HISTORIQUE ET EVOLUTION DU CONCEPT D`HYPERACTIVITE

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HISTORIQUE ET EVOLUTION DU CONCEPT D'HYPERACTIVITE
Développement historique complexe, couvrant une centaine d'années
(début du vingtième siècle jusqu'à nos jours)
Dénominations différentes du syndrome, intimement liées à l'évolution des idées
et aux avancées scientifiques du moment
Préfiguration, dans cet historique, des débats actuels sur la nature des facteurs
psychoaffectifs ou neurobiologiques supposés rendre compte de la genèse et de
l'évolution de l'hyperactivité.
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PREMIERE PERIODE DE 1900 A 1960 :
L'ENFANT CEREBRO-LESE
Ecole française et notion d'instabilité psycho-motrice
Bourneville (1897) : en relation avec la déficience intellectuelle
G. Heuyer (1914) : instabilité psycho-motrice vue comme un syndrome,
existant en dehors de la déficience mentale
H. Wallon (1925): "L'enfant turbulent"
Ecole anglaise : Still (Lancet 1902) et Minimal Brain Damage
- Description clinique détaillée de 20 cas "d'hyperactivité" chez l'enfant
- Hypothèse d'un Minimal Brain Damage (atteintes cérébrales majeures ou
minimes, prouvées ou vraisemblables, sous-tendant le désordre)
Encéphalite épidémique de 1917-1918
- Trouble du comportement post-encéphalitique chez les enfants survivants
- Renforce l'hypothèse du "Minimal Brain Damage"
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PREMIERE PERIODE DE 1900 A 1960 :
L'ENFANT CEREBRO-LESE (suite)
Du concept de "Minimal Brain Damage" à celui de "Minimal Brain Dysfunction"
MBD (1950 – 1960)
Définition (USA)
Ce terme décrit des enfants dont l'intelligence globale est près de la moyenne,
moyenne, ou supérieure à la moyenne, ayant certaines difficultés d'apprentissage
ou comportementales légères à sévères, associées à des déviations du
fonctionnement du système nerveux central. Ces déviations peuvent se manifester
par diverses combinaisons d'altérations de la perception, de la conceptualisation,
du langage, de la mémoire et du contrôle de l'attention, des pulsions ou du
fonctionnement moteur".
Passage progressif, au cours de cette période, d'une conception
étiopathogénique "lésionnelle" à une conception "neuropsychologique".
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DEUXIEME PERIODE DE 1960 A 1969 :
LE DEBUT DES DIVERGENCES CONCEPTUELLES
Intérêt croissant pour la clinique du "Syndrome de l'enfant hyperactif" (Chess 1960),
mettant en avant le symptôme d'activité motrice excessive comme la caractéristique
essentielle du trouble
Cette conception inspire en 1968, la rédaction, dans le Manuel Diagnostique et
statistique des Troubles Mentaux (APA), de la rubrique "Réaction Hyperkinétique de
l'enfance", à mettre en relation avec les circonstances de la vie, se manifestant
surtout pendant l'enfance et disparaissent à la puberté.
Situation contrastée en Europe :
* Grande-Bretagne : conception "étroite" du trouble (rareté, association à des
dommages cérébraux)
* France : position proche de celle des USA (DSM-II). Accent mis sur l'aspect
psychodéveloppemental et psycho-affectif du trouble (Ajuriaguerra 1971)
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TROISIEME PERIODE DE 1970 A 1980 :
IMPORTANCE DONNEE AU DEFICIT ATTENTIONNEL ET AU DEFICIT DE CONTRÔLE
DES IMPULSIONS
Au Canada : les troubles de l'attention et du contrôle des impulsions sont
progressivement mis en avant comme "noyau dur" du trouble
Aux USA : publication du DSM-III (1980), renommant la rubrique "Trouble déficit
de l'attention avec ou sans hyperactivité (314.01 et 314.00)
* rupture totale avec le DSM-II et ses orientations psychodynamiques
* marque le passage d'une option unidimensionnelle à une approche
multidimensionnelle du trouble basé sur trois listes de symptômes
d'hyperactivité, d'impulsivité et d'inattention
Début de l'essor des recherches sur les différents aspects du trouble : épidémiologie,
clinique développementale, comorbidité, neuropsychologie, facteurs
environnementaux, essais pharmacologiques…
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QUATRIEME PERIODE : DE 1980 A NOS JOURS
Le DSM-III-R (1987) marque une "hésitation" sur la conceptualisation de l'hyperactivité
* revient à une optique unidimensionnelle avec liste unique de 14 symptômes
* trouble de l'attention sans hyperactivité reléguée au rang d'une catégorie
résiduelle
Le DSM-IV (1994), retourne à la conception multidimensionnelle de la catégorie
"Trouble déficit de l'attention / hyperactivité"
La CIM 10 de l'OMS (CDR) (1994) propose une rubrique "Troubles hyperkinétiques" (F90)
proche du DSM-IV
Multiplication et diversification des recherches, surtout dans les pays anglo-saxons
et en Europe du Nord : le devenir, les essais à long terme et comparatifs,
la génétique , l'imagerie, la neuropsychologie, fondée sur l'hypothèse du trouble
des fonctions exécutives
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CRITERES DIAGNOSTIQUES DE L'HYPERACTIVITE
L'HYPERACTIVITE
DANS LES CLASSIFICATIONS INTERNATIONALES
Trouble Déficit de l'attention/hyperactivité (DSM-IV,
1994
A. Présence soit de 1, soit de 2 :
(1) 6 symptômes (ou plus) d'inattention sur une
liste de 9 pendant au moins 6 mois, non
congruents au développement de l'enfant.
(2) 6 symptômes (ou plus) d'hyperactivitéimpulsivité sur une liste de 9 pendant au
moins 6 mois.
B. Symptômes présents avant l'âge de 7 ans.
C. Gêne fonctionnelle dans deux (ou plus)
environnements différents.
D. Altération cliniquement significative du
fonctionnement social, scolaire et
professionnelle.
E. Exclure : symptômes survenant exclusivement
au cours d'un TED, schizophrénie ou autre
trouble mental
Critères pour la recherche du Trouble
Hyperkinétique selon la CIM10 (1994)
G1. Au moins 6 symptômes d'inattention sur
une liste de 9, pendant au moins 6 mois,
non congruent au développement de
l'enfant.
G2. Au moins 3 symptômes d'hyperactivité sur
une liste de 5
G3. Au moins 1 symptôme d'impulsivité sur
une liste de 4.
G4. Survenue du trouble avant 7 ans.
G5. Caractère envahissant du trouble : critères
remplis dans plus d'une situation.
G6. Altération significative du fonctionnement
du fait de G1-G3
G7. Ne répond pas aux critères : TED, épisode
maniaque, épisode dépressif ou trouble
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anxieux.
LES CLASSIFICATIONS ET LES SOUS-TYPES D'HYPERACTIVITE PROPOSES
DSM-IV
Trouble Déficit de l'Attention/Hyperactivité
◘
◘
◘

