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18 Origines de la vie et sexualité 19
peu les molécules organiques qui précèdent les molécules biochimiques
primordiales, pièces rudimentaires mais fondamentales des premières
formes de vie. La scénographie proposée par les géochimistes décrit un
environnement chaud, une atmosphère dense, une pression élevée…
Les conditions physico-chimiques sont alors réunies pour que les pre-
miers globules créés soient capables de croître, de se rencontrer et de se
reproduire.
Les conditions parfaitement défi nies de la soupe primitive représen-
tent les éléments intangibles, héréditaires, c’est-à-dire l’ensemble des
biens laissés à disposition. L’aléatoire se situe du côté de l’assemblage,
de la condensation en petits compartiments de formes variables. Des
systèmes prévivants qui suivent des règles établies pour les systèmes en
équilibre thermodynamique – structures dites dissipatives, prenant nais-
sance à la suite de fl uctuations produisant une instabilité1 (Glansdorff et
Prigogine, 1971) – ont pu peu à peu se constituer. Différents seuils entre
non-vie et vie ont ainsi été franchis par une succession d’instabilités.
On peut donc parler des origines plutôt que d’une origine. Selon Ilya
Prigogine, le hasard, c’est-à-dire la fl uctuation, et la nécessité, c’est-à-
dire l’instabilité, coopèrent au lieu de s’opposer. Nous tenons déjà là une
première manifestation de ce qui sera nécessaire au vivant pour se déve-
lopper, évoluer et s’installer défi nitivement dans l’océan primitif.
Formation des premières protocellules
À partir de l’amoncellement des « briques élémentaires du vivant »,
des vésicules vont se former. Il s’agit de protocellules, reproductibles en
laboratoire par condensation de molécules simples, acides aminés, lipi-
des ou sucres. Ces premiers globules, ou coacervats, que nous pouvons
qualifi er de précellules, diffèrent les uns des autres par leur composition.
Les précellules fi lles, issues de la division par simple partage mécanique
d’un même coacervat, ne se répartissent pas les composants de la pré-
cellule mère avec une exactitude semblable à celle que l’on verra plus
tard à l’œuvre dans la reproduction de l’ADN des chromosomes (Brun
et Maurel, 2005). Ces protocellules accumulant peu à peu des réserves
deviennent bientôt capables de se rencontrer, de fusionner, d’avoir des
échanges – prémices sans doute des tout premiers échanges sexuels –, de
s’autoreproduire. C’est seulement à partir du moment où elles entrent en
contact avec des éléments qui peuvent leur conférer de la stabilité qu’el-
les commencent à acquérir une certaine pérennité. Les plus performan-
tes se verront sélectionner au détriment des plus faibles, qui s’éteindront
spontanément.
première et principale de la reproduction sexuée. La reproduction
sexuée implique donc deux sexes, deux partenaires susceptibles d’exer-
cer une attirance réciproque. La sexualité est également génératrice d’un
bénéfi ce individuel tel qu’il est toujours souhaitable de répéter l’expé-
rience. Elle s’accompagne d’une émotion agréable, le plaisir – sensation
de contentement, d’apaisement (apaiser est à la racine du mot plaisir)
–, qui suit l’état de tension précédant la satisfaction. L’énergie, couplée
à l’état de tension et productrice du plaisir sexuel, serait, selon Sandor
Ferenczi (1974), la répétition d’un jeu ludique, réminiscence de la quié-
tude intra-utérine, de la sensation de fl otter, de nager, accompagnée du
déplaisir de la naissance, qui se termine bien (dans la plupart des cas),
en conférant une sensation de pleine satisfaction.
Grâce à la reproduction, la sexualité assure le mélange aléatoire de
matière génétique qui permet la transmission de caractères héréditaires
et l’éclosion d’une diversité chaque fois renouvelée. Toute notre imagi-
nation ne suffi rait pas à concevoir ce que la vie invente et a inventé en
termes de formes, de solutions, de fonctionnalités toujours nouvelles,
amplifi ées, naturellement sélectionnées, puis modifi ées à nouveau au
cours des générations, et ce dans chaque espèce. C’est ainsi que procède
l’évolution biologique.
Des populations de molécules, de cellules, d’espèces suivent au fi l du
temps ce parcours qui spécifi e le vivant. Ainsi ne peut-on défi nir la vie
que par l’évolution et in fi ne par la sexualité. La sexualité, c’est la vie,
mais peut-on dire que la vie, c’est la sexualité ?
DE LA PÉRENNITÉ À LA CONTINUITÉ
Que s’est-il passé, dès l’origine, pour que deux entités présentent une
telle attirance leur permettant de trouver le chemin l’une vers l’autre ?
Événement fortuit, affi nité élective, mise en présence, simple trouvaille
ou vraie rencontre ? Comment comprendre et qualifi er la sortie du chaos
initial des molécules de l’océan primitif ?
Nous savons que la Terre s’est formée, il y a 4 milliards d’années, par
un processus d’agglomération des nébuleuses primitives. Cette petite
planète solide, proche du Soleil (150 millions de kilomètres), est – en
l’état actuel de nos connaissances – la seule planète du système solaire
à la surface de laquelle on trouve de l’eau liquide. Le souvenir presque
effacé de notre premier bain dans le liquide amniotique nous rappelle
que 90 % de l’histoire de la vie depuis ses origines se sont déroulés dans
l’eau des océans. Des molécules gazeuses formées dans l’atmosphère et
dans l’espace se sont déposées dans la mer prébiotique, façonnant peu à
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