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Martin Luther et les cantiques de la Réforme religieuse
Le réformateur allemand qui marque de façon importante l’histoire de la religion, marque
aussi celle de la musique. Martin Luther est un mélomane et un musicien accompli qui
accorde de l’importance à la musique autant dans son rôle d’élévation vers Dieu que dans
la vie de tous les jours et dans l’éducation. Dans le domaine de la musique, il apporte
plusieurs innovations mais la plus importante est le cantique. Lui-même est compositeur
de plusieurs pièces et il a une opinion précise de la musique quant aux instruments qu’il
privilégie et ceux qu’il condamne. Le Dr Luther, à travers son cheminement musical,
côtoie plusieurs grands compositeurs qui contribuent à l’œuvre musical de la Réforme.
Ces pièces musicales ont un impact important à partir du XVIe siècle et durant les siècles
qui suivent autant au niveau de la nouvelle théologie que pour la musique elle-même.
le 10 novembre 1483 à Eisleben en Allemagne, Martin Luther est le fils d’Hans
Luther, un mineur thuringien prospère.
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Il étudie d’abord chez les frères à Magdebourg et
Eisenach il développe une sensibilité religieuse puis, en 1501, il se dirige vers des
études en droit à la faculté d’Erfurt comme le souhaite son père. Après avoir gradué
Maître ès art en 1505, il entre chez les Augustiniens d’Erfurt où il est moine et obtient un
doctorat en théologie.
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Robin A. Leaver, Luther, Martin, [en ligne], Oxford, Université d’Oxford, créé en 2007, dernière mise à
jour en 2010, www.oxfordmusiconline.com, consulté le 5 novembre 2010.
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C’est en partie du à un accident qu’expérimente Luther juste avant d’entrer chez les
ermites qu’il décide de vivre parmi ceux-ci. Il est presque frappé par la foudre et évite la
mort de justesse. Cet événement le fait sentir en dette envers Dieu : «Pour faire son salut,
il décide de se faire moine.»
2
Sa vision de la foi se transforme avec le temps et ne
converge pas avec celle de l’Église catholique. Après avoir été excommunié, Luther
retourne à Wittenberg (où il a enseigné auparavant et affiché ses fameuses 95 thèses
contre les indulgences et autres pratiques de l’Églises qu’il contestait).
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La signification des cantiques
C’est dans cette ville que le théologien composera ses premiers cantiques
4
ou «choral» en
anglais et «kirchenlied» en allemand.
5
Le chant d’église est l’innovation la plus
importante de l’Église luthérienne. Celle-ci ne se débarrasse pas systématiquement de la
liturgie et de la musique catholique. Par exemple, le plain-chant et la polyphonie sont
conservés ainsi que la liturgie latine.
6
Luther veut introduire le chant et composer des
pièces dès le début de la Réformation afin de rendre hommage à la nouvelle doctrine. La
simplicité des œuvres est de mise afin que tous puissent les apprendre facilement et les
chanter dans leur foyer. Les cantiques servent «à instruire et à élever les esprits», ils
2
Martin Luther 1483-1546 Fondateur du Protestantisme allemand, [en ligne], Paris, Renaissance-
France.org, créé en 2002, http://www.renaissance-france.org, consulté le 5 novembre 2010.
3
Ibid.
4
Robin A. Leaver, Luther, Martin, [en ligne], Oxford, Université d’Oxford, créé en 2007, dernière mise à
jour en 2010, www.oxfordmusiconline.com, consulté le 5 novembre 2010.
5
Donald J. Grant et Claude V. Palisca, A history of western music, New York, W.W. Norton and company,
1960, 5e edition 1996, p.240.
6
Ibid. p.239.
3
«devinrent sur les lèvres du peuple un puissant facteur de propagande pour le
luthéranisme. »
7
Le Dr Luther recommande aux chrétiens d’en garder un recueil sur soi
afin de les «exercer et d’aspirer sans cesse à ces cantiques spirituels et à ces Psaumes.»
8
L’apport de Luther
Cette tradition de la musique de l’Église luthérienne découle de l’intérêt de Luther pour la
musique et l’éducation. Sa compréhension théorique de la musique est très grande ce qui
l’amène à faire couramment référence au Quadrivium (un ensemble de quatre disciplines
au Moyen Âge, l’arithmétique, la géométrie l’astronomie et la musique) dans son
enseignement. Ce théologien compose plusieurs cantiques qui sont appréciés par le
monde de la Réforme. Hans Sachs, un poète de Nuremberg, décrit le travail de Luther en
musique comme le chant du «Rossignol de Wittenberg» lorsque ce dernier commence à
composer des cantiques en 1523. C’est aussi le nom que Sachs donne à un de ses poèmes,
«Wittenberg Nightingale».
