Troubles de la déglutition dans la maladie de Parkinson

publicité
Troubles de
la déglutition
dans la maladie
de Parkinson
- Cas clinique -
Pr Jean Claude Desport
Unité de Nutrition et CSO
CHU Limoges
INSERM UMR 1094
Faculté Médecine Limoges
[email protected]
Un patient âgé de 58 ans, sans antécédent
particulier, est hospitalisé pour :
-  des tremblements de repos des mains,
-  une discrète hypertonie des membres
supérieurs avec roue dentée,
-  des difficultés pour écrire
Le bilan met en évidence une maladie de
Parkinson
Le patient ne se plaint d’aucun trouble de
déglutition
Parkinson
Maladie neurodégénérative
La 2ème plus fréquente après Alzheimer
≈150 000 personnes en France, 14 000 nouveaux cas/an
Cause inconnue (terrain génétique + environnement (toxines, pesticides,
métaux..))
Altérations neurotransmetteurs : ↓ Dopamine + autres neurotransmetteurs
(sérotonine, acétylcholine, adrénaline, adénosine, glutamate..)
Périodes « on » (moins de troubles) et « off »
Traitements :
-  +++ : Lévodopa (précurseur de la Dopamine)
-  initial du jeune : bromocriptine (agoniste dopaminergique)
-  stade évolué : électrostimulation cérébrale profonde
Évolution :
Durée de survie = ≈ 1/2 survie sans Parkinson
Décès par FR ++
Les 3 phases de la déglutition
Phases
Structures en jeu Commande
Orale
Langue, joues,
dents
Volontaire
Pharyngée
Pharynx, SSO,
larynx
Réflexe
Oesophagienne
Œsophage
Réflexe
Desport JC Nutr Clin Metab 2014
http://www.youtube.com/watch?v=gVji1w0QYeA
1. Quels types de troubles de la déglutition
connaissez vous ?
Dysphagie
Sensation de gène / accrochage au
passage de l’alimentation aux 3
niveaux
Odynophagie
Déglutition douloureuse
Aphagie
Blocage de la prise alimentaire
Fausses
routes
. Trachéales
. Nasales
. Aux liquides
. Aux solides
. Mixtes
Barichella M Mov Disord 2009 / Desport JC Nutr Clin Metab 2014
2. Pour ce patient qui est au stade initial de la
maladie, est-il possible qu’il y ait, malgré ce
qu’il nous dit, des troubles de la déglutition ?
Parkinson
Tr de déglutition chez 30 à 100% des patients !!
. Variations selon les méthodes de dépistage
. Prévalence qui croit avec la durée d’évolution ?
stade avancé : ↑ tr de la phase orale et de
la phase pharyngée
. Attention possible tr déglutition infra-cliniques !
Barichella M Mov Disord 2009 / Desport JC Nutr Clin Metab 2014
Potulska A Park Related Dis 2009
18 patients versus 22 témoins ; évolution : 5,7 +/- 4,2 ans (2-16)
5/18 sans trouble déclaré : 17,8%
Electromyographie (EMG) + scintigraphie oesophagienne
→ Tr de déglutition chez 100% des patients
Différents temps touchés
MP
Témoins
MP vs témoins MP sans tr déglut
vs témoins
Induction du réflexe de
déglutition (ms)
443
230
<0,05
NS
Mouvement laryngé
(ms)
980
649
<0,05
NS
Phase oesophagienne
(s)
14,5 7,5
<0,001
<0,05
Volume minimal
d’induction d’une
dysphagie (mL)
6,2
<0,005
<0,05
Potulska A et al. Park Related Dis 2009
>20
3. Alors comment dépister au stade initial ?
Une grille de repérage clinique simple portant sur :
- Présence d’une toux
- Modifications de la voix
- Autres troubles :
. dysphagie
. mastication
. salive (trop / pas assez)
. reflux nasal
. infections pulmonaires
. temps de repas
. positions de la tête /du cou
. matériel
. dents
. vie sociale
. traitements
Desport JC Nutr Clin Metab 2014
Pour ce patient, des épisodes de toux durant
les repas ont été notés, mais sont très rares,
sans autre problème
On fait un examen physique de base
Pour ce patient, des épisodes de toux durant
les repas ont été notés, mais sont très rares,
sans autre problème
On fait un examen physique de base
4. Que comporte-t-il ?
Examen buccal
. Occlusion des lèvres
. Serrer les dents
. Bavage
. Etat des muqueuses /dents
. Auscultation pulmonaire
. Etat nutritionnel
Examen buccal
. Occlusion des lèvres
. Serrer les dents
. Bavage
. Etat des muqueuses /dents
. Auscultation pulmonaire
. Etat nutritionnel
5. Pour ce patient, tout est normal, que fait-on
en première intention ?
