Académie de Martinique Préparation Agrégation Sciences Physiques B. Pontalier MODÉLISATION TEMPORELLE DES SYSTÈMES LINÉAIRES 1 Mise en équation des systèmes linéaires 1.1 systèmes du premier ordre exemple électrique: équation de la maille: u1(t) = uR(t) + uC(t) i(t) = C duC uR(t) = RC duC dt dt u1(t) = RC duC + uC(t) dt u°C(t) + 1 uC(t) = u1(t) RC RC R u1 uC exemple mécanique: équation de la dynamique: mγ = Σ F = FE - f.v m dv(t) = FE - fv(t) dt v °(t) + f v(t) = F E (t) m m équation du modèle: ˙s (t) + C f FE m x 1 s(t) = bo e(t) où τ représente la constante de temps τ 1.2 systèmes du second ordre exemple électrique: équation de la maille: u1(t) = uL (t) + uR(t) + uC(t) i(t) = C duC uR(t) = RC duC dt dt uL (t) = L di(t) = LC d2uC dt dt2 2 u1(t) = LC d uC + RC duC + uC(t) dt2 dt u°°C(t) + R u°C(t) + uC(t) = u1(t) L LC LC L R u1 C uC exemple mécanique: équation de la dynamique: mγ = Σ F = FE - fv - k(x-x0) posons X = (x-x0) m d2X(t) = FE - f dX(t) - k X(t) dt2 dt °° X (t) + f X°(t) + k X(t) = F E (t) m m m Modélisation temporelle des Systèmes Linéaires f m k FE x page 1 /10 Académie de Martinique Préparation Agrégation Sciences Physiques équation du modèle: s°°(t) + 2z ω 0 B. Pontalier s°(t) + ω 02 s(t) = b0 e(t) où ω0 représente la pulsation propre non amortie et z le coefficient d’amortissement 2 Résolution de l’équation différentielle De manière générale on recherche 2 types de solutions: - la solution générale de l’équation sans second membre - des solutions particulières caractéristiques du second membre La solution complète est la somme de la solution générale de l’équation sans second membre et des solutions particulières. 2.1 solution générale de l’équation sans second membre: régime libre c’est la solution de l’équation différentielle lorsque le second membre est nul, c’est à dire lorsque le système n’est soumis à aucune sollicitation; le système évoluera librement suivant une dynamique qui lui est propre et qui constituera sa signature, à condition qu’à l’instant initial d’observation on l’ait écarté de sa position d’équilibre: on dira qu’on a fourni au système des conditions initiales non nulles. 2.1.1 système du premier ordre ˙s (t) + 1 s(t) = 0 τ la solution générale de cette équation est: sg(t) = k e-t/τ où k est une constante d’intégration qui ne peut être déterminée qu’à la lumière des conditions initiales; si sg(0+) représente l’état initial du système, alors k = s(0+) 2.2.2 système du second ordre s°°(t) + 2z ω 0 s°(t) + ω 02 s(t) = 0 suivant la valeur de l’amortissement z, la solution de cette équation est: z>1 s g(t) = A e-[(z + √ z2 - 1) ω 0 t] + B e-[(z - √ z2 - 1) ω 0 t] s g(t) = A e-t/τ 1 + B e-t/τ 2 le système équivaut à 2 systèmes du premier ordre mis en cascade; la réponse est monotone décroissante z=1 s g(t) = (A+B t) e-(z ω0 t) le système équivaut à 2 systèmes identiques du premier ordre mis en cascade; la réponse est monotone décroissante z<1 s g(t) = e-(z ωo t) [ A e-j ωa t + B e+j ωa t ] où ωa = ωo √ 1 - z représente la pulsation propre amortie 2 à partir des formules d’Euler, on obtient: s g(t) = e-(z ωo t) [a cos ωa t + b sin ωa t] les coefficients a et b dépendent des conditions initiales s(0+) et s°(0+) cette réponse est oscillante amortie de pseudo-période Ta = 2" / ωa Modélisation temporelle des Systèmes Linéaires page 2 /10 Académie de Martinique Préparation Agrégation Sciences Physiques B. Pontalier 2.2.3 observation des régimes oscillants dans le plan de phase on appelle espace des phases un espace construit à partir d’une variable s(t) et de ses dérivées successives s°(t), s°°(t), ... s( n )(t); le plan de phase est l’espace à 2 dimensions formé par s(t) et s°(t) cas des régimes oscillants non amortis (z = 0) s°°(t) + ω 02 s(t) = 0 s(t) = a cos ω 0 t + b sin ω0 t ⇒ s°(t) = - a ω 0 sin ω0 t + b ω0 cos ω0 t les conditions initiales donnent: s(0+) = a et s°(0+) = b ω0 la courbe paramétrique représentant l’évolution du