sur la perte des rapports anatomiques habituels entre les surfaces articulaires témoignant des
lésions des moyens d’union intervertébraux. Les formes graves aboutissent à de véritable
transections rachidiennes. L’instabilité est de type ligamentaire, horizontale, et de toute façon
durable. L’affrontement des articulaires pointe à pointe représente une situation extrêmement
instable pouvant basculer soit favorablement en position anatomique soit aboutir à une
luxation complète. La menace neurologique est non seulement radiculaire mais aussi
médullaire par cisaillement. En cas d’accrochage articulaire, a fortiori de luxation bilatérale,
toute manœuvre en lordose est formellement proscrite car elle majore la sténose canalaire. Au
contraire une légère flexion du rachis cervical est bénéfique. La stabilisation de la lésion est
obtenue après la réduction des déplacements par une arthrodèse monosegmentaire. La voie
antérieure permet à la fois la fixation, la greffe intersomatique et la recherche de hernie
discale associée. Toutefois l’irréductibilité de la lésion peut imposer une réduction sanglante
par voie postérieure.
Les formes mixtes associant lésions corporéales et discoligamentaires sont typiquement
représentées par la fracture en Tear-Drop du rachis cervical. La forme habituelle concerne C5
(fracture du plongeon en eau peu profonde). Elle associe le détachement du coin antéro-
inférieur du corps vertébral, la partition sagittale du corps et une lésion discoligamentaire sous
jacente responsable du recul des fragments corporéaux qui fait toute la gravité de cette
fracture. L’instabilité de ces formes est grande. La moindre ébauche de flexion cervicale
impacte le coin postéro-inférieur du corps dans le canal. Les dégâts ostéoligamentaires
imposent souvent la réalisation d’une corporectomie décompressive et une reconstruction par
greffe intersomatique et plaque cervicale antérieure.
La physiopathologie des lésions médullaires et la meilleure connaissance des mécanismes
d’aggravation lésionnelle secondaire ont modifié le comportement des acteurs de la prise en
charge de ces blessés.
L’intérêt d’une prise en charge précoce et coordonnée est dorénavant reconnu associant :
- sur le terrain, le diagnostic rapide de la lésion médullaire, l’évaluation clinique
neurologique précise, l'immobilisation du blessé, le maintien d'une bonne perfusion
médullaire et le bilan précis des lésions associées pouvant mettre en jeu le pronostic vital..
- l'acheminement le plus rapide possible du blessé vers un centre doté des équipements et
des compétences requises de réanimation, de radiologie et de chirurgie rachidienne.
Tout patient traumatisé vertébromédullaire doit avoir un bilan radiologique complet
associant des radiographies de l'ensemble de la colonne vertébrale et un scanner rachidien
centré sur la lésion. Les charnières craniocervicale et cervicodorsale, souvent difficiles à
étudier par des radiographies simples, sont mieux visualisées par la tomodensitométrie.
L’intérêt de l’imagerie en résonance magnétique reste discuté surtout en raison des difficultés
d’accès aux machines et des conditions particulières exigées par l’examen. Seule l’IRM
permet de visualiser la lésion médullaire, de délimiter son étendue. Elle permet en outre de
mieux évaluer les lésions discales et ligamentaires associées aux dégâts osseux.
En urgence, elle est utile en présence d’un déficit sans lésion vertébrale déplacée, pour
vérifier l'existence d'une hernie discale traumatique. Elle est indiquée quand existe une
aggravation secondaire du déficit ou une discordance entre le niveau médullaire et le niveau
de la fracture vertébrale. Elle permet d’expliquer le déficit clinique quand il n'existe pas de
lésion osseuse en recherchant une compression d'origine discale, un éventuel hématome
intrarachidien.