5. Caractérisation des états de mer - SCS

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Les états de mer naturels
05 - Caractérisation des états de mer
5.
Caractérisation des états de mer
5.1.
Introduction
Apprendre à connaître les vagues ne se fait vraiment bien qu'au large, à
partir d'une série d'observations de différents états de mer.
Par calme plat, une houle longue, formée de trains d'ondes dont les lames
individuelles ont des périodes et des directions qui varient très peu autour
de leurs valeurs moyennes, est souvent observée.
Lorsqu'un vent souffle avec une force donnée, sur un fetch illimité, la mer
paraît atteindre un état limite après une période qui se compte en heures
et croît avec la vitesse du vent ; la mer est alors formée.
Parmi les informations régulièrement fournies aux différents services
météorologiques, sont contenues trois rubriques qui décrivent brièvement
l'état de mer observé :
La hauteur significative H s ou H 13 . Elle est définie comme la
moyenne des hauteurs crêtes à creux du tiers des plus grandes
lames du train de lames considéré.
La période significative Ts ou T13 associée à cette hauteur. Elle est
définie comme la période moyenne des lames prises en compte
pour l'évaluation de la hauteur significative.
La direction moyenne de propagation du train de lames.
C'est donc à partir de ces éléments, et des caractéristiques du vent que
sont définis les états de mer.
5.2.
Classification des états de mer
Des valeurs caractéristiques des états de mer sont données dans ce
paragraphe. Elles concernent des mers ouvertes et profondes pour
lesquelles le fetch est suffisamment grand pour que la mer soit
complètement formée ; en d'autres termes, lorsque le spectre de PiersonMoskowitz s'applique.
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5.2.1.
05 - Caractérisation des états de mer
Echelle Beaufort
La première échelle de la force du vent a été établie par Sir Francis
Beaufort /1806/. Elle permet de déduire de l’état de la mer la force
estimée du vent. Son usage a été recommandé par la conférence de
météorologie maritime de 1874.
Le tableau 5.1 donne les descriptions, les vitesses de vent et les
spécifications au large des degrés de l'échelle Beaufort.
Echelle Terme descriptif Vitesse du vent
Spécification au large
Beaufort
à 10 m (m/s)
0
Calme
0.0 à 0.2
Mer comme un miroir
1
Très légère brise
0.3 à 1.5
Rides ressemblant à des écailles de
poisson mais sans trace d'écume
2
Légère brise
1.6 à 3.3
Vaguelettes, crêtes d'apparence
vitreuse, mais ne déferlant pas
3
Petite brise
3.4 à 5.4
Petites
vagues.
Les
crêtes
commencent à déferler. Moutons
épars
4
Jolie brise
5.5 à 7.9
Petites vagues devenant plus
longues. Nombreux moutons
5
Bonne brise
8.0 à 10.7
Vagues modérées tendant à
s'allonger. Nombreux moutons
6
Vent frais
10.8 à 13.8 Formation de lames à crêtes d'écume blanche étendues, embruns
7
Grand frais
13.9 à 17.1 La mer grossit, l'écume des crêtes
commence à être soufflée en
traînées dans le lit du vent
8
Coup de vent
17.2 à 20.7 Lames
moyennes,
tourbillons
d'embruns,
nappes
d'écume
soufflées en traînées par le vent
9
Fort coup de vent
20.8 à 24.4 Grosses lames, épaisses traînées
d'écume, début de rouleaux, les
embruns réduisent la visibilité
10
Tempête
24.5 à 28.4 Très grosses lames à longues
crêtes en panache, nombreux
rouleaux, visibilité réduite
11
Violente tempête
28.5 à 32.6 Lames exceptionnellement hautes,
mer recouverte de banc d'écume,
visibilité réduite
12
Ouragan
32.7 à ∞
air plein d'écume et d'embruns mer
entièrement blanche, visibilité très
réduite
Tableau 5.1 : Echelle Beaufort.
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05 - Caractérisation des états de mer
Figure 5.1 : Différents états de mer selon l'échelle Beaufort.
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5.2.2.
05 - Caractérisation des états de mer
Echelle de Douglas
L'utilisation internationale de l'échelle proposée par l'amiral H.P. Douglas
de la Royal Navy a été recommandée par la conférence internationale de
Copenhague de 1929.
Le tableau 5.2 donne les correspondances entre l'échelle Douglas et
l'échelle Beaufort.
Echelle
Douglas
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
Echelle
Beaufort
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
Vitesse du vent à
19.5m (m/s)
0.0 - 0.2
0.3 - 1.5
1.6 - 3.3
3.4 - 5.4
5.5 - 7.9
8.0 -10.7
10.8 -13.8
13.9 -17.1
17.2 -20.7
20.8 -24.4
24.5 -28.4
28.5 -32.6
32.7 -36.9
37.0 -41.4
41.5 -46.1
46.2 -50.9
51.0 -56.0
56.1 -61.2
Hauteur
significative (m)
0.00 - 0.30
0.30 - 0.91
0.91 - 1.52
1.52 - 2.44
2.44 - 3.66
3.66 - 6.10
6.10 - 12.20
> 12.20
Tableau 5.2 : Echelle Douglas.
