y. Celle-ci s’est exprimée dans la stratégie
environnementale mise sur pied dès 1995 à l’occasion du renouvellement de l’ensemble des permis.
STRATÉGIE POURSUIVIE PAR CBR
Une étude effectuée par l’Institut d’Administration et de Gestion (U.C.L.) situait en 2000 la stratégie
environnementale de CBR comme tendant vers « l’Excellence » ; niveau le plus élevé dans le modèle
de Roome (1992 )1.
Il s’agit d’une stratégie de leader qui vise l’excellence commerciale et environnementale par le
développement de solutions d’avant-garde. Cette stratégie est clairement définie et s’inscrit dans la
perspective du développement durable. Concrètement, cette stratégie s’exprime au travers de neuf
pôles d’actions dont la mise en œuvre contribue à l’instauration d’un système industriel qui génère,
d’une part davantage de produit avec de moins en moins de ressources, et d’autre part, un impact
moindre sur la biosphère. Ainsi, un tel système industriel, par analogie avec la nature, peut être
comparé à un écosystème. Concrètement, pour réduire les incertitudes et les conséquences d’un effet
N.I.M.B.Y., CBR a développé les actions suivantes :
- une modification de la structure de l’organisation,
- une stratégie de communication,
- des systèmes d’information environnementale,
- des investissements dans de nouvelles technologies
1 Roome N. (1992) “ Developing environmental management strategies”,
Business Strategy and the Environment
, Vol.1, Part. 1,
Spring 1992, pp. 11-23.