◘
Sous-type mixte (314.01 ; F 90.0)
6 critères (ou plus à d'hyperactivité/
impulsivité)
6 critères (ou plus) d'inattention
 pendant au moins 6 mois
Sous-type inattention prédominante (314.00,
F90.0)
6 critères (ou plus) d'inattention
moins de 6 critères d'hyperactivité/impulsivité
 pendant au moins 6 mois
Sous-type hyperactivité-impulsivité
prédominante
6 critères (ou plus) d'hyperactivité-impulsivité
(314.01 ; F90.0)
moins de 6 critères d'inattention
Pendant au moins 6 mois
Trouble déficit de l'attention /hyperactivité non
spécifié (314.9)
CIM10
Troubles hyperkinétiques (F.90)
◘ Perturbation de l'activité et de l'attention
(F90.0)
◘ Trouble hyperkinétique et trouble des
conduites (F90.1)
Trouble de l'attention sans hyperactivité
(F98.8)
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COMPARAISON DU DSM-IV ET DE LA CIM-10 CONCERNANT L'HYPERACTIVITE
Critères diagnostiques proches dans DSM-IV et CIM-10 mais algorithme différent,
avec définition d'une catégorie plus étroite dans la CIM-10 (DSM-IV)
Sous-types définis
- selon la nature des symptômes prédominants dans DSM-IV
- selon la présence ou non des troubles des conduites selon la
CIM10
Etude de comparative des deux systèmes (Tripp, 1999 ; Sorensen, 2005)
CIM10 sélectionne un groupe plus étroit, correspondant à la forme combinée
du DSM-IV
CIM10 sélectionne un groupe plus jeune, plus atteint au plan académique, cognitif et des relations avec
les pairs.
CIM10
- n'inclut pas les enfants hyperactifs/impulsifs
- sous-type "Trouble de l'attention sans hyperactivité" mal défini
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COMPARAISON DU DSM-IV ET DE LA CIM-10 CONCERNANT L'HYPERACTIVITE
(suite)
Etude comparative de validité prédictive des deux systèmes (Lahey, 2006)
Validité prédictive satisfaisante sur une période de 6 ans, chez de jeunes enfants
hyperactifs de 4 à 6 ans, des deux systèmes DSM-IV et CIM10
En revanche, le système ICD-10 "sous-identifie" des enfants avec des symptômes
persistants liés à l'inattention et à l'hyperactivité /impulsivité, associés à une gêne
relative
Validité des deux systèmes, même parmi les jeunes enfants dont le
comportement inattentif, hyperactif et impulsif est très typique
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LE CONTEXTE ACTUEL : QUESTIONS, DEBATS, POLEMIQUES

