Spécialité Terminales/Durkheim Année scolaire 2009-2010
INTEGRATION ET SOLIDARITE : Émile DURKHEIM (1858-1917)
Indications du programme
On retiendra de Durkheim l’idée d’une division sociale du travail qui unit les individus dans des domaines aussi divers que l’économie, la famille, la
politique. On présentera pour cela les deux grandes formes de solidarité, “mécanique” et “organique”, les canismes qui expliquent le passage
de l’une à l’autre et les moyens de les repérer.
On insistera, à ce propos, sur l’importance du droit. On précisera les différentes situations dans lesquelles la division du travail selon Durkheim
cesse d’engendrer de la solidarité. On soulignera l’importance des groupes intermédiaires qui permettent de limiter la division du travail
anomique en définissant des règles et en contenant ainsi les égoïsmes individuels.
L’actualité des analyses de Durkheim et ses prolongements contemporains seront étudiés en s’interrogeant sur la relation entre l’intégration et
le travail comme dimension majeure du lien social. On remarquera l’importance d’un contexte caractérisé par un chômage durable et une mise en
question du salariat. On pourra également s’interroger sur le maintien, voire le renforcement des formes de solidarité mécaniques dans les
sociétés contemporaines.
=> Biographie et contexte : cf feuille distribuée aux élèves
Introduction
Contextualisation, problématique :
L'auteur et son contexte : cf biographie
Sociologue français (1858 – 1917) considéré comme un des fondateurs de la sociologie moderne en France.
Ouvrages majeurs :
De la Division du travail social (1893) => sa thèse
Les Règles de la méthode sociologique (1895)
Le Suicide (1897)
La thèse de Durkheim naît dans un contexte particulier de bouleversements économiques, sociaux et politiques :
- La révolution industrielle s’accompagne de l’émergence de la classe ouvrière et de la bourgeoisie capitaliste, de
révoltes ouvrières et de luttes sociales (constitution du syndicalisme).
- L’urbanisation conduit au déclin des communautés traditionnelles et développement de l’individualisme.
- La démocratie progresse (on passe à la 3ème république avec difficultés).
Émile Durkheim cherche à mieux comprendre ces évolutions et s'inquiète des conséquences sur la cohésion sociale.
Problématique :
Dans sa thèse De la Division du travail social, il analyse la transformation des formes du lien social quand on passe des sociétés
traditionnelles aux sociétés industrialisées et s'interroge sur les possibilités de concilier l'autonomie de l'individu et la cohésion
sociale dans les sociétés contemporaines.
=> Comment se fait-il que, tout en devenant plus autonome, l'individu dépende plus étroitement de la société ?
Comment les hommes forment-ils ensemble une société ?Autrement dit, comment maintenir une solidarité entre les individus ?
C'est la question centrale de la pensée de Durkheim qui traversera son oeuvre sous différentes formes.
Le lien social se renouvelle et change de nature, ce qui ne se fait pas toujours sans difficulté.
Cependant, chez Durkheim, le lien social est avant tout un lien moral (cf biographie polycopiée)
Selon lui la morale désigne « les règles qui président aux relations des hommes vivant en société » et qui « énoncent les
conditions fondamentales de la solidarité sociale » (De la DTS)
Idée : la morale est à la fois une contrainte et une représentation de l'idéal vers lequel l'individu doit tendre pour se
dépasser et s'attacher à un groupe social (les normes définissent ce qui est prescrit et proscrit dans un groupe ; les valeurs ce
qui est bien et mal).
« Est moral ce qui est source de solidarité, tout ce qui force l'homme à régler ses mouvements sur autre chose que les
impulsions de son égoïsme ».
La DT a un caractère moral chez Durkheim car elle demande à certains individus de se plier à certaines exigences pour
prendre leur place dans la vie sociale moderne.
Ainsi, doté d'une signification morale, le fait économique devient un fait social (la morale est un fait social).
Le 1er chapitre des Règles de la méthode sociologique définit le fait social à partir de deux critères : l'extériorité et la
contrainte.
