ÉDITORIAL
“
”
Alerte ou prévention
Alert or prevention
Dr Jean-Michel
Lecerf
Service de nutrition
(Institut Pasteur de Lille)
À
l’heure où l’International Agency for Research on Cancer(IARC)
lance des alertes anxiogènes sur le risque de cancer lié
à laconsommation de viande etdecharcuterie, faut-il
encorefaireundossier sur alimentation et cancer dusein ?
Oui, parce que la connaissance scientifique avance et que
lespatients font encore confiance aux médecins, premiers relais
decette information. Oui, parce que les informations scientifiques
sonttellement nombreuses qu’il est difficile de toutes lesintégrer.
C’est pourquoi nous avons voulu avec ce dossier faire un point
surles leviers dela prévention à tous les stades.
➤Les études épidémiologiques se succèdent et ne se ressemblent pas
toutes, mais de grandes tendances se dessinent pour un cancer qui est plus
fréquent chez les femmes. Surpoids, sédentarité, alcool sont les grands
accusés, avec toutefois des interactions très probables avec des facteurs
génétiques. A contrario, une alimentation diversifiée, d’inspiration
méditerranéenne, semble une valeur sûre.
➤Le soja et les isoflavones de soja sont réhabilités dans la prévention
etlerisque derécidives du cancer du sein. L’EFSA vient de prendre
uneposition nouvelle dans cedomaine en écrivant “e evidence reviewed
does not suggest there (les isoflavones) areharmful effects on the three organs
considered for this assessment: mammary gland, uterus and thyroid gland”.
➤L’activité physique est le grand vainqueur de ce combat avec un KO
magistral lorsqu’elle est pratiquée avant (prévention) et après (traitement)
la survenue d’uncancer du sein. Les preuves sont accablantes :
onnedoitplus ne pas proposer uneactivité physique adaptée
àunefemme ayant eu un cancer du sein.
➤Enfin, le poids doit être suivi pendant le traitement d’un cancer du sein,
car sesvariations, à la baisse ou à la hausse, sont associées à un moins bon
pronostic. Mais,au-delà du poids, c’est la composition corporelle qui doit
être surveillée, carl’augmentation de la masse grasse et la diminution
delamasse maigre sontpéjoratives. Là aussi, l’activité physique est une clé.
Loin d’injonctions stériles et contre-productives, telles que proférées
récemment, car elles induisent des réactions de rejet, ces données nous
permettent d’avoir un discours encourageant et des conseils pratiques
auprès des femmes. Ainsi,lesthérapeutiques non médicamenteuses sont
loin d’être des adjuvants accessoires etfacultatifs, y compris à la phase
des traitements “durs”.
Avis aux endocrinologues, gynécologues, cancéro logues, nutritionnistes
etàtouslesmédecins… pour les femmes.
© Correspondances en Métabolisme
Hormones Diabètes et Nutrition
2015;XIX(10):281.
La Lettre du Sénologue • N° 71 - janvier-février-mars 2016 | 5
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