Prise en charge de l`addiction chez les professionnels de

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Collège Français des Anesthésistes Réanimateurs
Commission SMART : fiches pratiques
Points-clés
1. Les professionnels travaillant en anesthésie-réanimation sont, comme les
autres soignants, exposés au risque de conduites addictives
2. Si l’alcool est la substance la plus fréquemment en cause, cette
population est aussi particulièrement exposée aux addictions aux
« médicaments » (BZP, hypnotiques, opiacés, etc.)
3. Toute toxicomanie expose à un risque vital et nuit à la qualité des soins
administrés au patient
4. Le déni est une caractéristique comportementale essentielle des sujets
concernés et de leur entourage
5. Un professionnel de santé souffrant d’addiction ne doit pas être pris en
charge par son entourage professionnel
6. Un Vert d’appel 0 800 00 69 62 et un contact anonyme par e-Chat en
cliquant ici (nom d’utilisateur : cfar ; mot de passe : cfar) sont mis
gratuitement à la disposition des professionnels concernés et de leur
entourage personnel ou professionnel par le CFAR
7. Un médecin addictologue spécialisé dans la prise en charge des
professionnels de santé est référencé sur le site du CFAR, et peut être
contacté en toute confidentialité pour un avis et/ou une prise en charge
8. Les soignants concernés par le risque d’addiction doivent en effet être
adressés vers des centres spécialisés ils seront pris en charge
confidentiellement dans l’objectif d’une réinsertion sociale et
professionnelle.
Prise en charge de l’addiction
chez les professionnels de santé
en milieu d’anesthésie-réanimation
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Commission SMART : fiches pratiques
Fiche pratique complète
L’usage « abusif » d’une substance correspond à une consommation qui
provoque une modification physique, psychologique, émotionnelle ou une
nuisance sociale et conduit à une incapacité pour l’individu concerné.
La dépendance est caractérisée par une recherche ou une consommation
compulsive de la ou des substances concernées, par un usage croissant et une
tolérance aux produits et par l’apparition d’un ensemble de troubles et
symptômes lors de l’arrêt de la consommation.
Un à 5 % des médecins anesthésistes réanimateurs en exercice ou en formation
seraient concernés par l’abus ou la dépendance aux substances psycho-actives.
L’addiction en milieu professionnel se caractérise par une bonne insertion
sociale. Le diagnostic est donc tardif : le délai écoulé entre le début de la
toxicomanie et son identification est souvent de plusieurs années. La
découverte est souvent fortuite à l’occasion de procédures routinières de
contrôle de stocks médicamenteux, du fait de l’arrivée de nouveaux membres
au sein d’une équipe, ou à l’occasion d’un accident.
La prise en charge est difficile mais toujours possible. Elle se heurte au déni du
professionnel de santé lui-même et, souvent, à celui de son entourage familial
et même professionnel.
L’alcool, consommé seul ou en association, est la principale substance
concernée (plus de la moitié des cas).
La particularité des professionnels d’anesthésie réanimation est l’usage des
opiacés et des agents anesthésiques en général. Cet usage répété conduit à
une accoutumance.
Toutes les substances, malgré l’accoutumance, font courir un risque vital en
raison du risque d’un surdosage, d’une erreur médicamenteuse.
Prise en charge de l’addiction
chez les professionnels de santé
en milieu d’anesthésie-réanimation
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Commission SMART : fiches pratiques
Le risque de suicide est connu pour être plus élevé en cas d’addiction.
Un professionnel de santé souffrant d’addiction fait courir des risques à lui-
même et aux patients dont il a la charge.
Quelle conduite l’entourage d’un professionnel de santé victime d’addiction
doit-il adopter ?
Deux raisonnements erronés retiennent l’entourage professionnel confronté à
un cas d’addiction chez un membre de l’équipe soignante conspiration du
silence ») :
la crainte de se livrer à un acte de délation, de stigmatiser un collègue,
la tentation de protéger le sujet concerné souvent couplée avec une
minimisation des faits.
Ce point de vue peut mettre en danger directement le sujet et, indirectement,
les patients dont il a la charge.