couple [s(t), s°(t)/ω 0] dans le plan de phase est un cercle centré sur l’origine et passant par le point des conditions initiales [s(0+), s°(0+)/ω0] s° (t) Remarques: ωo t = k 3π 2 ωo t = 0+ t = k 2π s° (0+) ωo ωo s(t) s(0+) t=kπ dans le cas où l’amortisse-ment z n’est pas nul, la courbe représentative est une spirale logarithmique partant du point des condi-tions initiales et convergeant vers le centre du cercle; il faut alors considérer la pulsation propre amotie ωa et la pseudopériode Ta le centre du cercle représente le régime permanent donné par le second mem-bre de l’équation différen-tielle (nul dans ce cas précis). t ωo t = k π 2 ωo 2.2 solution particulière de l’équation avec second membre: régime forcé cette solution paticulière de l’équation différentielle dépend intimement de la nature du second membre: elle est de la même forme mathématique; elle représente la réponse forcée du système à une sollicitation extérieure (entrée) représentée par le scond membre. 2.2.1 second membre constant (entrée échelon): réponse indicielle réponse du premier ordre: ˙s (t) + 1 s(t) = bo e(t) τ où e(t) = E = Cte on cherche une solution particulière du type sp (t) = S∞ (valeur finale) après dérivation et identification on trouve: sp (t) = S∞ = t.b0.E Modélisation temporelle des Systèmes Linéaires page 3 /10 Académie de Martinique Préparation Agrégation Sciences Physiques B. Pontalier réponse du second ordre: s°°(t) + 2z ω 0 s°(t) + ω 02 s(t) = b0 e(t) on cherche une solution particulière du type après dérivation et identification on trouve: sp (t) = S∞ (valeur finale) sp (t) = S∞ = b0.E ω 2 0 la solution complète sécrit: s(t) = sg (t) + sp (t) = k e-t/τ + S∞ à l’instant t = 0+ la condition initiale vaut: s(0+) = k + S∞ fi k = s(0+) - S∞ s(t) = [s(0+) - S∞] e-t/τ + S∞ 2.2.2 second membre fonction afine (entrée rampe): réponse tachymétrique réponse du premier ordre: s°(t) + 1 s(t) = b0 (At + B) où E = Cte τ on cherche une solution particulière du type après dérivation et identification on trouve: sp (t) = at + b a = τ.b0 .A et b = τ.b0 (.B - τ .A) réponse du second ordre: s°°(t) + 2z ω 0 s°(t) + ω 02 s(t) = b0 e(t) on cherche une solution particulière du type après dérivation et identification on trouve: sp (t) = = at + b a = b0.A ω 2 0 b = b0 (B - 2z.A) ω 2 0 ω 0 2.2.3 second membre impulsion de Dirac: réponse impulsionnelle on applique au système une entrée e(t) = d(t) distribution de Dirac définie par: d(t) = lim θ → 0 (1/ θ) -∞ ∫ +∞ d(t) dt = 1 (aire unité) pour t ∈ [0,θ] on considère que l’entrée est un échelon d’amplitude infinie et de durée nulle pour t > θ on considère que l’entrée est nulle à partir de t = q = 0+ on considère que le système n’est plus soumis à aucune sollicitation extérieure et qu’il va évoluer selon sa dynamique propre, c’est à dire sa réponse libre (sa signature); le rôle de l’impulsion de durée quasi-nulle est d’apporter au système des conditions initiales non nulles calculons la valeur de la condition initiale apportée par l’impulsion de Dirac: on peut assimiler pendant un temps aussi court la réponse du système à sa tangente à l’origine pour une entrée échelon de valeur infinie et de durée nulle Modélisation temporelle des Systèmes Linéaires page 4 /10 Académie de Martinique Préparation Agrégation Sciences Physiques B. Pontalier exemple du système du premier ordre: t t - d A A A 1- e τ = e τ au voisinage de t = 0, la pente vaut: dt τ τ or par définition de la distribution de Dirac: A = (1/ θ) d’où à l’instant t = q = 0+ la valeur de la sortie (condition initiale) vaut: - ( ) s 0 t 1 -τ sp (t) = e τ 1 θ 1 = = θ τ τ la réponse impulsionnelle est bien la signature du système puisqu’elle représente à une constante près (caractéristique de ce système) sa réponse libre caractérisant sa dynamique propre. 