
… l’Acteur en 4 Dimensions
97
des hommes vivant en société »
50
. Ciblant deux objets d’étude, que sont la logique de décision
sociale et le système de production et d’allocation de richesses, l’économie a pour objectif de
rendre compte de l’univers de la production et de l’échange de biens et de services individualisés à
partir d’une théorie du choix rationnel (Godard, 1992).
Trois concepts-phares servent de base à l’économie : les agents, les biens et l’utilité ; la
préoccupation centrale étant la recherche de l’efficacité de l’allocation des biens pour atteindre le
niveau le plus élevé possible de bien-être collectif ou de richesse
51
. Encore aujourd’hui, on
distingue plusieurs paradigmes au sein de la discipline : néo-classicisme, keynésianisme,
institutionnalisme ou marxisme. Mais chacun reconnaît que la théorie neo-classique s’est renforcée
comme le modèle dominant. Cependant, depuis les années’70, l’étude d’objets particuliers a donné
naissance à la formation de spécialités, telles l’économie rurale ou l’économie de l’environnement.
L’économie de l’environnement s’appuie sur des concepts tels que :
• ressource naturelle
ou
actif naturel
, désignant des bien non reproductibles (Gordon, 1954)
• bien collectif
ou
bien public
, des biens pour lesquels des actions de consommation successives
sont tantôt possibles, tantôt impossibles (Samuelson, 1954)
• effet externe
lorsque l’action d’un agent affecte la fonction d’utilité d’un autre en dehors d’un
échange volontaire entre eux (Pigou, 1920)
A partir de ces concepts, sont nés divers résultats : des modèles visant à mieux prendre en compte
les conditions imparfaites d’accès à l’information, la notion de valeur d’option liée à la méthode
d’évaluation contingente, des méthodes pour évaluer les actifs naturels, des discussions sur
l’attitude face au risque, à l’économie de l’information, etc... Critiquées tantôt par certains
économistes traditionnels (Poupardin
et al.,
1971), tantôt par des scientifiques s’intéressant à
l’économie (Georgescu-Roegen, 1971 ou Passet, 1979), les bases théoriques de cette nouvelle
économie ne sont pas acceptées par tous et peinent à s’affirmer dans le milieu de la recherche
(Godard, 1992).
En marge de l’économie académique, certaines études abordent les milieux et les ressources en
tant qu’éléments constitutifs de la reproduction économique des groupes sociaux considérés
(Jollivet, 1978). C’est le cas de l’économie forestière (Larrère
et al
., 1986) qui s’est transformée en
une spécialité pluridisciplinaire combinant des approches technique, sociologique, ethnologique,
historique et économique. Sur un autre registre, l’analyse des échecs des stratégies de
développement ont lancé et alimenté la réflexion sur les rapports entre l’environnement et le
développement (Milton & Farvar, 1972 ; Sachs, 1980). Petit à petit, l’économie s’intéresse alors à
des actifs multi-fonctionnels impliquant des aspects non-marchands dans des temporalités de très
long terme. L’un des aboutissements serait dans une économie pluridisciplinaire à dominante
sociologique et anthropologique, pour une tentative de réorganiser l’analyse autour du concept
d’ « écosociosystème » proposé par Ribeill en 1978. Peut-on aller dans ce sens sans toucher au
noyau théorique profond de l’économie ? Cette question se pose toujours de manière controversée.
1.3. Une touche de psychologie
La psychologie de l’environnement met en avant les interactions entre l’homme et son
environnement, entre l’individu et l’aménagement d’espaces. Peu développée en France, elle
connaît un essor important au niveau international
52
. La psychologie de l’environnement s’appuie
50
La nature intervient ici par les contraintes qu’elle impose à la liberté de comportement des agents.
51
L’optimum de Pareto désigne une allocation des biens telle qu’il ne soit pas possible de la modifier sans
porter atteinte au bien-être d’un agent.
52
Notamment au travers de deux réseaux : International association for people-environment study (IAPS) et
Red de psicologia ambiental latinoamerica (Repala).