d’un comité d’histoire a entraîné la focalisation de la recherche sur ce lieu
d’institutionnalisation pouvant illustrer le paradoxe évoqué.
La pratique du terrain ethnographique s’est déroulée de janvier 2003 à juin 2007. Elle
m’a permis d’observer un certain nombre de lieux et de situations, de la réunion
d’accueil de nouveaux arrivants à la séance de formation, du colloque sur l’histoire
des caisses d’épargne européennes à une galette des rois de bienvenue après une
fusion, de réunions de travail à la « grand messe » médiatique, de l’université
d’entreprise au quotidien des bureaux. Elle m’a amené à investir plusieurs espaces,
à Paris, en Île-de-France et en province (Grenoble, Tours, Amiens…) et a permis,
par la réalisation d’entretiens sous forme de récits de carrière et la collecte de
documents, de situer les enjeux liés à la production d’une histoire managériale.
Dans l’interrogation de cette histoire, plusieurs perspectives ont été dessinées :
La première montre que la pratique managériale de l’histoire est paradoxale. Parce
qu’elle ne répond pas uniquement aux enjeux qui sont ceux de l’histoire académique,
elle fait entrer en tension les objectifs propres qu’elle se fixe en termes de
management ou de politique d’entreprise et les modèles historiographiques
académiques qui définissent habituellement ce qu’ « est » l’histoire. L’histoire
produite, comme résultat de cette pratique, entre quant à elle en contradiction avec
les définitions académiques de l’histoire, comme savoir « objectif » sur les hommes
dans le temps. Néanmoins, la pratique managériale de l’histoire ne peut exister sans
pratique académique, soit que celle-ci l’autorise, soit que les managers fondent leur
propre pratique sur celle des universitaires. Une première hypothèse pose ainsi que
l’histoire étudiée est paradoxale. Comme pratique ou comme résultat de cette
pratique, l’histoire en entreprise diffère de l’histoire académique. Ainsi, cette
hypothèse engage sur la distance couverte par cette thèse un travail de définition et
de comparaison entre histoire académique et histoire managériale.
En prenant acte de cette relation, la deuxième perspective tente de décrire ce qui est
à l’œuvre entre ces deux univers. A travers l’évocation concrète du mode de
fonctionnement d’un comité d’histoire propre à l’organisation étudiée, ce sont les
relations entre le monde académique et celui de l’entreprise autour de l’objet
« histoire », qui seront décrites. Dans la restitution de l’enquête, le point de vue des
managers est privilégié, dans la mesure où il est apparu que de nombreux articles et