Il s’agit d’une pathologie à risque et on a
noté une toux, rare mais présente
⇒ il faut aller + loin
⇒ test de DePippo
Il s’agit d’une pathologie à risque et on a
noté une toux, rare mais présente
⇒ il faut aller + loin
⇒ test de DePippo
6. Oui, mais qu’est-ce que le test de DePippo ?
Test de DePippo
. Conditions de sécurité
. Test au liquide
90 mL d’eau
Dans la minute :
- toux
- voix voilée
- voix gargouillante
= test POSITIF
. Possible aux pâteux / solides
. Titration possible
DePippo KL Arch Neurol 1992
Dans le cas de ce patient, du fait des
épisodes de toux, on fait une titration
aux liquides
Le test est négatif
Dans le cas de ce patient, du fait des
épisodes de toux, on fait une titration
aux liquides
Le test est négatif
7. Que faut-il faire ?
Il s’agit d’une pathologie à risque
(la plupart des maladies neurodégénératives
sont à risque)
⇒ il faut aller + loin
Il s’agit d’une pathologie à risque
(la plupart des maladies neurodégénératives
sont à risque)
⇒ il faut aller + loin
8. Quel examen complémentaire ?
Technique Diagnos.c Texture Posi.on Facile Gold Radiovidéo de Oui standard déglu--on 2ème Nasofibroscopie Oui posi1on : ORL Autres EMG + Oui scin-graphie oeso Quand Tests cliniques Possible on n’a rien d’autre Oui Oui Non Oui Non Non Oui Oui Non Possible Possible Oui, mais long La radiovidéo est normale
La radiovidéo est normale
9. Que dit-on au patient ?
Alimentation normale
Manger en périodes «on »
Lévodopa 20 à 30’ avant les
repas
Conseils
Surveillance régulière
(/ 6 mois ?)
Alerte si problème
Informer des risques
2 ans après, le test de DePippo est
positif, la vidéo confirme les FR
Elle montre aussi :
-  que la position mentonsternum réduit le risque
-  qu’une association position +
texture semi-liquide le fait
disparaître
Ce sont les principaux conseils
donnés au patient
Lors du prochain contrôle à 6 mois, on
constate cependant :
-  qu’il y a eu à domicile un épisode de
pneumopathie
-  que les repas deviennent longs et difficiles
à gène ++ pour le patient et l’entourage
-  qu’il y a une perte de poids involontaire de
12%
Lors du prochain contrôle à 6 mois, on
constate cependant :
-  qu’il y a eu à domicile un épisode de
pneumopathie
-  que les repas deviennent longs et difficiles
à gène ++ pour le patient et l’entourage
-  qu’il y a une perte de poids involontaire de
12%
10. Que préconise-t-on ?
Par analogie avec d’autres maladies
neurologiques, une nutrition entérale (NE)
est indiquée si :
-  FR ++
-  ↓ poids (-5, -10% en 6 mois ?)
-  gène fonctionnelle ++
. temps de repas > 45 min
. anxiété (patient et entourage)
. ↑ handicap
Le problème des repas lors de la maladie de Parkinson
Logistique
des repas
Liste de courses
Faire les courses
Cuisiner
Nettoyer
Dysphagie
Tremblements
Hypertonie
Préhension
Bris de vaisselle
Jets de liquides
↓ apports
↓  Qualité de vie
Difficultés
sociales
Repas non
hédoniques
Anxiété aux repas
Sensation de culpabilité
↓  invitations et sorties
↓  écoute des autres
↓ Autonomie
Dénutrition
Westergren A, Hagell P, Wendin K, Hammarlund CS. BMC Nutr Res, 2014, in press.
↓  Goût
↓  sensation de
Textures
Monotonie
Planification
nécessaire
Repas simplifié
Textures adaptées
Outils
Aides
↓ État psychologique
On propose une gastrostomie
11. Quel est le risque au début de la NE ?
Interactions protéines – lévodopa
. digestives
. barrière Hémato-méningée
Majoration des troubles neurologiques
Pseudo syndrome malin des neuroleptiques
Apports progressifs ++
Attention aux protéines
Bonnici A Ann Pharmacother 2010 / Cooper MK Ann Pharmacother 2008
Téléchargement