« Est fait social toute manière, fixée ou non, susceptible d'exercer sur l'individu une contrainte extérieure ».
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Le fait social est l'objet d'étude que Durkheim assigne à la sociologie
Approfondissement :
* l'extériorité renvoie à une dimension temporelle : ils préexistent à la naissance de chacun d'entre nous et perdurent
après notre mort, ils constituent un cadre extérieur que nous n'avons pas créé nous-mêmes (ex : parler la langue du pays)
Ils sont le produit de la vie du groupe => les représentations collectives débordent chacune des consciences individuelles => la
société existe en dehors des individus qui la composent => holisme méthodologique.
* La contrainte a plusieurs significations :
elle fait référence à la notion de sanction (le non respect des règles de conduites entraîne des sanctions de la
part de la société
le non respect de certaines règles de comportement peut entraîner l'échec des actions de celui qui les
entreprend (ex : l'individu qui ne parlera pas la langue de son pays ne sera pas compris)
elle évoque également la pression exercée par le groupe sur chaque individu
certaines normes sont intériorisées à travers le processus de socialisation
Ces deux caractéristiques sont liées. L’individu, pour exister socialement, doit se conformer à des règles qui existent en
dehors de lui et qu’il n’a pas choisies.
Cela implique une méthode d'analyse sociologique particulière :
- il faut traiter les faits sociaux comme des choses (cad de la même manière que les phénomènes naturels, éviter les
jugements spontanés, les prénotions)
- il faut expliquer un fait social par un autre fait social
Document 1 (bac 2008)
Quand je m'acquitte de ma tâche de frère, d'époux ou de citoyen, quand j'exécute les engagements que j'ai contractés, je
remplis des devoirs qui sont définis, en dehors de moi et de mes actes, dans le droit et dans les mœurs. Alors même qu'ils sont
d'accord avec mes sentiments propres et que j'en sens intérieurement la réalité, celle-ci ne laisse pas d'être objective ; car ce
n'est pas moi qui les ai faits, mais je les ai reçus par l'éducation. De même, les croyances et les pratiques de sa vie religieuse, le
fidèle les a trouvées toutes faites en naissant ; si elles existaient avant lui, c'est qu'elles existent en dehors de lui. Voilà donc
des manières d'agir, de penser et de sentir qui présentent cette remarquable propriété qu'elles existent en dehors des
consciences individuelles. Non seulement ces types de conduite ou de pensée sont extérieurs à l'individu, mais ils sont doués
d'une puissance impérative et coercitive en vertu de laquelle ils s'imposent à lui, qu'il le veuille ou non. [...]
Voilà donc un ordre de faits qui constituent une espèce nouvelle et c'est à eux que doit être donnée et réservée la qualification
de sociaux. Elle leur convient ; car il est clair que, n'ayant pas l'individu pour substrat, ils ne peuvent en avoir d'autre que la
société.
Emile DURKHEIM, Les règles de la méthode sociologique, Flammarion, coll. « Champs », [1895], 1988
1) Quelles sont les caractéristiques du fait social selon Durkheim ?
2) Donnez en les justifiant deux exemples de faits sociaux, différents de ceux du texte.
Exemples de faits sociaux :
le suicide
Dans le sens commun il apparaît comme un acte individuel mais Durkheim montre qu'il existe des circonstances qui sont
régulièrement à l'origine de ce phénomène (« régularités sociales »).
la manière de manger, les codes élémentaires de politesse, l’obligation scolaire, la mode vestimentaire, les goûts
musicaux ou littéraires propres à un groupe d’âge, les choix politiques ….