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5.2.3.
05 - Caractérisation des états de mer
Etats de mer de l'OTAN
Le tableau 5.3 donne les caractéristiques des états de mer de l’Atlantique
nord recommandée par l'OTAN (Code S).
En ce qui concerne les périodes de pic du spectre (modal period), le
premier nombre indique le cinquième centile, le second indique la valeur
la plus probable et le dernier le quatre-vingt quinzième centile.
Etat de
mer
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
Description
Probabilité Vitesse du
% du temps vent (m/s) à
19.5 m
calme, sans rides
0.05
0.0 à 3.5
calme, ridée
0.10
0.0 à 3.5
belle, vaguelettes
7.20
3.5 à 5.5
peu agitée
22.4
5.5 à 8.5
agitée
28.7
8.5 à 11.0
forte
15.5
11.0 à 14.0
très forte
18.7
14.0 à 24.4
grosse
6.10
24.4 à 28.5
très grosse
1.20
28.5 à 32.4
énorme
0.05
> 32.4
Hauteur Période de pic
significative du spectre
0.00 à 0.10
0.00 à 0.10
0.10 à 0.50
0.50 à 1.25
1.25 à 2.50
2.50 à 4.00
4.00 à 6.00
6.00 à 9.00
9.00 à 14.0
> 14.00
3.3- 7.5-12.8
5.0- 7.5-14.8
6.1- 8.8-15.2
8.3- 9.7-15.5
9.8-12.4-16.2
11.8-15.0-18.5
14.2-6.40-18.6
15.7-20.0-23.7
Tableau 5.3 : Etats de mer de l'OTAN (Code S).
5.3.
Caractérisation des états de mer par zones géographiques
Les données visuelles ou mesurées (stations et navires météorologiques,
navires, bouées, satellites, …) concernant les états de mer et leur
probabilité d'apparition ont été recensées dans des ouvrages et publiés
par différents organismes (livres, tables ou bases de données sur
Cédéroms).
Ces données (probabilité du couple : hauteur significative - période
significative) sont organisées par zones géographiques suffisamment
homogènes, par année ou par saison, et présentées sous forme de
corrélogrammes à long terme.
Les figures suivantes sont issues de "Global Wave Statistics" publié en
1986 par le British Maritime Technology (BMT).
Des données plus fines peuvent être obtenues par l'analyse des données
satellitaires (ERS1, ERS2, Topex, Geosat, …) qui commencent à être
assez nombreuses.
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Figure 5.2 : Répartition géographique mondiale des probabilités de
différents états de mer.
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Figure 5.3 : Découpage géographique des mers et océans pour la
description des différents états de mer.
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Figure 5.4 : Répartition annuelle des différents états de mer pour le golfe de
Gascogne.
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Figure 5.5 : Répartition annuelle des différents états de mer pour l'ouest de
la mer Méditerranée.
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Figure 5.6 : Répartition annuelle des différents états de mer pour le cap
Horn.
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5.4.
05 - Caractérisation des états de mer
Mesures des états de mer
La caractérisation directe des états de mer est naturellement fondée sur
l'estimation de l'agitation de la surface libre. Cette estimation pose le
problème de la mesure et de l'enregistrement, en fonction du temps, des
variations de la dénivelée de la surface libre η(M;t) en un point M donné
de l’espace.
Divers procédés peuvent être utilisés pour mesurer les variations du
niveau de la mer sur une verticale :
L'observation directe d'une perche fixe, ou mât à houle.
L'observation de la pression sur le fond au moyen d'un houlographe.
L'utilisation d'une bouée mouillée en un point fixe et équipée d'un
accéléromètre vertical dont les signaux sont intégrés deux fois.
Méthode qui peut aussi indiquer la direction de la houle à partir de la
mesure des inclinaisons de la bouée.
L'observation directe, à bord d'un navire, de la pression du fluide et de
l'accélération du navire en un point du bordé situé vers le couple milieu.
L'influence du roulis est éliminée en faisant la moyenne entre les
résultats obtenus à tribord et à bâbord. (méthode de Tucker).
L'observation optique ou l'utilisation d’ultrasons.
L'utilisation de radars installés sur des satellites.
Les mesures sont effectuées, pendant plusieurs années, par séquences
continues de dix à vingt minutes, renouvelées à intervalles plus ou moins
réguliers de quelques heures à quelques jours. Lors des tempêtes, les
enregistrements sont souvent rapprochés pour ne pas manquer le
maximum d’agitation, tandis que des aléas de fonctionnement introduisent
parfois des lacunes.
Chaque enregistrement est supposé correspondre à un état de mer
constant. Ses caractéristiques (hauteur et période significatives)
définissent l'état de la mer à court terme qui est sensé durer jusqu’à
l’enregistrement suivant.
