Chapitre 2. Fluctuations `a l’´equilibre thermodynamique
Supposant petites les fluctuations δSA,δVAet δNA, on peut choisir de d´evelopper δEAsuivant les
puissances de ces ´ecarts. Au premier ordre, on obtient l’expression
−TRδ(1)S= (TA−TR)|eδSA+ (PR−PA)|eδVA+ (µA−µR)|eδNA(2.29)
o`u le symbole |esignifie que les coefficients du d´eveloppement doivent ˆetre calcul´es pour l’´equilibre
thermodynamique, et de ce fait doivent ˆetre nuls. On retrouve ainsi les conditions qui d´efinissent l’´etat
d’´equilibre thermodynamique usuel entre Aet R:TA=TR, ´egalit´e des temp´eratures, PA=PR,
´egalit´e des pressions, µA=µR, ´egalit´e des potentiels chimiques.
Au second ordre, on obtient une expression apparemment plus compliqu´ee faisant intervenir les d´eriv´ees
partielles secondes de l’´energie interne, mais que l’on peut en fait r´e´ecrire sous la forme simplifi´ee4
−2TRδ(2)S=δSAδTA−δVAδPA+δNAδµA(2.30)
Cette formule se prˆete particuli`erement bien aux ´evaluations des ´ecarts quadratiques moyens des di-
verses grandeurs thermodynamiques attach´ees au syst`eme A. Cependant, dans ce formalisme, tous
les ´ecarts ne sont pas ind´ependants ´etant donn´e qu’il suffit seulement de trois grandeurs thermody-
namiques pour d´efinir un ´etat du syst`eme ouvert A. Par exemple, comme SApeut ˆetre consid´er´ee
comme une fonction de TA,VAet NA, son ´ecart δSAdevra ˆetre exprim´e comme
δSA=µ∂SA
∂TA¶e
VA,NA
δTA+µ∂SA
∂VA¶e
TA,NA
δVA+µ∂SA
∂NA¶e
TA,VA
δNA(2.31)
Si l’on fait le choix d’exprimer δ(2)Saux moyen des ´ecarts de TA,VAet NA, on obtient alors
−2TRδ(2)S=µ∂SA
∂TA¶e
VA,NA
(δTA)2−N2
Aµ∂PA
∂VA¶e
TA,NA
(δν)2(2.32)
o`u ν=VA/NArepr´esente le volume par particule. Cette formule est remarquable en ce sens qu’elle
indique que les fluctuations du volume et du nombre de particules sont statistiquement li´ees et que
leurs fluctuations se recombinent en fluctuation d’une variable plus pertinente physiquement, qui est,
au choix, la densit´e particulaire N/V , ou son inverse, le volume par particule V/N. A ce propos, il
faut remarquer qu’il est pratiquement in´evitable qu’il faille se placer dans des conditions physiques
particuli`eres pour interpr´eter de fa¸con claire les fluctuations envisag´ees. Ainsi, on ne peut donner de
signification `a une fluctuation du nombre de constituants qu’`a l’int´erieur d’un volume fix´e `a l’avance.
Dans ce cas, la variable pertinente dont on ´etudiera les fluctuations est la densit´e particulaire N/V .
Sym´etriquement, l’analyse d’une fluctuation de volume ne prend son sens que pour un syst`eme ferm´e,
auquel cas la variable pertinente sera le volume par particule V/N. L’´etude des fluctuations simultan´ees
du volume et du nombre de particules d’un syst`eme ouvert s’av`ere plus probl´ematique. Dans ce cas,
seules gardent un sens les fluctuations de densit´e.
Un autre r´esultat important est que les fluctuations de temp´erature sont statistiquement ind´ependantes
de celle du volume et du nombre de particules, ce que l’on r´esume par
< δTAδVA>= 0 , < δTAδNA>= 0 (2.33)
Comme nous le montrons dans l’annexe 1, ces r´esultats ´etaient pr´evisibles d’un point de vue math´emati-
que, si l’on fait usage du fait que la fonction d’´etat
Φ = EA−TRSA+PRVA−µRNA(2.34)
est n´ecessairement de caract`ere extensif, ce qui fait que son expression en fonction des variables
internes TA,VAet NAdoit ˆetre de la forme
Φ = NAφ(TA, ν) (2.35)
On peut d´emontrer de fa¸con similaire l’ind´ependance statistique des fluctuations de SAet PA:
4Voir par exemple L. Landau, E. Lifschitz, “Physique Statistique”, ed. Mir (1967), chapitre XII.
Christian Carimalo 19 Physique Statistique