9
Martin Luther écrit 35 chants destinés au culte dont 30 sont
des cantiques et 5 sont considérés des chants liturgiques. On peut ajouter à son œuvre une
«complainte» sur le martyr de deux enfants à Bruxelles apparaissant dans des livres de
7
Hartmann Grisar, Martin Luther sa vie et son œuvre, Paris, éditions P. Lethielleux, 1930, 2
e
édition 1931,
p.161.
8
Jean-Paul Cahn et Gérard Schneilin, éd, Luther et la Réforme 1525-1555 Le temps de la consolidation
religieuse et politique, Paris, Éditions du Temps, 2001, p.89.
9
Robin A. Leaver, Luther, Martin, [en ligne], Oxford, Université d’Oxford, créé en 2007, dernière mise à
jour en 2010, www.oxfordmusiconline.com, consulté le 5 novembre 2010.
4
cantiques.
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Certaines œuvres du musicien apparaissent dans des recueils de cantiques qui
sont tout d’abord produits par l’initiative de libraires.
Collaborateurs de Luther
C’est dans un des deux premiers recueils d’Erfurt que l’on suggère de toujours garder un
recueil sur soi. À partir de 1524, les recueils de cantiques apparaissent et deviennent de
plus en plus nombreux. C’est cette même année que Hans Sach compose son «Rossignol
de Wittenberg» dans le but de renforcir la Réformation de Luther. Jobst Gutknecht, un
libraire de l’époque, est un des premiers à publier un recueil regroupant huit cantiques.
Les deux recueils d’Erfurt mentionnés plus haut, renfermaient vingt-cinq cantiques dont
la plupart étaient l’œuvre de Luther.
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L’expérience de Luther chez les Augustiniens
l’amène à rencontrer Josquin des Prez et Ludwig Senfl à Rome, des compositeurs qu’il
apprécie grandement. La musique luthérienne retient plusieurs éléments de la musique
catholique puisque Luther apprécie beaucoup la musique de certains compositeurs de
cette Église.
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10
-Les chants de Martin Luther [en ligne], Bischwiller, France, NCTC, créé en 2006,
http://s302430378.onlinehome.fr, consulté le 29 octobre 2010.
11
Jean-Paul Cahn et Gérard Schneilin, éd, Luther et la Réforme 1525-1555 Le temps de la consolidation
religieuse et politique, Paris, Éditions du Temps, 2001, p.89.
12
Donald J. Grant et Claude V. Palisca, A history of western music, New York, W.W. Norton and company,
1960, 5e edition 1996, p.239.
5
Johann Walter ou Jean Walther, reconnu comme «le chantre de la Réformation par
excellence»
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, est aussi connu pour avoir composé une grande partie du répertoire
polyphonique enseigné dans les écoles. Walter est un des nombreux collaborateurs de
Luther dans l’enseignement musical des églises évangéliques. Ces deux musiciens sont
aidés par Phillipe Melanchton qui s’occupe du cadre pédagogique dans l’enseignement
musical et par Georg Rhau qui publie une série d’édition de musique pour l’étude et
l’église.
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Au tout début de la musique de la Réformation, Luther discute avec Johann Walter et
Konrad Kupsch à propos des chants Grégoriens et des modes de la musique liturgique. Il
en conclu lui-même que le huitième mode sera appliqué à l’Épitre et le sixième mode au
Gospel.
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L’impact des cantiques
À travers cette époque de changement, les cantiques auront non seulement un usage
éducatif et spirituel, mais aussi un poids politique par la propagande de la nouvelle
doctrine évangélique qui crée une polémique face à l’Église romaine. Ce sont les
ministres, les partisans de la doctrine catholique et la théologie elle-même de cette Église
qui sont mis en question par le véhicule des cantiques réformateurs et les autres écrits de
Luther. C’est aussi grâce à l’insertion de langues vernaculaires dans les recueils de
13
Donald J. Grant et Claude V. Palisca, A history of western music, New York, W.W. Norton and company,
1960, 5e edition 1996, p.239.
14
Robin A. Leaver, Luther, Martin, [en ligne], Oxford, Université d’Oxford, créé en 2007, dernière mise à
jour en 2010, www.oxfordmusiconline.com, consulté le 5 novembre 2010.
15
Ibid.
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