Naturellement, l’hypothèse d’indépendance des événements conduit à ne
pas prendre en compte toutes les données d’une même tempête, et à
constituer l’échantillonnage à partir de hauteurs correspondant à la demijournée ou à la journée.
L'évolution des caractéristiques des enregistrement en fonction du temps
définissent l'état de la mer à long terme.
5.5.
Traitement statistique des résultats
Lorsqu'un grand nombre d'enregistrements à court terme sont disponibles
(dans la pratique plusieurs milliers), chacun d'entre eux étant caractérisé
par le couple (Hs, Ts) associé, il est possible d'en réaliser un traitement
statistique.
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Pour cela, ils sont rangés par classes, chaque classe i étant définie par
une tranche de hauteur significative de largeur ∆H (souvent de l'ordre du
mètre) :
H i ≤ H s ≤ H i + ∆H
(5.1)
Le résultat de ce classement est un nombre d'occurrences par classe qui
peut être représenté sur un graphique appelé histogramme. Ce graphique
comporte en abscisses les hauteurs significatives Hs et en ordonnées le
nombre d'occurrences ni divisé par la largeur de la classe ∆H, de sorte
que la surface de chaque rectangle est égale au nombre d'occurrences
enregistrées.
Figure 5.7 : histogramme long terme correspondant aux valeurs
enregistrées en un point de l'Atlantique Nord.
Il est alors possible de définir la courbe continue :
(5.2)
F (H ) =
n
∆H
qui suive au mieux le contour supérieur de l'histogramme, et telle que,
pour tout i, l'aire Si délimitée par cette courbe, l'axe des abscisses et la
parallèle à l'axe des ordonnées d'abscisse Hi soit égale à :
(5.3)
Si =
Hi
0
F (H )dH =
i
j =1
nj
En normant l'échelle des ordonnées pour que l'aire totale de la courbe soit
égale à l'unité, il en résulte une courbe d'équation y=f(H) définie par :
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(5.4)
05 - Caractérisation des états de mer
y=
1
F (H ) = f (H )
S
Il convient de noter que le même travail peut être réalisé sur l'ensemble
des hauteurs et des périodes associées obtenues dans un enregistrement
court terme. Il en résulte alors un histogramme court terme.
5.6.
Loi de probabilité
Par application de la notion de probabilité, la courbe y= f(H) représente la
densité de probabilité des hauteurs significatives Hs. En d'autre terme,
f(H)dH est la probabilité que Hs soit comprise entre H et H+ dH.
Ainsi, la probabilité P[Hs ≤ Hi] pour que Hs soit inférieure à une valeur
donnée Hi est :
(5.5)
P[H s ≤ H i ] =
Hi
0
f (H )dH
tandis que la probabilité P[Hi<Hs] pour que Hs soit supérieure à une valeur
donnée Hi est :
(5.6)
P[H i < H s ] =
∞
Hi
f (H )dH = 1 − P[H s ≤ H i ]
Dans la pratique, la définition mathématique de la courbe f(H) n'a d'intérêt
que si elle permet d'accéder à l'application des résultats de la théorie des
probabilités.
Il faut pour cela, qu'elle soit assimilable à une loi de probabilité connue. Il
s'agit alors d'ajuster les mesures statistiques à une loi de probabilité.
Cette opération n'a de sens que si les hypothèses qui sous-tendent le
domaine de validité de la loi de probabilité retenue, sont suffisamment
bien vérifiées par le processus qui gouverne la variable aléatoire Hs.
Compte tenu de la manière dont la mer se forme, un état de mer doit, a
priori, pouvoir être représenté comme une superposition d'une infinité de
houles élémentaires d'amplitudes infiniment petites, de toutes longueurs
d'ondes et de toutes directions, la phase de chacune de ces houles
élémentaires étant aléatoire et distribuée de façon équiprobable sur
l'intervalle [0,2π].
Il en résulte que le processus aléatoire qui gouverne la distribution
statistique de la dénivelée de surface libre d'un état de mer formé est
gaussien, c'est à dire que la loi de probabilité de la dénivelée de la surface
libre η(M;t), en un point donné et à un instant donné, est une loi normale :
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(5.7)
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1 ( z − m) 2
p[ z ≤ η( M ; t ) < z + dz ] =
exp −
dz
2 σ2
σ 2π
1
expression dans laquelle m =E(z) est l'espérance mathématique de z, et σ
son écart type.
Ce caractère gaussien de la dénivelée de surface libre d'un état de mer
formé est bien vérifié par l'expérience.
Les variations d'un état de mer en un point donné sont suffisamment
lentes pour que m et σ puissent être supposés constants au cours d'un
enregistrement. Chaque état de mer est donc supposé être stationnaire.
Il convient de noter que cela n'implique pas du tout que les valeurs
significatives ou les valeurs extrêmes des hauteurs de houle suivent une
loi normale.
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