2.2.4 second membre sinusoïdal: réponse harmonique on applique au système une entrée (second membre) sinusoïdale de la forme: e(t) = A (cos ωt + j sin ωt) = A e jωt on cherche une solution particulière de la forme: sp (t) = a [cos (ωt + ϕ) +j sin (ωt + ϕ)] = a e j(ωt+ϕ) remarquons que l’opération de dérivation se résume à une multiplication par l’opérateur jω réponse du premier ordre: s°(t) + 1 s(t) = b0 A e jωt τ (jω) a e j(ωt+ϕ) + 1 a e j(ωt+ϕ) = b0 A e jωt τ (jω) a e j(ϕ) + 1 a e j(ϕ) = b0 A τ posons: S = a e j(ϕ) représentant l’amplitude complexe de sp (t) = a e j(ωt+ϕ) = S e jωt on obtient: (jω) S + 1 S = b0 A fi S [(jω) + 1] = b0 A fi τ τ où x = ωτ = w /ω0 représente la pulsation réduite ω 0 = 1/τ représente la pulsation de coupure du premier ordre cette amplitude complexe S = a e j(ϕ ) a deux composantes: - son module a= = b0 A 1 + jωt 1 + jx b0 A √ 1 + (ωτ) - son argument S = b0 A 2 ϕ = - arctan (ωτ) Modélisation temporelle des Systèmes Linéaires page 5 /10 Académie de Martinique Préparation Agrégation Sciences Physiques B. Pontalier réponse du second ordre: s°°(t) + 2z ω 0 s°(t) + ω 02 s(t) = b0 e(t) (jω)2 a e j(ωt+ϕ ) + 2z ω0 (jω) a e j(ωt+ϕ ) + ω02 a e j(ωt+ϕ ) = b0 A e j ωt posons: S = a e j(ϕ ) représentant l’amplitude complexe de sp (t) = a e j(ωt+ϕ ) = S e j ωt on obtient: (jω)2 S + 2z ω0 (jω) S + ω02 S = b0 A S= b0 A ω0 [ 2 (jω) jω + 2z + 1 2 (ω 0) ω0 ] ⇒ S [(jω)2 S + 2z ω0 (jω) S + ω02] = b0 A b0 A ω 0 [ (jx) + 2z( jx) + 1 ] = 2 où x = ω /ω0 représente la pulsation réduite cette amplitude complexe S = a e j(ϕ ) a deux composantes: - son module a= b0 A ω0 - son argument √ (1-x ) 2 2 + (2 z x)2 ϕ = - arctan (2 z x) (1-x2 ) représentations de la réponse harmonique dans le plan complexe (lieu de Nyquist): (1) système du premier ordre (2) systèmes du second ordre ℑ (a) z = 2 +j (b) z = 0,2 ω→∞ -1 ω→0 +1 ℜ ω➚ (1) (2.a) (3) -j (2.b) Modélisation temporelle des Systèmes Linéaires page 6 /10 Académie de Martinique Préparation Agrégation Sciences Physiques B. Pontalier 3 Exemples de solutions pour différents types de régime forcé On applique au système une sollicitation e (2d membre non nul) afin d’obtenir un régime forcé. On observe bien la superposition du régime libre (solution générale de l’équation à second membre nul) et du régime forcé (solution particulière de même nature que le second membre. 3.1 système du 1e r ordre réponse libre (condition initiale Xo = 0,5) 0,6 0,5 0,4 e 0,3 x 0,2 0,1 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 réponse à un signal carré d’amplitude 1V (condition initiale Xo = 0,5) 1,5 1 0,5 e 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 x -0,5 -1 -1,5 Modélisation temporelle des Systèmes Linéaires page 7 /10 Académie de Martinique Préparation Agrégation Sciences Physiques B. Pontalier réponse à un signal triangulaire d’amplitude 1,5V (condition initiale Xo = 0,5) 2 1,5 1 0,5 e 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 x -0,5 -1 -1,5 -2 réponse à un signal sinusoïdal d’amplitude 1V (condition initiale Xo = 0,5) 1,5 1 0,5 e 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 x -0,5 -1 -1,5 Modélisation temporelle des Systèmes Linéaires page 8 /10 Académie de Martinique Préparation Agrégation Sciences Physiques B. Pontalier 3.2 système du 2d ordre réponse libre (condition initiale Xo = 0,5) 0,6 0,4 0,2 e 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 x -0,2 -0,4 -0,6 réponse à un signal carré d’amplitude 1V (condition initiale Xo = 0,5) 2 1,5 1 0,5 e x 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 -0,5 -1 -1,5 Modélisation temporelle des Systèmes Linéaires page 9 /10 Académie de Martinique Préparation Agrégation Sciences Physiques B. Pontalier réponse à un signal triangulaire d’amplitude 1,5V (condition initiale Xo = 0,5) 2 1,5 1 e x 0,5 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 -0,5 réponse à un signal sinusoïdal d’amplitude 1V (condition initiale Xo = 0,5) 1,2 1 0,8 0,6 e 0,4 x 0,2 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 -0,2 -0,4 Modélisation temporelle des Systèmes Linéaires page 10 /10