la division du travail
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PLAN DU CHAPITRE DOCS OBJECTIFS DE SAVOIRS
Introduction : Éléments biographiques et contextuels
I. L'ANALYSE
A. La DT créé du lien social et de la solidarité...
1/ La DT unit les individus dans des domaines divers
a) Rôle et fonction de la DT
b) La DT se manifeste dans divers domaines
2/ Le développement de la DT explique le passage d'une solidarité mécanique à
une solidarité organique
a) Une analyse des types de droit permet de repérer les formes de solidarité
b) Le lien social change de forme à mesure que la DT se développe
c) Le passage d'une forme de solidarité à une autre s'explique par des
mécanismes
B. ...Elle peut cependant avoir des formes pathologiques
1/ La DT peut être anomique
2/ Des groupes intermédiaires sont nécessaires afin de la limiter
II. ACTUALITÉ ET PROLONGEMENTS CONTEMPORAINS
Lien social = lien moral
Fait social
Prénotion
Division du travail social
Solidarité
mécanique/organique
Densité morale/matérielle
Anomie
Conscience collective
Cohésion sociale
Exclusion sociale
Intégration par le travail
I. L'ANALYSE
La DT a un caractère moral : en ce sens, elle est source de solidarité et créé donc du lien social.
Dans De la DTS, Durkheim s'intéresse aux transformations des formes de ce lien : le lien social change de forme à
mesure que la DT se développe.
Cependant, son analyse lui permet également d'identifier des formes pathologiques de la DT.
A. La division du travail créé du lien social et de la solidarité...
1/ La DT unit les individus dans des domaines divers
a) Rôle et fonction de la DT
Document 2 : Division du travail et solidarité
Mais si la division du travail produit la solidarité, ce n'est pas seulement parce qu'elle fait de chaque individu un échangiste,
comme disent les économistes; c'est qu'elle crée entre les hommes tout un système de droits et de devoirs qui les lient les uns
aux autres d'une manière durable. De même que les similitudes sociales donnent naissance à un droit et à une morale qui les
protègent, la division du travail donne naissance à des règles qui assurent le concours pacifique et régulier des fonctions
divisées. Si les économistes ont cru qu'elle engendrait une solidarité suffisante, de quelque manière qu'elle se fît, et si, par
suite, ils ont soutenu que les sociétés humaines pouvaient et devaient se résoudre en des associations purement économiques,
c'est qu'ils ont cru qu'elle n'affectait que des intérêts individuels et temporaires. Par conséquent, pour estimer les intérêts en
conflit et la manière dont ils doivent s'équilibrer, c'est-à-dire pour déterminer les conditions dans lesquelles l'échange doit se
faire, les individus seuls sont compétents; et comme ces intérêts sont dans un perpétuel devenir, il n'y a place pour aucune
réglementation permanente. Mais une telle conception est, de tous points, inadéquate aux faits. La division du travail ne met pas
en présence des individus mais des fonctions sociales. Or la société est intéressée au jeu de ces dernières : suivant qu'elles
concourent régulièrement ou non, elle sera saine ou malade. Son existence en dépend donc, et d'autant plus étroitement qu'elles
sont plus divisées. C'est pourquoi elle ne peut les laisser dans un état d'indétermination, et d'ailleurs elles se déterminent
d'elles-mêmes. Ainsi se forment ces règles dont le nombre s'accroît à mesure que le travail se divise et dont l'absence rend la
solidarité organique ou impossible ou imparfaite.
Émile Durkheim, De la division du travail social, PUF, 1991 (1893).
1) Quelle est la fonction principale de la division du travail.
Division du travail social = fait social qui repose sur la répartition et la différenciation des rôles et fonctions (politiques,
économiques, religieuses etc.) entre les membres de la société.
La DT a une fonction sociale : elle produit de la solidarité entre les membres d'une société.
Solidarité = sentiment d'appartenance à une communauté conduisant à faire cause commune avec ses membres.
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Durkheim rejette ainsi les analyses libérales qui fondent le lien social sur la recherche de l'intérêt individuel et sur le marché ;
contrairement aux économistes classiques, il considère que le marché ne peut durablement rassembler les hommes.
2) Expliquez et distinguez les effets économiques et les effets moraux de la division du travail.
On peut distinguer deux effets de la division du travail.
Les effets économiques : La productivité et la création de richesse ont déjà été mis en évidence par A. Smith. Durkheim
ne conteste pas cela, bien sur, mais il met en évidence un autre aspect de la division du travail qui pour lui est plus fondamental
encore.
