allemand!) Luther, l’auteur relativise les approches de Karl Holl et de Joseph Lortz. Le premier pensait 
trouver dans les premiers textes de Luther toute sa théologie réformatrice, le second estimait que les 
positions de Luther exprimées dans ces textes étaient encore catholiques. D’après Lortz, on trouve 
bien des thèmes centraux dans ces textes qui ont marqué aussi sa théologie ultérieure, tels que la 
justification par le Christ seul, la théologie de la croix et la conception du joyeux échange. Il relève 
aussi le combat contre Aristote, l’influence d’Augustin sur Luther, en particulier dans la conception de 
l’Église. Il souligne que Luther reconnaît le ministère et la hiérarchie ecclésiastiques, mais qu’il affirme 
déjà le sacerdoce universel des chrétiens. Il relève les critiques de Luther vis-à-vis de l’Église de son 
temps. Ce dernier regrette que l’Église n’appelle pas à une véritable pénitence. L’Église romaine a, 
certes, conservé la vraie foi, mais elle erre au niveau des pratiques. Elle ne combat pas assez 
l’autojustification et ne prêche pas assez l’humilité et la confiance dans le Christ crucifié.
La troisième partie de l’ouvrage traite du rapport de Luther à Augustin. Y avait-il une école proprement 
augustinienne, marquée en particulier par Grégoire de Rimini? Comme l’auteur le rappelle, il n’y a pas 
unanimité à ce sujet. Il souligne à la fois la présence des écrits d’Augustin dans l’ordre qui se 
réclamait de lui, les nombreuses références à Augustin dans les premiers textes Luther, en particulier 
à ses écrits antipélagiens, et la lecture sélective opérée par Luther, puis aussi les différences avec ce 
Père de l’Église. Mais Augustin est pour lui un allié précieux pour combattre la théologie scolastique. 
L’auteur souligne par ailleurs l’aide que Staupitz a apportée à Luther.
Une quatrième partie traite du ministère doctoral dans l’Église, de l’obéissance exigée par le droit 
canon et de l’ecclésiologie. Depuis le XIIIe siècle, on distinguait le ministère doctoral et celui des 
prélats (prédicateurs, évêques, etc.). Que faire s’il y avait conflit entre les deux instances? Selon des 
théologiens du XIIIe siècle évoqués par l’auteur, l’autorité ecclésiale ne pouvait pas obliger un 
théologien à enseigner ce qui était contraire à ce qu’il considérait comme la vérité. Mais les docteurs 
devaient se taire plutôt que de désobéir, à moins qu’il s’agisse des mystères du salut.
On retrouve le problème chez Luther. Ce dernier se réfère notamment à la dispute entre les apôtres 
Pierre et Paul pour affirmer que Pierre s’était trompé en faisant de la circoncision une condition pour 
être membre de l’Église. Paul le théologien le critiquait. De même les théologiens des autres temps 
doivent critiquer les prélats s’ils se trompent. C’est ce que fait Luther à partir de 1517. Il estime que la 
théorie au sujet des indulgences relève d’une opinion d’école et non pas de la doctrine de l’Église. 
Condamné par Rome, il est amené à proclamer que la primauté de la papauté est issue de l’histoire et 
n’est pas d’institution divine. Luther critique les décrétales, c’est-à-dire le droit canon, qui ont favorisé 
le népotisme et la romanisation de l’Église. Il s’en prend à la confusion entre le droit divin et le droit 
humain et se réfère une fois de plus à Augustin pour affirmer que c’est l’Écriture seule qui est l’autorité 
dernière. Selon Luther, qui se réfère aux Pères de l’Église, le pouvoir des clefs, évoqué par 
Matthieu 16, 18 s. et 18, 17 s., consiste dans l’annonce de l’Évangile qui libère du péché, pouvoir qui 
est donné à tous les croyants et pas seulement à Pierre. Le pouvoir des clefs ne doit pas être compris 
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