Les arguments scientifiques qui étayent la validité de l'hyperactivité comme
diagnostic psychiatrique (Faraone, 2005)
(1) Corrélations cliniques, (2) devenir, (3) héritabilité,
(4) études de laboratoire et d'imagerie, (5) réponse au traitement.

Exemples de sujets de débats scientifiques qui persistent (Buitelaar, 2004)
 Hyperactivité : catégorie ou extrême d'une dimension distribuée dans toute
la population ?
 Possibilité d'évaluation de l'étiologie au niveau individuel de l'ADHD (et non
plus à un niveau de groupe) ?
 La rémission des symptômes correspond-elle à une normalisation des
processus cérébraux altérés ou à une réorganisation "compensatoire" des
circuits cérébraux ?
 Les traitements jouent-ils un rôle dans le devenir à long terme ?
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LE CONTEXTE ACTUEL : QUESTIONS, DEBATS, POLEMIQUES (suite)
Les débats et polémiques

L'hyperactivité est-elle un trouble psychiatrique ou un symptôme produit par
notre culture (Timimi/Taylor, 2004) (P. Breggin on the Internet site of the
Antipsychiatry Coalition http://www.antipsychiatry.org/ritalin.htm).

N'est-elle pas "sur-diagnostiquée" et exagérément traitée par des médicaments
? (internet-site of the church of Scientology
http://faq.scientology.org/ritalin.htm).

Les psychostimulants : des produits dangereux ? (P. Breggin, 2001).
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CONCLUSION
Les problématiques et critiques doivent inciter à poursuivre les études scientifiques
sur :

La conceptualisation et l'opération de l'ADHD comme un syndrome psychiatrique

La qualité du diagnostic et du traitement dans la pratique en routine

Le développement du guidelines pour le diagnostic et le traitement

La recherche des effets à long terme des médicaments

Le développement de nouveaux médicaments efficaces et sûrs qui n'appartiennent
plus au registre des toxiques.
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