Présentation
Réseau inter professionnel du 17 janvier 2008
Emotions et autisme
Considérées pendant longtemps comme un frein au fonctionnement mental, les émotions
sont considérées aujourd’hui comme centrales dans l’établissement des liens interhumains.
Pour le nourrisson, elles ont d’abord une fonction d’appréhension de soi puis reconnues par la
mère, elles deviennent créateurs de lien avant d’être plus tard dans le développement de l’enfant
nommées comme telles.
Elles ont donc une fonction d’expression et de communication. Ultérieurement elles font partie
intégrante du processus de socialisation.
La clinique neurologique et l’observation de patients présentant une lésion du cortex préfrontal
montrent que les émotions sont nécessaires à la prise de décisions, à la hiérarchisation des
choix dans le domaine personnel et social. L’approche raisonnée, logique ne suffit pas, il faut
aussi le ressenti de la situation. C’est la fonction d’accordage affectif.
Les émotions remplissent donc des fonctions multiples :
- établissement du lien intersubjectif pour le nourrisson
- maintien du lien par le nouage entre émotion et mémoire des évènements
- appui au processus de personnalisation (Santiago-Dellefosse 2000)
Kanner a relevé très tôt les troubles émotionnels dans le tableau clinique de l’autisme. La
perturbation de la réciprocité sociale et émotionnelle est un des domaines des interactions
sociales qui fait partie du diagnostic actuel de l’autisme.
Michel Lemay (l’autisme aujourd’hui, 2004) se demande quel est le devenir des émotions et en
particulier de l’anxiété pour l’enfant autiste.
Il insiste sur l’importance de l’immuabilité pour les personnes les plus atteintes. Elles
manifestent de l’attachement pour les parents ou au moins un des deux, elles ont une vigilance à
l’égard du partenaire adulte,- regard quand il se déplace, mouvement brusque de fusion, plaintes
lorsqu’il s’éloigne trop -, en même temps ils n’arrivent pas à l’intégrer parce qu’il échappe au
besoin qu’à l’enfant autiste de figer son environnement.
Il formule l’hypothèse que cette recherche de l’identique est liée à la difficulté d’intégrer les
stimuli, le besoin de maintenir une structure sensorielle connue. Ce qui lui permet de faire le lien
avec l’automutilation comme tentative justement de retrouver ce contrôle. De même cette
impossibilité de réguler les sensations va orienter l’enfant vers les objets, les formes, les textures
qui peuvent procurer une certaine sécurité plutôt que vers l’autre humain trop imprévisible.
Il pose à juste titre la question de la difficulté que nous pouvons avoir pour démêler l’anxiété de
la personne autiste et les nôtres quand nous nous retrouvons devant une telle détresse qui ne peut
être nommée.
La personne semble subir des états de tension qui ne peuvent se résoudre qu’à travers une
décharge corporelle. Toute intervention de notre part peut donc provoquer cette tension qui se