
frais administratifs supplémentaires pour gérer le départ et l’arrivée des clients. Pour les petites en-
treprises d’approvisionnement en électricité, il y a aussi le risque que la perte d’un important client 
ne puisse être compensée, ce qui met en danger même leur existence propre. 
 
Plus généralement, il faut considérer que l’électricité est un bien public au même titre que l’eau et 
d’autres infrastructures publiques. L’approvisionnement en électricité et sa sécurité revêtent donc 
une fonction stratégique et une logique de service public. Près de 80 pourcent des entreprises de 
production et de distribution d’électricité sont d’ailleurs en mains publiques. Le marché partiellement 
ouvert et régulé fonctionne bien et la sécurité de l’approvisionnement est assurée. L’ouverture com-
plète du marché de l’électricité remet en cause cette logique de service public donnant plus de poids 
à la rentabilité à court terme au détriment des investissements nécessaires et de la sécurité.  
 
 
Avantages peu convaincants de l’ouverture complète du marché  
 
Le projet soumis à consultation tait les risques de l’ouverture et ne produit pas d’analyse potentielle 
de l’ouverture complète du marché sur l’économie électrique. Il met en exergue seulement les avan-
tages attendus de l’ouverture du marché de l’électricité qui sont la possibilité de conclure un accord 
avec l’UE sur l’électricité, la transparence et l’efficacité supposée accrues avec la possibilité de 
changer de fournisseur. Toutefois, il faut bien reconnaître que le rapport n’est pas en mesure de 
fournir la preuve de ces avantages. Ils ne suffisent donc de loin pas à contrebalancer les risques 
que la libéralisation complète du marché fait peser sur la sécurité de l’approvisionnement in globo et 
les conditions salariales et de travail de la branche. 
 
Il y a donc de solides raisons de dire tout simplement non à l’ouverture complète du marché. Néan-
moins, il faut aussi reconnaître que les mutations structurelles auxquelles la branche de l’électricité 
est confrontée sont déjà en cours – en particulier avec le développement d’un approvisionnement 
décentralisé et basé sur les énergies renouvelables, indépendamment de l’ouverture du marché. Il 
est aussi pertinent de penser qu’à moyen terme un accord sur l’électricité avec l’UE sera nécessaire 
si la Suisse veut maintenir son rôle de plaque tournante dans les échanges d’électricité avec l’UE et 
éviter la discrimination des entreprises suisses dans l’accès au marché européen. Il y a aussi un 
énorme besoin d’investissement dans les infrastructures électriques en Europe, et si notre pays 
n’arrive pas à régler de façon satisfaisante son intégration au grand marché de l’électricité européen 
en voie d’unification, le développement des grands réseaux électriques pourrait contourner la 
Suisse. Or, il est très vraisemblable que la Suisse ne pourra pas obtenir un accord sur l’électricité 
avec l’UE satisfaisant sans ouverture complète du marché.  
 
Ainsi, plutôt que de dire non d’emblée à l’ouverture complète du marché, il est préférable de poser 
des conditions pour une meilleure régulation et encadrement du processus d’ouverture. La position 
de Travail.Suisse dépendra en fin de compte de la prise en considération ou non de ces conditions, 
dont voici les principales : 
 
 
Principales conditions pour une ouverture complète du marché de l’électricité 
  Une convention collective  de travail (CCT) étendue à l’ensemble de la branche de l’économie 
électrique devient impérative en cas d’ouverture complète du marché. Il en va du maintien