Résumé
Parler du spectateur c'est parler de l'acteur. C'est chercher à savoir comment, après
le secret travail du plateau, il est possible d'atteindre et d’étonner celui qui vient pour
voir, par curiosité, par habitude, par envie, par divertissement...
Acteur et spectateur ont coutume de se retrouver face-à-face. Aborder la question
du spectateur en tant que comédienne, c'est vouloir trouver comment éviter
l'affrontement a priori inhérent à un tel face-à-face. A travers l'expérience de Claude
Régy, qui a traversé l'histoire du théâtre par le biais d'une cinquantaine de mises en
scène, on peut apercevoir le désir d'une telle quête. Sa recherche fait apparaître un réel
questionnement sur le rôle et la place qu'occupe le spectateur de théâtre. Selon le
metteur en scène, « il faut supprimer la représentation » : éviter à tout prix de faire
signe. Comment amener le spectateur à inventer ses propres signes et s'approprier le
spectacle ? Seul l'imaginaire est capable de le faire accéder à une pluralité et une infinité
des sens et du sens. Car le domaine du sens, ici, ne se limite pas à ce qui relève de
l'intelligible. La sensation physique est aussi appelée à se manifester par le biais d'un
processus imaginatif et hypnotique, dont Claude Régy fait usage, notamment pour sa
dernière mise en scène, à partir d'un extrait du texte de Tarjei Vesaas, La Barque le soir.
3