19/04/17 Docteur Didier FREMAUX
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LE S A D D I C T I O N S C O M P O R T E M E N T A L E S
INTRODUCTION
Actuellement, elle occupe avec la dépression le devant de la scène du fonctionnement de notre société. C’est une notion de société à plus d’un
titre :
son incidence est en augmentation : le nombre de nouveaux cas qui apparaissent chaque année est important.
Société consumériste, prolifération des objets, sollicitations médiatiques et publicitaires constantes.
La révolution numérique : passage du « temps carbone » au « temps lumière », dilatation de l’espace et réduction du temps,
transformations majeures des comportements, notamment des jeunes générations.
Naissance d’un nouveau champ : l’addictologie (après le rapport Roc de 1998 : détail d’une hiérarchie concernant la dangerosité des produits en
fonction de leur danger pharmacologique et social)
Au hit parade : héroïne et alcool. C’était quelque chose de décoiffant !
On a étoffé l’arsenal thérapeutique, on a tenté de promouvoir une approche globale des addictions. Peu à peu, on a commencé à se rendre
compte qu’il y avait des notions de contraintes (caractère licite ou illicite)
- logique d’état qui interroge la pertinence, les dangers et les limites de cette notion d’addiction
- maladie ou mauvaise habitude ? quand une conduite devient addictive ? (effet cacahuète)
- y’a-t-il des addictions positives ?
Carrefour thématique fédérateur
Au centre duquel se retrouve la notion d’addiction.
- les différentes modalités d’approche : théoriques, cliniques, anthropologiques, etc
- l’essor des neurosciences, les courants de la psychiatrie moderne, les modèles psychopathologiques.
I. Généalogie
D’un point de vue historique, la notion addiction ne date pas d’hier.
A. Étymologie
- en vieux français : « donner son corps en gage pour une dette impayée » (J. Bergeret 1981)
- la notion de contrainte par corps apparaît. Elle appartient au Moyen-Âge au lexique juridique.
- il existe une homologie littérale avec le lexique anglais « to be addict » signifiant « s’adonner à »
- sur le plan sémantique les approches respectives sont différentes.
B. Émergence dans le lexique médical
Apparaît dans les années 1990
D’abord en 1970, S. Peele (USA) établit un parallèle entre dépendance aux drogues et dépendance à une personne dans le cadre d’une relation
amoureuse.
L’addiction n’est pas causée par le toxique mais par l’expérience qu’il fait vivre.
En France, les premières évocations viennent du champ psychanalytique : de Mijolla et Shentoub (1973) et surtout J.Mc Dougall (1978) qui
l’utilise pour la sexualité addictive puis l’étend à l’ensemble des conduites dépendantes :
- compulsion à ne pas confondre avec impulsion (compulsion : on réfléchit et on essaye de lutter contre l’envie avant de céder.
Impulsion : on agit et on réfléchit après)
- on passe de « dépendre de » à « être attaché à »
- il est à noter que cette catégorie (l’addiction) n’est pas dans les classifications officielles en cours (DSM et CIM)
C. Définitions officielles
Années 1950 : Le terme dépendance apparaît en psychiatrie française comme synonyme de toxicomanie : perte de la liberté de s’abstenir
1951 : P.fouquet: le phénomène de dépendance est évoqué comme pathognomonique de toute toxicomanie, dans sa définition de l'alcoolisme
1964 : l'OMS recommande officiellement, de substituer aux termes "toxicomanie" et "accoutumance" l'expression « dépendance à l'égard des
drogues »
1969 : consécration par l'OMS de la 'Pharmacodépendance à une substance psycho-active".
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Pour P.Fouquet c'est la perte de liberté de s'abstenir, c'est une définition descriptive.
Année 1990 : I.Marks dans une approche cognitivo-comportementaliste caractérise les troubles addictifs par ::
- une impulsion irrésistible à s’engager dans un comportement néfaste : le craving
- un retour de cette impulsion et une tension interne
La même année, A.Goodman propose une définition opératoire et une critériologie dans un format DSM ; c’est la naissance d’un nouveau
trouble psychiatrique : le trouble addictif qu’il considère comme le résultat de l’équation : Dépendance + compulsion.
1. La dépendance pour l’OMS
« Un état psychique et quelques fois également physique résultant de l’interaction entre un organisme vivant et une drogue, se caractérisant
par des modifications de comportement et par d’autres réactions qui comprennent toujours une pulsion à prendre le produit de façon continue
ou périodique afin de retrouver ses effets psychiques et quelquefois d’éviter le malaise de la privation.
Cet état peut s’accompagner ou non de tolérance, un même individu peut être dépendant de plusieurs produits. »
2. La définition des addictions selon Goodman
- impossibilité de résister aux impulsions à réaliser ce type de comportement
- sensation croissante de tension précédant immédiatement le début du comportement
- plaisir ou soulagement pendant sa durée
- sensation de perte de contrôle pendant le comportement
Le comportement : ce sont des indices comportementaux qui sont reproductibles, qui emmaillent l’expression de tel type de pathologie
(exemple : une hématurie c’est une hématurie un comportement est le même)
Une conduite c’est dépendant de notre libre arbitre : on décide, personne ne nous oblige, c’est un choix.
En toxicomanie, on considère les patients comme ni victime ni coupable mais comme responsable perte de contrôle volontaire.
