CURRICULUM Forum Med Suisse No4 23 janvier 2002 62
cipaux susmentionnés doivent être satisfaits.
Dans le diagnostic différentiel, on oubliera pas
que de semblables taches pigmentées peuvent
également se présenter dans le cadre d’autres
maladies telles que le syndrome de Laugier-
Hunziker [10].
Le diagnostic de SPJ peut être confirmé par un
test génétique [11, 12]. Chez la moitié environ
des individus atteints de SPJ, on détecte en effet
des mutations au niveau du gène STK11 (ap-
pelé aussi LKB1) [13].
On a quelques observations isolées de patients
présentant des polypes de Peutz-Jeghers soli-
taires sans symptôme cutané et sans parent at-
teint. M. Oncel et al. [14] ont eu l’occasion de
suivre à long terme (11,3 ans) 8 patients pré-
sentant une telle atteinte isolée. Aucun de ces
patients n’a développé de nouveaux polypes ni
de néoplasie. Les auteurs concluent à l’absence
de nécessité de stratégie de surveillance parti-
culière pour de tels sujets.
Polypose juvénile (OMIM 174900)
La polypose juvénile (PJ) est caractérisée par le
développement de multiples polypes gastro-in-
testinaux hamartomateux qui peuvent être res-
ponsables d’hémorragies rectales à la fin de
l’enfance et à l’adolescence [15].
1 à 2% de tous les enfants sont porteurs de po-
lypes juvéniles. Chez la moitié d’entre eux, on
en trouve plus d’un [16]. Ces polypes sont en
général bénins mais pas dans tous les cas, en
particulier lorsqu’ils présentent des foyers adé-
nomateux [17, 18]. Des enquêtes ont par
ailleurs révélé la survenue de carcinomes gas-
tro-intestinaux chez la moitié des patients at-
teints de polypose juvénile avec une anamnèse
familiale positive pour la même affection [19].
On n’a cependant pas encore pu déterminer s’il
en va de même chez les individus atteints de po-
lypose juvénile multiple mais sans anamnèse
familiale positive. On a tenté à plusieurs re-
prises de définir quels enfants atteints de poly-
pose juvénile nécessitent une surveillance ré-
gulière quant au possible développement de
carcinomes colo-rectaux. Jass et al. pensent
que les conditions nécessaires en sont:
1. plus de 5 polypes colo-rectaux et/ou
2. polypes juvéniles disséminés dans tout le
tractus gastro-intestinal et/ou
3. polypes juvéniles et anamnèse familiale po-
sitive.
Giardiello et al. [21] recommandent une sur-
veillance médicale adéquate pour les personnes
présentant ≥3 polypes juvéniles ou celles ayant
des parents atteints de PJ.
Une mutation du gène SMAD4 est présente chez
environ un quart des individus atteints de PJ [22].
Récemment, on a en plus découvert des muta-
tions du gène BMPR1A dans 4 familles atteintes
de PJ [23]. Des mutations du gène PTEN sont
aussi susceptibles d’être liées à la PJ. On pense
que chez ces patients, le syndrome de Cowden
(SC) ou sa variante le syndrome de Bannayan-
Riley-Ruvalcaba pourraient être présents [24].
Syndrome de Cowden (OMIM 158350)
Le syndrome de Cowden (SC) est caractérisé
par la présence d’hamartomes dans différents
organes, notamment dans le tractus gastro-in-
testinal [25, 26]. Les individus atteints ont un
risque majoré de néoplasies de la thyroïde, de
la glande mammaire, de l’endomètre et de la
peau. Le risque de développement de carci-
nome colorectal n’est pas encore bien connu.
Les patients atteints de cette variante, le syn-
drome de Bannayan-Riley-Ruvalcaba (SBRR)
(OMIM 474900), présentent une macrocépha-
lie, des polypes hamartomateux, une lipoma-
tose, ainsi que des taches pigmentées sur le
pénis. On n’a jamais documenté de transfor-
mation maligne chez ces patients. Les cas de
patients avec des polypes hamartomateux alliés
à d’autres signes avec souvent des chevauche-
ments subtiles nécessitent l’appréciation cli-
nique d’un spécialiste expérimenté pour poser
le diagnostic correct [24]. La Maladie de Lher-
mitte-Duclos associant mégalocéphalie, épilep-
sie et gangliocytomes dysplasiques appartient
aussi à ce groupe nosologique [27].
Chez une proportion variable de patients at-
teints de SC ou SBRR, on a trouvé des mutations
de la lignée germinative du gène PTEN sur le
chromosome No10 qui code une phosphatase
régulatrice [26, 28].
Polypose adénomateuse familiale
du colon (OMIM 175100)
La polypose adénomateuse familiale du colon
(PAF) est caractérisée par la présence de po-
lypes néoplasiques multiples dans le colon et le
rectum, mais aussi dans d’autres segments du
tractus gastro-intestinal. Ces polypes représen-
tent le stade préliminaire d’une transformation
maligne (adénome). Le diagnostic généalogi-
que-clinique est posé:
1. lorsqu’il existe une polypose floride (plus de
50 polypes);
2. en présence de polypes multiples avec une
anamnèse familiale correspondante positive
ou
3. en présence, chez la même personne, de po-
lypes multiples avec manifestations extra-
coliques typiques telles qu’ostéomes, tu-
meurs desmoïdes, lipomes, polypes dans
l’estomac ou l’intestin grêle, CHRPE («conge-
nital hypertrophy of retinal pigment epithe-
lium»).
Pour environ un tiers des patients PAF, il s’agit
du cas d’atteinte inaugurale dans la famille.
Pour leurs descendants, le risque d’hériter de
la prédisposition nouvellement acquise est de