Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XIX - n° 10 - décembre 2015
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Éditorial
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Alerte ou prévention
Alert or prevention
À
l’heure où l’International Agency for Research
on Cancer (IARC) lance des alertes anxiogènes
sur le risque de cancer lié à la consommation
de viande et de charcuterie, faut-il encore faire un dos-
sier sur alimentation et cancer du sein ?
Oui, parce que la connaissance scientifique avance et
que les patients font encore confiance aux médecins,
premiers relais de cette information. Oui, parce que les
informations scientifiques sont tellement nombreuses
qu’il est difficile de toutes les intégrer.
C’est pourquoi nous avons voulu avec ce dossier faire un
point sur les leviers de la prévention à tous les stades.
Les études épidémiologiques se succèdent et ne se
ressemblent pas toutes, mais de grandes tendances se
dessinent pour un cancer qui est plus fréquent chez les
femmes. Surpoids, sédentarité, alcool sont les grands
accusés, avec toutefois des interactions très probables
avec des facteurs génétiques. A contrario, une alimenta-
tion diversifiée, d’inspiration méditerranéenne, semble
une valeur sûre.
Le soja et les isoflavones de soja sont réhabilités dans
la prévention et le risque de récidives du cancer du sein.
L’EFSA vient de prendre une position nouvelle dans ce
domaine en écrivant The evidence reviewed does not
suggest there (les isoflavones) are harmful effects on the
three organs considered for this assessment: mammary
gland, uterus and thyroid gland”.
Lactivité physique est le grand vainqueur de ce
combat avec un KO magistral lorsquelle est pratiquée
avant (prévention) et après (traitement) la survenue
d’un cancer du sein. Les preuves sont accablantes : on
ne doit plus ne pas proposer une activité physique
adaptée à une femme ayant eu un cancer du sein.
Enfin, le poids doit être suivi pendant le traitement
d’un cancer du sein, car ses variations, à la baisse ou à la
hausse, sont associées à un moins bon pronostic. Mais,
au-delà du poids, c’est la composition corporelle qui doit
être surveillée, car l’augmentation de la masse grasse
et la diminution de la masse maigre sont péjoratives.
Là aussi, l’activité physique est une clé.
Loin d’injonctions stériles et contre-productives,
telles que proférées récemment, car elles induisent
des réactions de rejet, ces données nous permettent
d’avoir un discours encourageant et des conseils pra-
tiques auprès des femmes. Ainsi, les thérapeutiques
non médicamenteuses sont loin d’être des adjuvants
accessoires et facultatifs, y compris à la phase des
traitements “durs”.
Avis aux endocrinologues, gynécologues, cancéro-
logues, nutritionnistes et à tous les médecins… pour
les femmes.
Dr Jean-Michel Lecerf
Service de nutrition
(Institut Pasteur de Lille)
0281_MET 281 15/12/2015 11:57:32
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