Au total : à partir de deux approches différentes
- psychologie du moi : psychologie cognitive (Peel, Marks, Goodman)
- approche psychodynamique et psychanalytique (Dougall, Bergeret)
Le terme addictif va devenir générique et réunir toutes les situations de contraintes
- à des substances (alcool, drogues, tabac, psychotropes)
- à des aliments (boulimie, certains types d’anorexie)
- à des comportements (jeu pathologique, kleptomanie, achats compulsifs)
- tentatives de suicide, conduites à risque, sexualité, travail, sport, hautes technologies
Pour D. Lagache, c’est une définition OMNIBUS (on peut y mettre tout ce que l’on veut).
II. Clinique
D’un point de vue clinique, l’addiction apparaît comme une relation de contrainte par corps, librement consentie malgré une reconnaissance
sans faille de son caractère néfaste.
À partir de quand peut-on considérer qu’il y a prise de risque ?
La réponse est individuelle car il existe une inégalité entre les gens (un polymorphisme génétique et biologique, une nature des liens primaires
structurant…)
A. Notion centrale de perte de contrôle
Maintenant tout est devenu addictif. En fait, dés qu’on a l’impression qu’on ne pourra pas s’arrêter sans effort.
- l’envahissent : économie répétitives : TV, séries…
- question d’argent (+++) : événement saillant qui perturbe le déroulement de la vie ordinaire
- le coup de foudre (passionnel)
- les addictions qu’on peut se représenter comme positive : sport, travail, art, créativité, recherche scientifique, politique
B. La bascule
Il y aurait des phases d’usages non addictifs (phase de découverte : J.C. Malysiak) puis pour synthétiser deux phases dans l’addiction.
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- phase préclinique : la prise de conscience spontanée ou pas est possible, il existe des échanges interpersonnels, les mots circulent,
richesse des informations (non erronées +++) contexte socio-culturel bienveillant et favorable
- phase clinique : le désir est transformé en besoin
le sujet sait qu’il ne pourra pas s’en sortir seul : émergence de la culpabilité, isolement (+++), il n’y a pas conscience de la
possibilité d’une prévention du caractère problématique de la conduite : conséquence somato-psychique
Séquence classique :
- usage simple
- usage abusif
- usage abusif et nocif pour la santé
Stade ultime de la dépendance
C. Les facteurs de risques
Ils sont multiples non univoques (+++) :
- modèle de la vulnérabilité :
adolescence : naufragé de l’autorité
vulnérabilité addictive
dimension psychologique individuelle
sous-dimensions psychologiques communes
alexithymie, anhédonie, anaclitisme, recherche de sensation…
personnalité pré-morbide
l’acte court-circuite la pensée
- modèle de la résilience (résistance au choc d’un métal)
Inégalité des individus devant le malheur
- Prolifération de l’offre des marchandises
CONCLUSION
Le triple déterministe bio-psycho-social nécessite une approche intégrative. L’état pathologique constitué comme stade ultime doit être évité
par des actions de prévention, d’éducation à la santé.
« Pour chaque addiction, nous devrions disposer d‘éléments objectifs de dangerosité notamment à partir de chiffres de morbidité et de
mortalité. Mais nous devrions aussi avoir une idée de la perception subjective du risque, voire de la part de ce risque dans l’attrait particulier
pour un objet d’addiction . » (DM. M. VALLEUR, 2006)
- recherche de sensation
- l’acte idiot : binging drinking
- expérimentation hasardeuse
Addictions comportementales = addiction sans produits à effets narcotiques
- stupéfiants
- alcool
- psychotropes
- achats pathologiques
- jeux pathologiques
hasard
argent (Gambler)
réseau
jeux vidéos
- kleptomanie, pyromanie, trichotilomanie, TS à répétition, sexualité, etc
À titre anecdotique
Parmi les dépendances comportementales les plus établies, on peut compter :
- le jeu pathologique
- les dépendances affectives et amoureuses
- les dépendances sexuelles
- le jeu vidéo pathologique
- les achats compulsifs
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- la cyberdépendance
- la dépendance au sport
- la dépendance au travail
D’autres comportements compulsifs font moins l’unanimité :
- les troubles du comportement alimentaire (l’anorexie notamment, ainsi que la boulimie et les compulsions alimentaires)
- l’anorexie sexuelle
- la kleptomanie
- la téléphonie (surtout les natels = marque déposée en 1975 en Suisse c’est la première unité de téléphonie mobile sans fil)
- la pyromanie
- le trouble explosif intermittent = colère au volant
- la trichotillomanie
Logique compulsive
- la cyberaddiction : liens entre clinique des addictions, internet et jeux vidéo
Les cyberaddictions ; dépendance comportementale
Lies entre clinique addiction, internet et jeux vidéo
Médias : péril, menace
C’est une réalité clinique émergente, mais petit nombre concerné
Potentialité addictogène évidente
Emblème société actuelle
- addiction dépression (EHRENBERG)
- autrefois il fallait « savoir se tenir » sinon : hystérie (FREUD)
- aujourd’hui on ne se refrène plus, on se réalise « on se lâche »
- marketing publicitaire offensif
- il existe deux typologie comportementales :
dépression : inhibition, lassitude
addiction : consommation, sensation
l’éthique de la consommation supplante celle de la production
Internet soulève autant de crainte que d’enthousiasme
L’enthousiasme :
Le réseau numérique permet de dépasser le consumérisme
- l’internaute est un acteur/producteur (différent de la passivité de la télévision)
NB : études récentes sur la synaptogénèse
- nouvelle forme de socialisation
création d’une véritable économie relationnelle culturelle (STIEGLER)
Crainte :
Les NTIC produisent des usages problématiques (Cf nouvelles demandes de consultations en addictologie)
- instruments répétitifs et stériles
- isolement autarcique (No Life)
NB : le copié collé téléchargement
Dissertations, mémoires ou thèses trop savantes…
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