Hypertension Canada
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une meilleure réponse antihypertensive. En
2005, He et coll. ont examiné l'effet d'un sup-
plément de protéines de soja sur la TA chez
302 sujets chinois, hommes et femmes. Ce
supplément quotidien était ingéré sous forme
de biscuits contenant 40 g de protéines de
soja isolées ainsi que les isoflavones du soja.
Le groupe témoin mangeait des biscuits qui
contenaient des glucides complexes au lieu
du soja. La consommation du supplément de
protéines de soja a entraîné une baisse plus
marquée de la TA que les glucides com -
plexes. Les résultats des quelques études
ayant examiné les effets de l'huile de soja sur
la TA n'ont pas été concluants.
Ensemble, tous ces résultats d'études per-
mettent de croire que l'adoption d'un régime
alimentaire assurant un apport quotidien de
18 g à 66 g de protéines de soja pendant
deux à trois mois abaisse efficacement la TA
chez des sujets manifestant une hyperten-
sion légère ou modérée.
Mécanisme d'action (Figure 1)
L'hypertension artérielle est caractérisée par
la résistance à l'insuline, le dysfonction-
nement endothélial, le stress oxydatif, la
prolifération des cellules de muscle lisse
vasculaire et une tension artérielle élevée.
Bien que l'étiologie exacte de l'hypertension
reste incertaine, la résistance à l'insuline
s'avère un facteur clé et peut être attribuable
à des facteurs génétiques ou reliés au mode
de vie. La résistance à l'insuline entraîne le
métabolisme anormal du glucose, et cette
anomalie s'accompagne d'une formation
accrue d'aldéhydes très réactifs. Ces aldéhy-
des réagissent avec les groupements
sulfhydryle et amine et forment des produits
de glycation (advanced glycation end pro -
ducts, ou AGE) qui modifient la structure et
la fonction des protéines. Ces produits de
glycation peuvent influer défavorablement
sur divers types de protéines dans l'orga -
nisme, notamment les enzymes, les canaux
ioniques, les récepteurs et les protéines
structurales. Ces anomalies entraînent un
stress oxydatif, un dysfonctionnement
endothélial, une hausse de la résistance vas-
culaire périphérique et de la tension
artérielle.
Au cours d'études sur l'hypertension
humaine, des chercheurs ont mis à l'épreuve
divers produits de soja, avec et sans
isoflavones, pour découvrir un ou des com-
posants thérapeutiques et leur mécanisme
d'action. Certaines études confèrent une
valeur thérapeutique aux protéines de soja,
la source la plus riche d'arginine (un acide
aminé) tandis que d'autres laissent entendre
que l'activité antioxydante des isoflavones
explique l'effet bénéfique du soja. Cet effet
est probablement combiné ou additif.
L'arginine est le précurseur de l'oxyde
nitrique, une substance vasodilatatrice, et
par conséquent elle peut influer sur le tonus
vasculaire et la TA. Cette activité vasodi-
latatrice de l'arginine est démontrée par des
données probantes montrant qu'un supplé-
ment d'arginine a procuré des bienfaits chez
des patients souffrant d'angine de poitrine et
d'insuffisance cardiaque congestive. La
prise d'arginine a abaissé la TA dans des
modèles de rat ainsi que chez des sujets
humains atteints d'hypertension essentielle.
Elle a également accru la sensibilité à l'insu-
line chez des sujets en santé, des sujets
obèses et des sujets atteints du diabète de
type 2. Cette action s'exercerait par l'inter-
médiaire de l'oxyde nitrique, dont on sait
qu'il régule les récepteurs insuliniques.
Même si les données probantes sont rares,
quelques études laissent entendre que l'ajout
de soja au régime alimentaire atténue la
résistance à l'insuline dans le diabète de type
2, un résultat qui concorde avec les effets
connus de l'arginine. L'arginine se lie égale-
ment aux aldéhydes, ce qui prévient la for-
mation de produits de glycation et leurs
effets délétères. La forte teneur en fibres
solubles des aliments à base de soja pourrait
également réduire l'absorption des glucides
et atténuer la résistance à l'insuline.
Le stress oxydatif a été relié à la survenue
de l'hypertension, bien qu'on ignore si c'est
un facteur étiologique ou une manifestation
secondaire. Peu importe, le fait de diminuer
le stress oxydatif réduit l'atteinte des tissus.
Plusieurs études menées auprès de patients
atteints d'hypertension essentielle ont
démontré l'efficacité des antioxydants pour
atténuer le stress oxydatif et abaisser la TA.
La poudre de soja, contenant des
isoflavones antioxydantes, a réduit les taux
des marqueurs du stress oxydatif et de l'at-
teinte oxydative de l'ADN, et elle a abaissé
la TA chez des rats spontanément hyper-
tendus. Des études chez l'animal ont égale-
ment montré que les isoflavones de soja
inhibent le stress oxydatif stimulé par le
NADPH et atténuent le dysfonctionnement
endothélial. Une substance antioxydante du
soja, la génistéine, a prévenu l'altération
oxydative des LDL sous l'effet du glucose
dans des études in vitro. Les résultats d'une
étude par Swain et coll. (2002) auprès de
femmes en période périménopause ont mon-
tré que les concentrations totales d'antioxy-
dants dans le plasma étaient modifiées
favorablement par la prise d'un isolat de pro-
téines de soja à forte teneur en isoflavones.
La consommation de lait de soja ou de com-
primés de soja a également atténué les
lésions oxydatives de l'ADN chez des
humains.
Les peptides de soja, ou les peptides de
synthèse identiques, ont exercé un effet
inhibiteur sur l'enzyme de conversion de
l'angiotensine (ECA) dans des études in
vitro. L'inhibition de l'activité de l'ECA et la
réduction subséquente de la synthèse de
l'angiotensine II, une substance vasocons -
trictrice, contribueraient à l'action antihy-
pertensive du soja. Même si ces peptides ont
abaissé la TA dans des modèles animaux, les
effets de l'activité de l'ECA dans le plasma,
le sérum et les tissus ont été équivoques. On
ignore toutefois si la prise de suppléments
diététiques de soja se traduirait par la
disponibilité endogène de ces peptides.
Conclusions
L'apport alimentaire en soja semble avoir
des effets antihypertensifs, et des études ont
Ensemble, tous ces résultats d'études permettent de croire que
l'adoption d'un régime alimentaire assurant un apport quotidien
de 18 g à 66 g de protéines de soja pendant deux à trois mois abaisse
efficacement la TA chez des sujets manifestant une hypertension
légère ou modérée.