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Vol. 24 No. 4 2013
Formation continue
ciblée avec des questions fermées est indis-
pensable («est-ce que vos parents ont subi un
infarctus précoce?», «… et leurs frères et
sœurs?» etc), des données importantes pou-
vant sinon se perdre. Ainsi infarctus, attaque
cardiaque, pontage p.ex. devraient être des
mot-clé10). Lorsque l’anamnèse familiale
s’avère positive, une analyse ciblée du profil
des lipides plasmatiques est indiquée déjà
chez l’enfant.
Examens de laboratoire
Lors de l’évaluation initiale d’une dyslipidémie
on dose les paramètres plasmatiques suivants
chez le patient à jeun3):
• Profil lipidique (cholestérol total, HDL, LDL
et triglycérides)
• Lipoprotéine (a) (la valeur est déterminée
génétiquement et ne nécessite donc pas de
contrôles, sauf lors d’un essai de traitement
avec la niacine)11)
• Homocystéine
Pour apprécier les taux des lipides il faut des
valeurs de référence en fonction de l’âge,
puisque notamment le taux de cholestérol
augmente pendant l’enfance et après la pu-
berté, alors que les valeurs peuvent sponta-
nément diminuer avant et pendant la puber-
té3).
Dans des situations particulières il peut s’avé-
rer raisonnable de procéder à des examens
spéciaux, telle l’électrophorèse des lipides ou
le profil des stérols; dans ces situations il est
conseillé de contacter un centre du métabo-
lisme.
Afin d’exclure un trouble secondaire du méta-
bolisme lipidique on dose, une seule fois, les
paramètre suivants:
• TSH, fT4
• Créatinine
• Cortisol
• Status urinaire
Traitement –
considérations générales
En principe presque tous les enfants avec une
dyslipidémie ont besoin d’un régime et/ou
d’un traitement médicamenteux. Il est par
contre difficile de décider à partir de quelle
modification des valeurs de laboratoire un
régime seul ne suffit plus et la prescription de
médicaments devient nécessaire. Cela ne peut
se décider qu’en tenant compte de la situation
globale, de l’âge, de la clinique (est-ce qu’il y
a d’autres facteurs de risque?) et de l’anam-
nèse familiale et ne se base jamais simple-
ment sur des paramètres biochimiques. En
principe la simple augmentation de l’activité
physique, à moins qu’elle ne soit déjà adé-
quate, peut améliorer le profil lipidique3), 4),
12 ) –14 ) .
Régime
La modification des habitudes alimentaires
est la pierre angulaire du traitement de la
plupart des dyslipidémies de l’enfant. Pour
l’hypercholestérolémie familiale cela signifie
une diminution des graisses animales satu-
rées et l’évitement des aliments particulière-
ment riches en cholestérol (surtout le jaune
d’œuf, la viande avec graisse visible, le
beurre). L’apport en lipides consistera de
préférence en graisses mono-insaturées
(p.ex. huile de noix, de colza ou d’olive) tout
en limitant leur proportion à 30–35% de l’ap-
port total en calories. En présence d’une si-
tostérolémie par contre, on évitera les ali-
ments riches en graisses végétales, alors que
les graisses animales sont «autorisées». Pour
certaines maladies, p.ex. l’hypertriglycidémie
familiale, on obtient un effet thérapeutique
suffisant en réduisant la proportion des
graisses dans l’alimentation à < 25% et en
évitant une consommation excessive de
sucres. Le résultat du régime n’est par contre
souvent pas satisfaisant pour l’hypercholes-
térolémie familiale; même appliqué rigoureu-
sement, il ne permet qu’une réduction de 10 %
jusqu’à un maximum de 20% du taux plasma-
tique du cholestérol, ce qui est insuffisant
pour de nombreux patients3).
L’efficacité d’un régime pauvre en cholestérol
est en partie déterminée génétiquement. Ce
sont notamment les phénotypes de l’apolipo-
protéine E qui servent de prédicteurs d’une
bonne ou mauvaise réponse au régime15).
Médicaments
Plusieurs médicaments sont disponibles, aux
mécanismes d’action différents. Pour plu-
sieurs raisons le choix se réduit, dans la pra-
tique, à un nombre restreint de substances
actives. Le traitement médicamenteux se fait
en principe toujours en poursuivant le ré-
gime3).
Les résines échangeuses d’ions (p.ex. co-
lestyramine) sont de grandes molécules inso-
lubles dans l’eau, non résorbées dans l’intes-
tin et possédant une grande affinité pour les
acides biliaires, réduisant ainsi la résorption
des lipides. Pratiquement cela ne marche que
si le médicament est pris lors de chaque re-
pas contenant des graisses. Ce fait et la
sensation désagréable en l’ingérant ex-
pliquent la mauvaise compliance (compréhen-
sible), réduisant ultérieurement l’efficacité
déjà limitée des résines échangeuses d’ions.
Bien que des recommandations de consensus
prévoient encore l’utilisation des résines
échangeuses d’ions comme traitement médi-
camenteux de première intention, dans leur
pratique les auteurs de cet article ne les
considèrent comme option acceptable que
pour de rares patients.
Les inhibiteurs de la HMG-CoA réductase
(synonyme: statines) influencent la synthèse
endogène du cholestérol à un stade très pré-
coce et réduisent de ce fait la disponibilité
intracellulaire du cholestérol. En même temps
la sensibilité des récepteurs LDL est renfor-
cée, ce qui augmente l’absorption de choles-
térol-LDL par la cellule. Les statines repré-
sentent donc un moyen efficace pour réduire
le taux de cholestérol total et LDL, la diminu-
tion pouvant atteindre, selon le médicament,
jusqu’à 40%. Dans tous les cas la combinai-
son avec un régime est indiquée, car on peut
admettre un effet additif12 ) –14 ) . La seule statine
admise en Suisse dès l’âge de 8 ans est la
pravastatine (Selipran®).
L’ézétimibe est une substance active relative-
ment récente, inhibant la résorption du cho-
lestérol au niveau des microvillosités entéro-
cytaires du grêle par blocage d’un transporteur
de stérols (NPC1L1). La diminution du taux de
cholestérol se situe autour de 25%. Son utili-
sation peut donc se justifier lors d’une hyper-
cholestérolémie familiale. En raison de l’ab-
sence d’études à long terme et du peu
d’expérience avec son utilisation chez l’enfant,
l’ézétimibe ne peut actuellement être consi-
déré que comme médicament de réserve.
Le mode d’action des fibrates n’est actuelle-
ment pas pleinement éclairci; on suppose
qu’ils stimulent l’activité de la lipoprotéine li-
pase et favorisent donc le passage intracellu-
laire des triglycérides. Les fibrates ne jouent
pas un rôle important dans le traitement des
enfants.
LDL-aphérèse, plasmaphérèse
En dernier recours la LDL-aphérèse et la plas-
maphérèse peuvent être effectuées déjà chez
l’enfant lorsqu’on n’obtient, par les autres
mesures, une stabilisation métabolique suffi-
sante.Ces procédés doivent en tout cas rapi-