L'affaire des Versets sataniques
(source Wikipedia)
Salman Rushdie (3 octobre 2006)
La publication des Versets sataniques en septembre 1988 déclenche immédiatement une vive
réaction dans la communauté musulmane en raison de sa description jugée irrévérencieuse du
prophète de l'islam Mahomet. Le livre décrit un prophète de Dieu nommé « Mahound » qui
mélange des « vers sataniques avec le divin ». L’Inde bannit le livre dès le 5 octobre, imitée par
l’Afrique du Sud le 24 novembre, puis par le Pakistan, l’Arabie saoudite, l’Égypte, la Somalie, le
Bangladesh, le Soudan, la Tunisie, la Malaisie, l’Indonésie et le Qatar les semaines suivantes.
Le 14 janvier 1989 le roman est l'objet d’un autodafé à Bradford au Royaume-Uni. Le 12 février,
cinq personnes sont tuées par la police pendant une manifestation à Islamabad contre l'ouvrage.
Le 14 février 1989, une fatwa réclamant l’exécution de Rushdie est émise sur Radio Téhéran par
l’ayatollah Rouhollah Khomeini, guide de la révolution de l’Iran dénonçant le livre comme
« blasphématoire » envers l’islam. Comme le roman suggère que Rushdie ne croit plus en l’islam,
Khomeini le condamne aussi pour apostasie, ce qui, selon l'interprétation actuelle majoritaire d'un
hadith, est passible de mort. Khomeini précise que c’est désormais la responsabilité de tout
musulman d’exécuter Rushdie et ses éditeurs :
« Au nom de Dieu tout puissant. Il n'y a qu'un Dieu à qui nous retournerons tous. Je
veux informer tous les musulmans que l'auteur du livre intitulé Les Versets sataniques,
qui a été écrit, imprimé et publié en opposition à l'Islam, au prophète et au Coran, aussi
bien que ceux qui l'ont publié ou connaissent son contenu, ont été condamnés à mort.
J'appelle tous les musulmans zélés à les exécuter rapidement, où qu'ils les trouvent, afin
que personne n'insulte les saintetés islamiques. Celui qui sera tué sur son chemin sera
considéré comme un martyr. C'est la volonté de Dieu. De plus, quiconque approchera
l'auteur du livre, sans avoir le pouvoir de l'exécuter, devra le traduire devant le peuple
afin qu'il soit puni pour ses actions. Que Dieu vous bénisse tous. »
— Rouhollah Musavi Khomeini
À la suite de cette déclaration, une récompense est offerte pour la mort de Rushdie, qui est contraint
de vivre dès lors sous une protection financée par les autorités britanniques. En 1998, le
gouvernement iranien déclare qu'il n'entreprendrait rien pour faire appliquer la fatwa, mais qu'elle
ne pouvait être annulée selon la loi islamique2.
Le 24 février, cinq personnes ont été tuées par la police lors d'une manifestation devant le consulat
britannique à Bombay. Plusieurs autres personnes sont mortes en Égypte et ailleurs. Des
communautés musulmanes organisèrent des autodafés publics.
Des violences ont été commises à travers le monde :
attentats contre des librairies à l’université de Californie à Berkeley qui proposait le roman
et contre les bureaux de Riverdale Press, un hebdomadaire du Bronx, en réponse à un
éditorial qui défendait le droit de lire le livre.
Le 11 juillet 1991, le traducteur japonais de Rushdie Hitoshi Igarashi est poignardé à mort à
l'université de Tsukuba, province d'Ibaraki, où il enseignait ; son traducteur italien a été
poignardé à Milan quelques jours plus tôt.
En 1993, à Oslo, l'éditeur norvégien de Rushdie, William Nygaard, survécut de justesse à
plusieurs coups de feu.
Trente-sept personnes sont mortes lorsque leur hôtel à Sivas en Turquie a été incendié par
des manifestants contre Aziz Nesin, le traducteur turc de Rushdie.
Le musicien pop Yussuf Islam (Cat Stevens) déclara être lui-même opposé aux écrits de l'écrivain et
ne montrer aucune opposition à la fatwa. La controverse soulevée par cette déclaration le poussa à
préciser dans un communiqué qu'il n'encourageait pas personnellement l'application de la fatwa
(appelant à l'assassinat de Salman Rushdie).
Après la mort de Khomeini en 1989, Rushdie a publié un essai en 1990, De bonne foi en signe
d’apaisement et a publié des excuses dans lesquelles il a réaffirmé son respect pour l’islam.
En 1999, l'État iranien a annoncé qu'il renonçait à appliquer la fatwa, ce qui n'empêche pas
l'ayatollah Hassan Saneii, à la tête de la fondation du 15 de Khordad (bonyad-e punzdah-e khordad,
soumise à l'autorité du guide de la révolution de l'Iran), de lancer régulièrement des annonces de
primes pour la mort de Rushdie. Ainsi, déclare-t-il en 2003 qu'il augmentait la récompense de 2,8
millions de dollars US à 3 millions de dollars US2. Le même groupe déclare le 14 février 2006 par
communiqué de presse que « La fatwa de l'imam Khomeiny à propos de l'apostasie de Salman
Rushdie restera en vigueur éternellement ». En septembre 2012, Il porte la récompense pour le
meurtre de Salman Rushdie à 3,3 millions de dollars US.
En juin 2007, Salman Rushdie a reçu le titre de chevalier par la reine d'Angleterre. Cette distinction
a provoqué la colère du Pakistan. Une résolution a été votée par le Parlement pakistanais exigeant le
retrait de ce titre. Le ministre des Affaires étrangères, Ijaz Ul-Haq, estime que cette décoration
pourrait justifier des attentats-suicide. Ces protestations officielles ont été accompagnées de
manifestations au Pakistan où des effigies de la reine Élisabeth II et de Salman Rushdie ont été
brûlées. L'Iran a également condamné cette distinction et des voix politiques et religieuses ont
rappelé que la fatwa contre l'écrivain était toujours en vigueur. D'autres réactions ont eu lieu en
Égypte, en Malaisie, en Afghanistan et en Inde.
Réactions
L'attaque contre la liberté de l'artiste d'une part, et contre la liberté d'expression d'autre part, ont
suscité une émotion considérable dans le monde, dans les pays laïcs en particulier, et nombre de
personnalités et d'auteurs, tels que Milan Kundera ont pris la défense de l'écrivain et du libre-
penseur.
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