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Charles Ives
Three Places in New England
C’est auprès de son père George que Charles Ives s’initie à la musique et en
apprend les bases tout en développant son goût pour les expérimentations
musicales les plus audacieuses. Il commence à composer à l’âge de 12 ans. Deux
ans plus tard, il est nommé organiste à la Seconde église congrégationaliste de
Danbury, sa ville natale. En 1894, il entre à Yale où il restera quatre ans. Il compose
des psaumes et les Variations sur « America ». En 1898, il travaille dans une
compagnie d’assurance à New York, tout en continuant une activité d’organiste dans
diverses églises. En 1906, il fonde avec l’un de ses amis une compagnie
d’assurance, Ives & Myrick, qui prospère et lui assure une sécurité financière. En
1908, il épouse Harmony Twichell qui sera un soutien essentiel, d’autant plus que le
compositeur souffre de problèmes cardiaques. C’est dans les années qui suivent
qu’il compose sa Sonate n° 2 pour piano : Concord Mass, son Quatuor à cordes n° 2,
la Symphonie n° 4 et les Three Places in New England.
Le musicologue James B. Sinclair a retracé avec précision la genèse des Trois
Paysages de la Nouvelle-Angleterre. La pièce prend forme entre 1912 et 1917. Une
version pour grand orchestre fut préparée en 1913 et 1914 et une pour orchestre de
chambre qui fut créée en janvier 1931 par Nicolas Slonimsky à New York, puis la
même année, à Boston, à La Havane et à Paris. En 1933 – 1935, Ives révise sa
partition et la destine un orchestre de chambre plus important.
The “St Gaudens” in Boston Common (Colonel Shaw and his Colored Regiment)
Ce premier mouvement célèbre les hauts faits du 54
e
Massachusetts Volunteer
Infantry, premier régiment noir commandé par Robert Gould Shaw qui s’illustra
pendant la guerre de sécession dans la Union Army. En 1897, le sculpteur August
Saint-Gaudens immortalisa ce régiment sur un relief en bronze situé en bordure du
parc Boston Common. Comme souvent dans son œuvre, Ives recourt à des
mélodies populaires et à des thèmes de marches militaires dont Battle Cry of
Freedom et Marching through Georgia. C’est un sentiment de quiétude qui prévaut
tout au long de ce mouvement où les timbales et les cordes graves entonnent une
marche simple et solennelle.
Putnam’s Camp, Redding, Connecticut
Cette deuxième pièce fut inspirée par le campement où, pendant la guerre
d’indépendance des États-Unis, le général Israël Putnam prit ses quartiers au cours
de l’hiver 1778 – 1779. Lors d’un 4 juillet, Jour de l’Indépendance, un jeune garçon
participe à un pique-nique et rêve de rencontrer son héros, le général Putnam. Pour
parodier les musiques de plein air, Ives reprend le matériau de deux compositions
plus anciennes de 1904 (Country Band March et Overture & March 1776), divise
l’effectif orchestral en groupes et les fait jouer les uns contre les autres dans des
tempi et des tonalités et des tempi différents. Se dégagent des effets polyrythmiques
et des dissonances cocasses.
The Housatonic at Stockbridge
Ce dernier mouvement trouve son inspiration dans un poème de Robert Underwood
Johnson qui voit le cours d’un fleuve comme une métaphore de la vie. Au cours de
leur voyage de noces, Ives et son épouse firent une promenade sur les bords de la
rivière Housatonic près de Stockbridge. « Nous avons marché dans les prairies le
long du fleuve, et l'on entendait le chant lointain de l'église à travers le fleuve. La
brume ne s'était pas totalement dissipée du lit de la rivière, et les couleurs, l'eau
mouvante, les rives et les ormes sont des choses dont l'on se souviendra toujours. »