Faire preuve de responsabilité c’est donc révéler l’addiction du collègue pour
aboutir à une prise en charge médicale par des spécialistes compétents.
Laisser travailler un soignant qui n’est plus à même d’exercer son métier peut
avoir de lourdes conséquences pour les patients et les équipes soignantes et
engager leur responsabilité.
Il importe de protéger le professionnel de lui-même, car son addiction, d’une
part, met sa vie en danger et, d’autre part, lui porte un préjudice considérable
qui peut compromettre définitivement son avenir professionnel. Enfin, elle
l’expose à un risque judiciaire.
Le déni est constant et fait partie intégrante de la maladie, il est donc illusoire
d’attendre des aveux. Il faut recueillir des éléments tangibles afin d’étayer la
suspicion d’addiction
Des modifications progressives et convergentes du comportement
permettent de l’évoquer, parmi lesquelles :
des changements d’humeur fréquents (dépression, anxiété, euphorie).
des conflits avec les autres partenaires professionnels
une altération de l’apparence physique une détérioration de l’hygiène et
un négligé dans la tenue (tardifs)
Au plan professionnel, les perturbations sont :
des erreurs fréquentes de prescription
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des défauts dans la continuité de la prise en charge des patients
les absences de ponctualité et de régularité dans l’exercice professionnel
les absences répétées et inexpliquées, un manque de fiabilité
les sorties fréquentes de salle d’opération en cours d’anesthésie,
une préférence marquée pour l’exercice solitaire,
la présence nocturne à l’hôpital en dehors des périodes de garde
les absences réitérées aux appels de garde,
des demandes réitérées de remplacement
les allégations de problèmes de santé multiples, personnels ou familiaux.
Le détournement, à son profit, d’agents anesthésiques normalement
administrés aux patients (narcotiques ou opioïdes) caractérise la toxicomanie
du professionnel de bloc. En témoignent :
des négligences répétées de reports sur les feuilles d’anesthésie,
le fait que les patients présentent des douleurs excessives ou
inhabituelles en postopératoire ou des signes de réveil au cours de
l’anesthésie,
le fait que les patients du professionnel aient régulièrement une
discordance entre la prescription d’analgésique et la douleur attendue.
La confrontation du professionnel soignant avec les faits doit se faire en
même temps qu’une proposition thérapeutique de prise en charge en milieu
adapté (centre d’addictologie).
Le but est d’amener le toxicomane à un entretien formalisé permettant
d’aboutir à une prise en charge personnelle et institutionnelle. Cette prise en
charge mobilisera plusieurs personnes référentes dans l’établissement (i.e.
responsable de l’équipe, médecin du travail, président de CME, chef de service
ou de pôle, psychiatre,)
Au cours de l’entretien conduit avec empathie, bienveillance et fermeté, on
doit :
ne pas se laisser abuser par le déni et les mécanismes de rationalisation
apporter des éléments de preuve de l’addiction et des manques
professionnels
proposer immédiatement un arrêt du travail et une prise en charge
médicale en donnant les coordonnées d’un centre ou d’un médecin
spécialisé auprès duquel un contact ou un avis a été pris au préalable
la prise en charge doit garantir les règles de confidentialité (par
exemple dans une autre ville)
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Commission SMART : fiches pratiques
en cas de refus de soins d’un médecin, faire intervenir d’autres instances
(Direction, Conseil de l’Ordre des Médecins) pour restreindre et limiter la
pratique jusqu’à ce que la situation soit clarifiée.
Des informations complémentaires sont disponibles sur le site www.cfar.org
Pensez au Numéro Vert appel anonyme
Possibilité d’un contact anonyme par e-Chat
(codes d’accès sur www.cfar.org onglet SMART / Numéro Vert).
- Un médecin addictologue spéciali dans la prise en charge des
professionnels de san peut être contacté en toute confidentialité pour un
avis, pour soi-même ou pour un tiers, et/ou pour une prise en charge
(coordonnées affichées sur le site du CFAR - onglet Addicto.
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