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Par ailleurs, il existe fondamentalement sur le plan théorique, un clivage important entre deux
approches complémentaires (bien qu’apparemment opposées) du développement soutenable.
La première, qualifiée de « soutenabilité faible » est fondée sur la transposée économique de
la loi de la conservation de la matière, exprimée par l’égalité comptable ex-post entre la masse
des ressources extraites de l’environnement et utilisées dans les activités économiques, et la
masse des déchets produits par ces activités (Ayres et Kneese, 1969). Cette approche
considère que le capital naturel et les diverses autres formes de capitaux créées par l’homme
sont substituables. Elle insiste sur la non décroissance du bien-être social inter-temporel
comme critère de soutenabilité (Dasgupta et Mler, 2000 ; Pezzey, 1989 ; Hartwick, 1977) et
suppose que la gestion efficiente de la base productive, constituée des diverses formes de
capitaux substituables, détermine l’évolution du bien-être social dans le temps. Cette
conception de la soutenabilité couvre en fait les deux dimensions économique et social,
traditionnelles du développement soutenable.
Les tenants de la seconde approche, qualifiée de « soutenabilité forte », considèrent quant à
eux, que l’efficience est un critère insuffisant pour satisfaire les préoccupations du
développement soutenable et proposent des règles de soutenabilité impliquant, soit l’état
stationnaire (Daly, 1992 ; Daly et Cobb, 1989), soit une volonté d’intégrer préoccupations
économiques et écologiques (Perrings, 1994 ; Common et Perrings, 1992). L’approche de
soutenabilité forte rejette ainsi l’hypothèse de substituabilité entre capital naturel et capital
créé.
Le développement soutenable n’est cependant pas le seul concept difficile à définir. Il est
également difficile d’apporter une définition unanime de la corruption. Cependant,
l’appréhension économique conduit généralement à définir la corruption comme l’utilisation
d’un pouvoir ou d’un bien public à des fins privées, « the use of public good for private
gain », selon Bardhan (1997). Cette approche économique fait ressortir le point de vue de
deux grandes écoles à savoir l’école du libéralisme économique et l’école institutionnaliste.
Selon les libéraux, la corruption découle de l’insuffisance de l’offre des biens et services
publics par rapport à la demande. Cette situation est à l’origine de nombreuses files d’attente
que subissent les demandeurs de services publics. Pour contourner ces files d’attente, les
demandeurs sont amenés à offrir des avantages pécuniaires indus aux agents publics. Les
institutionnalistes quant à eux insistent sur le pouvoir discrétionnaire énorme dont disposent
les agents publics pour expliquer la corruption. Des situations monopolistiques sont