LES PARALYSIES OCULOMOTRICES
DOSSIER
124Pratiques en Ophtalmologie • Mai 2011 • vol. 5 • numéro 44
avec une hypertropie gauche
vers l’épaule gauche et une hy-
pertropie droite vers l’épaule
droite. Par rapport à une paraly-
sie unilatérale, l’excyclotorsion
est majeure dans le champ in-
férieur (supérieure à 10°), s’as-
sociant parfois à une ésotropie
dans le regard en bas et à un syn-
drome alphabétique en V. Elle
est secondaire à un traumatisme
dans la moitié des cas.
DIAGNOSTIC
DIFFÉRENTIEL D’UNE
HYPERTROPIE
Il est résumé dans le
tableau 2
.
PRISE EN CHARGE
LE TRAITEMENT MÉDICAL
La correction optique doit être
prescrite, en évitant les verres
progressifs chez le patient non
compensé. L’amblyopie devra
être dépistée chez les plus jeune,
et traitée ou prévenue. La pres-
cription de prisme peut parfois
compenser une petite hauteur,
mais ne résout pas le problème
torsionnel (4). L’occlusion mo-
noculaire chez l’enfant peut per-
mettre de diminuer le torticolis
en attendant une éventuelle
prise en charge chirurgicale.
2. LE TRAITEMENT CHIRURGICAL
Il est souvent la clé du traitement
des paralysies. Il faut savoir y
penser lorsque la diplopie de-
vient gênante (en particulier lors
de l’adaptation aux verres pro-
gressifs) ou le torticolis perma-
nent. Chez l’enfant, l’altération
de la vision binoculaire est un
signe de l’aggravation de la para-
lysie, justifiant sa prise en charge
chirurgicale.
Le protocole chirurgical dépend
de la clinique et des contrac-
tures musculaires associées. Il
est guidé par les tests de laxité li-
gamentaire pre-opératoires réa-
lisés sous anesthésie générale.
On pourra ainsi associer selon
les modalités un recul gradué
du muscle oblique inférieur, un
renforcement gradué du muscle
oblique supérieur (dans sa to-
talité ou dans sa portion anté-
rieure), parfois un recul du droit
supérieur. Un geste complé-
mentaire sur l’œil controlatéral
se discutera en deuxième inten-
tion.
Les résultats chirurgicaux s’avè-
rent satisfaisants, permettant
d’éliminer la diplopie en posi-
tion primaire et dans le regard en
bas chez la très grande majorité
des patients (5, 6)
CONCLUSION
La paralysie de la IVe paire crâ-
nienne est un diagnostic fré-
quent, mais qui peut être long-
temps ignoré en raison de la
normalité de l’examen clinique
initial. Il faut savoir l’évoquer
dans des circonstances parti-
culières (trouble visuel dans le
regard en bas, torticolis) et la
rechercher par des manœuvres
spécifiques de décompensation.
Une fois son diagnostic affirmé,
le médecin doit s’attacher à en
rechercher l’origine (congéni-
tale ou acquise) et adapter la
prise en charge. Devant une pa-
ralysie non résolutive, une solu-
tion chirurgicale donne souvent
d’excellents résultats. n
1. Lefevre F, Pechereau A. Study of optic nerve head-fovea angle with reti-
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2. Ozkan SB, Aribal ME, Sener EC,et al. Magnetic resonance imaging in
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Ophthalmol Strabismus 1997 ; 34 : 29-34.
3. Mollan SP, Edwards JH, Price A, et al. Aetiology and outcomes of adult
superior oblique palsies: a modern series. Eye (Lond) 2009 ; 23 : 640-4.
4. Tamhankar MA, Ying GS, Volpe NJ. Success of prisms in the management
of diplopia due to fourth nerve palsy. J Neuroophthalmol 2011 ; En cours
de publication.
5. Genevois O, Beaumont R, Retout A, Quintyn JC: Comparison of two sur-
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mol. 2005 , 28 : 355-362.
6. Helveston EM, Mora JS, Lipsky SN et al. Surgical treatment of superior
oblique palsy. Trans Am Ophthalmol Soc 1996 , 94 : 315 - 28.
BiBliographie
Mots-clés :
Paralysie de la IVe paire crânienne,
Torticolis, Nerf trochléaire, Extorsion