Les effets moraux : La division du travail est à l'origine d'une solidarité d'un nouveau type. Cet effet "moral"
caractérise le type de société, détermine des liens sociaux particuliers et s'impose aux individus évoluant dans la société.
Durkheim s'intéresse avant tout aux effets moraux de la division du travail, qui détermine des liens sociaux particuliers.
Smith privilégie plutôt la dimension économique.
Donc la DT a un effet moral. Cela signifie qu'elle construit la solidarité organique:
Deux raisons:
- contrainte et règles à respecter ET
- complémentarité.
Durkheim la conçoit comme un fait social qui repose sur le partage de fonctions jusque là communes à tous les individus et qui va
générer du lien social.
En impliquant une diversification des activités et en spécialisant les individus, elle favorise l'échanges des compétences et les
relations d'interdépendance.
Les individus deviennent complémentaires => création du lien social.
La DTS contribue donc à créer de la solidarité, elle est facteur d'intégration sociale et de cohésion sociale.
b) La DTS se manifeste dans divers domaines
Selon Durkheim, la DTS unit les individus dans des domaines aussi divers que l'économie, la famille, le politique etc. :
le cas des relations amicales
au sein de la famille, le cas des rapports de couples : division sexuelle crée de la complémentarité => solidarité conjugale
au niveau politique : complémentarité des ministres
A retenir : La division du travail exerce un rôle déterminant dans le maintien de la cohésion sociale et de l'ordre social
par son caractère moral tout d’abord, car elle oblige en effet chacun à se conformer à des règles précises. Le respect
de ces règles et de ces contraintes permet de prendre place dans la vie sociale (en premier lieu dans la sphère professionnelle)
et ainsi d’assurer une certaine cohésion : la spécialisation dans une fonction passe ainsi par le respect de règles « administratives
» (le contrat de travail définit clairement, pour une activité donnée, les fonctions à assumer).
Le respect de ces règles est indispensable pour pouvoir occuper un statut professionnel donné; elle suppose aussi le respect de
règles professionnelles et techniques spécifiques (on ne s’improvise pas «professeur» sans l’obtention de compétences certifiées
par exemple...) ;
par la complémentarité qu’elle crée entre les individus, ensuite, puisque chacun est dépendant de l’autre une fois
spécialisé dans une activité donnée.
2/ Le développement de la DTS explique le passage d'une solidarité mécanique à une solidarité organique
a) Une analyse des types de droit permet de repérer les formes de solidarité
Le lien social ne peut être directement observé ; toutefois, une partie de la morale de la société est objectivée dans les normes
juridiques.
Document 3 :
Il faut surtout déterminer dans quelle mesure la solidarité que [la division du travail] produit contribue à l'intégration générale
de la société: car c'est seulement alors que nous saurons jusqu'à quel point elle est nécessaire, si elle est un facteur essentiel
de la cohésion sociale, ou bien, au contraire, si elle n'en est qu'une condition accessoire et secondaire. [...]
Mais la solidarité sociale est un phénomène tout moral qui, par lui-même, ne se prête pas à l'observation exacte ni surtout à la
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mesure. Pour procéder tant à cette classification qu'à cette comparaison, il faut donc substituer au fait interne qui nous
échappe un fait extérieur qui le symbolise et étudier le premier à travers le second. Ce symbole visible, c'est le droit.
Il convient donc de classer les règles juridiques d'après les différentes sanctions qui y sont attachées.
Il en est de deux sortes. Les unes consistent essentiellement dans une douleur, ou, tout au moins, dans une diminution infligée à
l'agent; elles ont pour objet de l'atteindre dans sa fortune, ou dans son honneur, ou dans sa vie, ou dans sa liberté, de le priver
de quelque chose dont il jouit. On dit qu'elles sont répressives ; c'est le cas du droit pénal. [ ... ] Quant à l'autre sorte, elle
n'implique pas nécessairement une souffrance de l'agent, mais consiste seulement dans la remise des choses en état, dans le
rétablissement des rapports troublés sous leur forme normale, soit que l'acte incriminé soit ramené de force au type dont il a
dévié, soit qu'il soit annulé, c'est-à-dire privé de toute valeur sociale. On doit donc répartir en deux grandes espèces les règles
juridiques, suivant qu'elles ont des sanctions répressives organisées, ou des sanctions seulement restitutives.
