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Éduquer à la citoyenneté. construire des compétences sociales et civiques
des pratiques et on ne nie pas l’importance des attitudes et des comportements.
Ainsi, l’Éducation à la citoyenneté a toujours eu ce double ancrage : connaître ses
droits et ses obligations, les institutions publiques, et développer des pratiques et
des comportements personnels et sociaux qui s’inscrivent dans le cadre des lois de
la République. Il y a toujours un caractère normatif à l’enseignement.
En continuité directe avec ce premier thème, le second est celui des valeurs. Leur
importance est régulièrement armée. Dans tous les textes et discours ociels, ces
valeurs se présentent sous forme de liste non hiérarchisée et non problématisée. Tout
fonctionne comme si la vie sociale, celle des adultes, aussi bien à l’intérieur qu’à
l’extérieur de l’École, était faite de respect, d’ouverture, de solidarité, de liberté, de
justice, etc. Les élèves, dès leur plus jeune âge, ne mettent pas longtemps à constater
la distance, souvent abyssale, entre ces déclarations pleines de bonnes intentions et
la réalité des situations et des comportements humains. Aussi est-il essentiel de ne
pas faire croire aux élèves qu’un peu de bonne volonté surait pour leur respect.
Les valeurs ne sont pas des choses que l’on trouverait matérialisées dans la vie
personnelle et sociale ; elles désignent des points de vue à partir desquels évaluer
les actes, les comportements, les situations, et orienter la décision, l’action. Dans
la quasi-totalité des situations, les valeurs sont en tension ; il faut choisir et arbitrer
entre elles, composer des accords souvent diciles. Enseignement, transmission
ou construction de ces valeurs demandent impérativement de faire place à ces
tensions et contradictions. Enn, je suggère de distinguer des valeurs d’abstention
et des valeurs d’intervention. Les premières relèvent d’une distance à garder entre
les individus ; le respect et la tolérance, si fortement mis en avant dans le but de
pacier les relations, n’impliquent pas de s’intéresser aux autres, de les connaître.
Les secondes, telles que la solidarité, la justice, invitent à une ouverture vers autrui,
un intérêt pour ce qu’il est, son point de vue, ses valeurs, etc. Au-delà de quelques
généralités sur ce qui serait une curiosité spontanée des enfants et des jeunes, elles
sont plus diciles à enseigner ; elles ouvrent vers des attitudes, des comportements,
des actions, plus exigeants. Enn, les valeurs de nos sociétés sont aussi celles de
la compétition, de la concurrence, que ce soit dans le monde économique ou dans
celui du sport ; il y a là un formidable gisement d’expériences et de situations pour
mettre en évidence ces tensions, poser et débattre des choix de chacun et de tous.
Un troisième thème est celui des relations entre cette compétence, plus largement
les compétences du Socle, et les disciplines scolaires instituées. Comme nous le savons
et le mettons en œuvre constamment dans l’enseignement, celui-ci est organisé,
structuré par des univers disciplinaires distincts. Or, l’examen du Socle met claire-
ment en évidence que les trois premières compétences renvoient directement à des
disciplines instituées ; à cela s’ajoute le fait que ce sont aussi ces disciplines qui font
l’objet des grandes évaluations internationales (PISA), constituant ainsi le cœur de
ce qui fait l’employabilité d’un individu. Les compétences suivantes ne s’identient
pas systématiquement à des disciplines scolaires installées. D’où une première