Le Figaro se déchaîne

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Le Figaro se déchaîne
Extrait du site d'Acrimed | Action Critique Médias
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Les médias et la mort de Pierre Bourdieu
Le Figaro se déchaîne
- L'information - Culture - Les médias et la mort de Pierre Bourdieu -
"Pierre Bourdieu - Ce que laisse le philosophe disparu", titre le Figaro, qui répond : Rien ou presque
Date de mise en ligne : lundi 4 février 2002
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Les éructations d'Alain-Gérard Slama sur France Culture et dans les colonnes du Figaro donnent
déjà le ton. Mais on s'en voudrait d'oublier que Le Figaro, le lendemain de la mort de Pierre
Bourdieu, a consacré plus d'une page à rendre l'hommage qui convient au sociologue... en le
présentant à la "une" comme un philosophe : « Pierre Bourdieu - Ce que laisse le philosophe
disparu ».
Ce que laisse le sociologue disparu ? Rien ou presque.
Pour l'établir, il faut néanmoins deux articles et trois entretiens. Le Figaro du 25 janvier 2002, p. 12 et p.13.
Deux articles pour penser
1. Premier article : « Bourdieu : radicalité de la misère, misère de la radicalité ».
Sous ce titre prometteur, Joseph Macé-Scaron ne rate pas une occasion d'étaler son ignorance vindicative. Extraits :
« Le point nodal de la démarche bourdivine tourne autour de l'idée qu'il existe un lien étroit entre les positions
sociales et les dispositions individuelles. Un préjugé (sic !) qui assigne l'individu à résidence et appréhende, en fait,
nos sociétés d'une manière fort peu sociologique : celles-ci ne sont elles pas représentées dans l'oeuvre de Bourdieu
comme aussi déterministes et invariantes que les sociétés traditionnelles ».
La question, en effet, mérite d'être posée !
- « On ne notera que là où la sociologie découvre des problèmes, Bourdieu révèle une machination ».
- « Bourdieu n'interprète même pas : il glose ».
Après 1995, c'est encore pire :
« Depuis cette époque, tout antibourdivin est un chien. Il faut choisir : on est dominant ou dominé (...) »
L'oeuvre de Pierre Bourdieu étant nulle, son principal apport mérite un zéro pointé :
« Son principal apport reste à chercher du côté du premier Bourdieu, dans ce déterminisme naïf qui permet encore à
la sociologie de régner en maître sur les sciences sociales et d'accueillir en son sein les travaux d'Elisabeth Tessier.
»
2. Second article : « Un itinéraire intellectuel et militant ».
Sous ce titre d'une sobriété alléchante, Sébastien Lapaque récapitule ce que fut Pierre Bourdieu :
- Le chef d'une secte solidement structurée et parfaitement disciplinée : « Autour de lui, intellectuels, journalistes et
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professeurs vivaient en réseau solidement structuré, diffusant la parole du maître avec une parfaite discipline ».
Le créateur d'un ramassis de concepts teintés de marxisme : « Des premiers livres de Pierre Bourdieu, étaient sortis
des concepts teintés de marxisme bientôt ordonnés en système : l'objectivation, la reproduction, la violence
symbolique, la domination masculine, la communication pédagogique, le capital culturel. »
On s'étonne que Sébastien Lapaque ait oublié que Bourdieu est aussi l'inventeur du concept (« teinté ») de
raton-laveur...
Un intellectuel engagé par lassitude : « Las des ors universitaires, il avait depuis quelques années investi le terrain
militant. »
Et, pour finir cette pépite : « Ce n'est pas un hasard si c'est Patrick Champagne (...), l'élève le plus doué du
sociologue, qui a rendu publique l'annonce de son décès. » La raison ? La voici : « Les adversaires de l'école
bourdivine ayant souvent répété qu'elle ne survivait pas à son fondateur, son disciple préféré s'est manifestement
(sic !) juré de prouver le contraire. »
Mais Le Figaro est aussi un quotidien où l'on « débat ». Ce qui nous vaut trois entretiens.
Trois entretiens pour débattre
1. Premier entretien : avec Joël Roman, qui selon Le Figaro, « pointe les contradictions de la démarche
sociologique de Bourdieu », peu attentive à « l'ambivalence du réel ».
2. Deuxième entretien : avec Gilles Lipovetski, qui affirme, en toute simplicité que « Bourdieu (...) a hyperthéorisé
sur le déjà connu » et qu'il « ne donne pas à penser parce qu'il n'a pas ouvert un champ de questionnement ».
Manifestement, auteur de L'Ere du vide, Gilles Lipovetski s'est laissé happé par l'objet de ses propres études.
3. Troisième entretien : avec Daniel Bensaïd, dont on se demande vraiment ce qu'il vient faire dans cette galère
figaresque..., surtout quand on voit ce que le titre du Figaro retient de son propos : « la tentation mandarinale ».
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