La première comprend tout le droit pénal; la seconde, le droit civil, le droit commercial, le droit des procédures, le droit
administratif et constitutionnel, abstraction faite des règles pénales qui peuvent s'y trouver.
Émile DURKHEIM, De la division du travail social. PUF, 1991 [1893]
Il est nécessaire de partir de la distinction des deux types de droit afin de montrer la méthode utilisée par Durkheim.
Commencer par développer le modèle théorique que sont les deux types de solidarité pourrait réduire, pour les élèves, la
sociologie à un discours général sur la société.
1) Sur quel critère observable se fonde la distinction entre deux types de droit ?
La distinction entre deux types de droit se fonde sur le critère observable de type sanction.
2) En quoi consistent ces types de droit ?
Dans le droit répressif, la sanction a pour fonction de faire expier le criminel qui a froissé la conscience collective.
Dans le droit restitutif, la sanction a pour fonction de rétablir la situation telle qu’elle aurait dû être.
Transition : Une analyse des types de droit permet donc d'étudier les formes de solidarité :
au droit répressif va correspondre une solidarité mécanique
au droit restitutif va correspondre une solidarité organique
b) Le lien social change de forme à mesure que la DT se développe
Cela correspond au passage d'une solidarité mécanique à une solidarité organique.
Document 4
[...] Nous reconnaîtrons deux sortes seulement de solidarités positives que distinguent les caractères suivants :
1. La première relie directement l'individu à la société sans aucun intermédiaire. Dans la seconde, il dépend de la société, parce
qu'il dépend des parties qui la composent.
2. La société n'est pas vue sous le même aspect dans les deux cas. Dans le premier, ce que l'on appelle de ce nom, c'est un
ensemble plus ou moins organisé de croyances et de sentiments communs a tous les membres du groupe : c'est le type collectif.
Au contraire, la société dont nous sommes solidaires dans le second cas est un système de fonctions différentes et spéciales
qu'unissent des rapports définis. Ces deux sociétés n'en font d'ailleurs qu'une. Ce sont deux faces d'une seule et même réalité,
mais qui ne demandent pas moins à être distinguées.
3. De cette seconde différence en découle une autre qui va nous servir à caractériser et à dénommer ces deux sortes de
solidarités.
La première ne peut être forte que dans la mesure les idées et les tendances communes à tous les membres de la société
dépassent en nombre et en intensité celles qui appartiennent personnellement à chacun d'eux. Il y a dans chacune de nos
consciences, avons-nous dit deux consciences : l'une, qui nous commune avec notre groupe tout entier qui, par conséquence, n'est
pas nous-même, mais la société vivant et agissant en nous; l'autre qui ne représente au contraire que nous dans ce que nous
avons de personnel et de distinct, dans ce qui fait de nous un individu. La solidarité qui dérive des ressemblances atteint son
maximum quand la conscience collective recouvre exactement notre conscience totale et coïncide de tous points avec elle : mais,
à ce moment notre individualité est nulle.
Les molécules sociales qui ne seraient cohérentes que de cette seule manière ne pourraient donc se mouvoir avec ensemble que
dans la mesure où elles n'ont pas de mouvements propres, comme font les molécules des corps inorganiques. C'est pourquoi nous
proposons d'appeler mécanique cette espèce de solidarité. Ce mot ne signifie pas qu'elle soit produite par des moyens
mécaniques et artificiellement. Nous ne la nommons ainsi que par analogie avec la cohésion qui unit entre eux les éléments des
corps bruts, par opposition à celle qui fait l'unité des corps vivants. Ce qui achève de justifier cette dénomination, c'est que le
lien qui unit ainsi l'individu à la société est tout à fait analogue à celui qui rattache la chose à la personne.
Il en est tout autrement de la solidarité que produit la division du travail. Tandis que la précédente implique que les individus se
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